Cet ouvrage a été publié en 2020 à l'occasion de la sortie de Caroline Baldwin T19 - Les Faucons d'André Taymans. Il s'agit d'un hors-série consacré au personnage de Miss Tattoo qui apparaît dans les 18 & 19 de ladite série. Il s'agit d'une enquête réalisée pas Anne Matheys, d'après les archives de Taymans pour le projet de film Half-Blood consacré à Caroline Baldwin, dont le tournage avait commencé en janvier 2013 à Bangkok. La première édition de cet ouvrage a bénéficié d'un tirage comprenant un ex-libris numéroté de 1 à 1000, et signé par André Taymans. Il s'agit d'un dessin représentant Miss Tattoo, allongée nue.
L'ouvrage s'ouvre avec un dessin en pleine page de Jessica Blandy nue, avec ses sandales, en train de lire. La page suivante comprend une photographie occupant les deux tiers inférieurs, avec l'actrice Carole Weyers, Cyrielle Zurbrügg et André Taymans, à Bangkok. Au-dessus, court un texte rédigé par Anne Matheys, l'autrice qui a rédigé les introductions pour les quatre tomes de l'intégrale de la série. Elle explique que pour ce faire, elle a demandé l'accès aux archives personnelles d'André Taymans, et qu'elle était passée à côté de quelque chose, ou plutôt de quelqu'un. C'est en lisant les tomes 18 & 19 de la série Caroline Baldwin qu'elle a réalisé l'importance de Miss Tattoo, et qu'elle a fait le lien avec des photographies du tournage de 2013 qu'elle avait vues sans y prêter d'attention. Sur la page de droite, se trouve un autre nu de Caroline qui a reposé son livre et semble s'être endormie, toujours dans la même tenue d'Ève. Page suivante : trois nouvelles photographies en teinte sépia, avec le même trio de Carole, Cyrielle et André. Le texte de Matheys continue. Elle indique que le script du film coécrit par Taymans et Thierry Bourcy ne faisait aucune mention de Miss Tattoo. Or il en va tout autrement dans les tomes 18 & 19. Le dessin en pleine page sur la droite est consacré à Miss Tattoo / Madame Jow, et montre son dos nu, avec une représentation détaillée de son magnifique tatouage : les branches d'un arbre, avec deux oiseaux.
Dans la page suivante, le lecteur découvre une photographie sépia avec Carole de plein pied au premier plan, et Cyrielle, également de plein pied au second plan. Anne explique qu'elle s'est alors replongée dans les archives et a compulsé le millier de photographies issues du tournage, ainsi que les nombreuses heures de rush correspondante. Elle précise que son enquête n'est pas rigoureuse : elle rend plutôt compte de ce qui se dégage de ces archives, sans la version de Taymans qui a préféré lui laisser raconter une sorte de fiction. Sur la page de droite, Miss Tattoo est allongée nue sur un drap de couleur foncée.
Le tome 19 laisse planer un avenir incertain sur l'avenir potentiel de la série Caroline Baldwin, tout en annonçant quand même un probable tome à venir. S'il a lu les 18 & 19, le lecteur a pu faire le constat par lui-même du rôle très important du personnage de Miss Tattoo dans ce diptyque. En fonction de son degré d'implication dans la série, il peut s'en tenir à cette histoire en 2 parties sans rien rater en ne lisant pas le présent hors-série, ou bien se dire qu'il lui faut absolument en savoir plus sur cet intrigant personnage. Le tome 19 montrait de manière explicite que Miss Tattoo est effectivement inspirée d'un être humain réel : Cyrielle Zurbrügg dont le nom figure sur la couverture du présent ouvrage, à côté de celui du créateur de Caroline Baldwin. Le lecteur croit l'autrice sur parole quand elle dit que Cyrielle a dû faire une forte impression sur l'auteur, car les pages de la série montrent un personnage très important, volant même la vedette à Caroline dans le 19, voire devenant son héritière spirituelle, la remplaçant dans le cœur de celui qui pourrait se voir comme l'avatar de l'auteur, et occupant une place prépondérante dans la deuxième moitié dudit tome. Le texte en dit plus sur les circonstances de la rencontre entre Taymans et Zurbrügg lors de la recherche d'un bar à filles où tourner une séquence du film, ainsi que sur son intégration potentielle au scénario, sans toutefois s'aventurer sur le terrain de la vie privée de l'auteur. Le lecteur curieux en apprend un peu plus sur cette suissesse ayant fait une impression aussi forte sur l'auteur.
