Ce tome fait suite à The Walking Dead Volume 31 (épisodes 181 à 186) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 187 à 192, initialement parus en 2019, écrits par Robert Kirkman, dessinés par Charlie Adlard, et encrés Stefano Gaudiano, avec des nuances de gris appliquées par Cliff Rahtburn. Il s'agit de l'avant- dernier tome de la série, l'épilogue (épisode 193) étant publié dans le tome 33.
La gouverneure Pamela Milton est en train de s'adresser à l'ensemble de la communauté du Commonwealth pour évoquer la tentative d'assassinat dont elle a été la cible et indiquer qu'elle a été sauvée par l'intervention de Rick Grimes. Elle lui donne la parole pour qu'il puisse s'adresser directement à la foule. Il évoque les tensions existant au sein de la communauté et promet d'œuvrer à des solutions pacifiques. À Alexandria, Magna indique à Siddiq qu'elle souhaite qu'il rejoigne Hilltop. Au Commonwealth, Mercer rentre chez lui et constate que Juanita Sanchez s'apprête à partir. Devant son incompréhension, elle lui raconte comme était sa vie avant les zombies et pourquoi elle ne se sent pas à l'aise dans cette ville. À Hilltop, depuis l'étage de sa maison, Carl Grimes regarde Sophia discuter en marchant avec Josh. Carl a le sourire aux lèvres, et il doit s'en expliquer avec Lydia. La conversation se termine mal, Lydia partant fâchée. Peu de temps après en banlieue du Commonwealth, Mercer est en train de débiter du zombie pour se passer les nerfs. Laura abat un des zombies avec un fusil et évoque avec Mercer comment mettre cette frustration à profit.
Au Commonwealth, Michonne rejoint Rick Grimes en terrasse pour évoquer les circonstances dans lesquelles il a tué un homme pour sauver Pamela Milton. Siddiq arrive devant les fortifications de Hilltop et se fait ouvrir par les hommes de faction, guère à leur tâche. Dans son bureau, Maggie explique à Siddiq, Jesus, Aaron et Dante qu'elle est inquiète que Rick Grimes ne soit pas encore revenu et qu'elle n'a aucune confiance en Pamela Milton. Elle leur demande de se rendre au Commonwealth pour récupérer Rick Grimes. Carl Grimes exige de les accompagner, car il s'agit de son père. Au Commonwealth dans les vestiaires de la police, Mercer commence à évoquer devant ses hommes la possibilité d'une action armée pour déposer Pamela Milton. Lance fait irruption avec des gardes armés et fait arrêter Mercer.
En octobre 2003, sort le premier numéro de la série mensuelle The Walking Dead. 16 ans plus tard, en juillet 2019 sort le dernier épisode, le numéro 193. Aucune surprise pour ce dernier tome : c'est du Kirkman / Adlard / Gaudiano / Rathburn. Ce dernier est passé maître dans l'art de donner l'impression d'avoir mis en couleurs les planches, uniquement avec des nuances de gris soulignant les reliefs, accentuant la distinction entre les différents éléments de chaque case, développant l'ambiance lumineuse. Stefano Gaudiano est toujours aussi habile à combiner le respect des traits de l'artiste, tout en apportant un degré de précision et de description plus important. S'il ne fait pas l'effort d'y penser, le lecteur peut oublier que ce n'est pas Charlie Adlard qui réalise ses planches tout seul. Enfin ce dernier a conservé toute l'efficacité qui le caractérise : lisibilité immédiate, dessins choc fonctionnant parfaitement, et mise en scène un peu facile des dialogues. Enfin Kirkman est égal à lui-même avec une narration efficace, des moments choc, et une dramatisation appuyée. Bien évidemment ce dernier tome est l'occasion de faire apparaître la majeure partie des principaux seconds rôles encore vivants. Le scénariste n'a pas oublié les zombies, avec l'irruption d'une harde qu'il convient de combattre et de neutraliser. Le lecteur trouve ce qu'il est en droit d'attendre pour une fin de récit au long cours.