Le présent ouvrage de 34 pages comprend donc également des photographies. Certaines s'apparentent à des instants de travail, montrant donc le trio de Cyrielle Carole et André en repérage dans les rues de Bangkok, ou en train de manger, et une ou deux sur un set de tournage. Elles sont majoritairement en noir & blanc, ou en simili sépia. Leur taille va de deux tiers de la page, à un simple petit insert dans une page. Elles viennent compléter celles que le lecteur avait déjà pu regarder dans l'introduction du dernier recueil de l'intégrale Caroline Baldwin Intégrale T4: Volumes 13 à 16, et vraisemblablement faire regretter que ce projet de film ne soit jamais arrivé au bout. Il y a également une dizaine de photographies issues d'un plateau de tournage proprement dit : la scène où Caroline Baldwin fait la connaissance de Madame Jow dans son bar à filles. Le lecteur peut apprécier la ressemblance d'ambiance avec la scène équivalente dans la bande dessinée, tout en notant quelques différences. Carole Weyers porte la petite robe noire caractéristique du personnage, et les sandales à talon, et Cyrielle Zurbrügg porte la même robe que dans la bande dessinée avec le chapeau à large bord. Il y a aussi une photographie d'elle assise sur les marches d'un temple bouddhique, comme dans la BD, et une montrant le tatouage sur son dos nu.
Cet ouvrage contient également de nombreux dessins de Caroline et madame Jow. En plus de l'ex-libris, il y a 3 dessins en pleine page consacrés à Caroline, et 12 en pleine page consacrés à Miss Tattoo. Le lecteur retrouve donc Caroline dans une de ses positions habituelles : allongée nue sur un lit, avec ses sandales, en train de lire. Il peut retrouver un dessin similaire en plus petit dans la page en face de la deuxième de couverture des intégrales. Ceux consacrés à Jow mettent en valeur ses tatouages, ou les rondeurs de son corps nu. Anne Matheys fait observer que cette focalisation sur les tatouages est une nouveauté dans l'œuvre de l'auteur, sous-entendant qu'il a été convaincu par ceux de Cyrielle. Le lecteur peut donc se faire une idée assez précise des tatouages que s'était fait faire cette femme et qui ornait son corps en 2013. Il constate qu'il s’agit de dessins très détaillés, et que les thèmes sont originaux, que ce soit le biplan ou celui de l'arbre. L'auteur donne un sens à ce dernier dans le tome 19 de la série quand madame Jow explique que chaque feuille de cet arbre de vie représente une personne qu'elle a aimée. Chaque feuille a une histoire. Elle demande alors à caroline : où est ton arbre ? Où sont tes feuilles ? Indéniablement la nudité du personnage représenté leur apporte une dimension érotique, de nature sensuelle, plutôt que de nature sexuelle. Il n'y a pas d'acte sexuel sous-entendu, simplement un moment de détente pour une personne à l'aise dans la nudité, avec peut-être une touche de séduction dans certains dessins. André Taymans les réalise dans un registre proche de la ligne claire, avec une mise en couleurs sobre, sans effets 3D qui auraient été mal venus. Il n'y a pas de hiatus entre ces représentations pouvant évoquer une approche graphique tout public, et la nature de ce qui est représenté parce que la dimension sexuelle n'est pas présente.
Le lecteur découvre également de nombreux croquis et esquisses consacré à madame Jow et réalisé sur ce que Taymans avait sous la main : feuille de dessin (dans ce cas-là, ce sont souvent des cases des albums 18 & 19 à l'état de crayonné), feuille d'addition de restaurant, feuille de carnet d'hôtel, menu de restaurant. Le lecteur est alors libre d'imaginer s'il s'agit d'un dessin fait en observant le modèle sur un lit, ou si l'artiste s'exerce à la représenter dans les positions nécessaires pour la bande dessinée, d'après ses souvenirs, ou en l'observant en face de lui en attendant leur plat, ou un moyen de transport. À nouveau le texte ne vient pas révéler s'il y a eu idylle ou pas, ou plus si affinité. Cela intéressera donc surtout un lecteur fortement impliqué dans la série, pour découvrir comment l'auteur construit une case, comment il effectue des recherches pour les postures de ses personnages en fonction de la nature de la séquence, comment il s'exerce à capturer la personnalité d'une femme qu'il côtoie.
Avec ce hors-série, le lecteur obtient la confirmation qu'André Taymans a été sous le charme de Cyrielle Zurbrügg, ce qui l'a conduit à en faire un personnage dans sa série consacrée à Caroline Baldwin, et peut-être qui sait à lui consacrer d'autres albums dans un avenir indéterminé. Anne Matheys a choisi de ne pas trop en dire, de ne pas empiéter sur la vie privée de l'auteur, tout en en révélant un peu sur cette suissesse à la vie qui sort de l'ordinaire. Le lecteur en vient à se demander d'ailleurs ce qu'elle a pu devenir depuis. Miss Tattoo s'adresse à des lecteurs fortement impliqués dans la série, voulant en savoir plus, tout en sachant bien qu'il ne s'agit pas d'une bande dessinée, mais d'un ouvrage hommage réalisé par un créateur à sa muse.