À l'issue de ce tome, le lecteur ressent que le récit est bel et bien arrivé à son terme, qu'il n'appelle pas de suite. Il a dévoré ces nouvelles péripéties, Kirkman n'ayant pas perdu la main pour les rebondissements et l'horreur, Adlard étant toujours aussi efficace pour donner à voir la soudaineté, la violence, les tensions entre les personnages, les émotions, la souffrance affective. Le scénariste est toujours aussi exigeant avec le dessinateur, en particulier pour les dialogues longs et copieux. Ce tome est assez bavard dans certaines séquences, Kirkman abordant une dernière fois les thèmes principaux de la série. C'est ainsi qu'il est question du droit à la différence et de l'importance du comportement des parents vis-à-vis de leurs enfants au travers du récit de Juanita Sanchez. La relation parent-enfant est également illustrée par le comportement de Pamela Milton envers son fils Sebastian, des souvenirs de Sophia pour Maggie. Bien évidemment, la situation au Commonwealth continue d'évoluer : le ressentiment d'une frange de la population vis-à-vis du gouvernement de Pamela Milton est exacerbé par le discours de Rick Grimes et l'exemple qu'il donne. Le scénariste revient sur des prises de position qu'il a déjà affichées, à commencer par la volonté de trouver des solutions non-violentes, et équitables. Mais il ne fait pas du surplace. Rick Grimes peut enfin clamer que les personnes ne sont plus des morts en marche, faisant écho à une déclaration à l'opposé en début de série.
Comme à son habitude, Rick Grimes dégage un charisme impressionnant et prend des postions bien tranchées. D'un côté, le lecteur peut être un peu frustré par Rick expliquant à Carl que ce n'est pas dur de savoir comment bien agir : il suffit de suivre ses convictions. C'est un peu court comme compas moral pour prendre les bonnes décisions. De l'autre côté, il voit que Rick Grimes est prêt à beaucoup de sacrifice pour assurer la pérennité du Commonwealth : Robert Kirkman met en lumière l'importance de préserver ce qui est a été construit. Non seulement il est plus facile de détruire que de construire, mais en plus il faut savoir voir et apprécier ce que l'on tient pour des acquis. La société n'est pas parfaite, mais ce degré de civilisation a été chèrement acquis et reste fragile. Le lecteur prend un grand plaisir aux moments geek du récit : la reconquête des territoires grâce au train, le moment de bravoure d'Eugene Porter et Stephanie, le retour en masse des zombies, Magna soufflant dans l'olifant, l'évasion de la prison… Dans le même temps, il retrouve la sensibilité politique de l'auteur, toujours aussi intelligent dans ses propos. Chaque confrontation idéologique se fait sous la forme d'une situation de conflit physique pleine de suspense, sans abêtir le propos ou en diminuer la pertinence. À 2 reprises, des forces armées sont en opposition dans les rues du Commonwealth, prête à faire feu. Le lecteur ressent à la fois la peur de voir la situation dégénérer dans un conflit armé entre les troupes de Mercer et les civils, un amusement quand un civil traite Mercer de fasciste, un plaisir ineffable quand Rick Grimes prend la parole pour décrire la situation à Mercer, la faisant apparaître sous un jour totalement différent.
Ainsi à l'issue des 6 épisodes (187 à 192), le lecteur se trouve repu et rassasié ; il ne lui reste plus qu'à lire la coda dans le tome suivant.
En refermant cet avant dernier tome, le lecteur se rend compte qu'il a versé une larme, peut-être pour une mort terrible, peut-être pour une relation interpersonnelle, peut-être pour la prise de conscience de la fragilité de la société et de la civilisation. Il quitte à regret Rick Grimes et tous les autres, tout en respectant le choix de Robert Kirkman. Il salue des auteurs qui se montrés d'une régularité remarquable et d'une intégrité exemplaire, et d'une grande ambition, racontant un récit de genre en utilisant ses conventions au premier degré sans condescendance, tout en développant des thèmes compliqués avec conviction et intelligence.