J’ai l’impression de radoter dans mes critiques. Déjà, pour l’épisode précédent, je reparlais de l’Iliade et de l’Odyssée, comme pour la saison 4 de la série télévisée (1) – vous me direz que c’est facile de radoter à propos de l’Iliade et de l’Odyssée. Et voilà que Ceux qui restent me refait dire à quel point Charlie Adlard est toujours infoutu de réussir à dessiner des enfants, comme pour le tome 7. Bon, en vrai, il y a quelques progrès, d’autant que ce volume presque entièrement consacré à Carl est un rude défi. Mais le malheureux ressemble tantôt à un enfant de six ans avec un pistolet miniature (p. 84), tantôt à une marionnette sous un sombrero (p. 73), tantôt à une grosse poupée (p. 48), tantôt à un adolescent (p. 77), tantôt à un nain de l’Arizona (p. 60).
Le principe de charité aurait pu me faire dire que les différents aspects de Carl traduisent son évolution – mais je ne réussis même pas à m’en convaincre moi-même. Ladite évolution est plutôt réussie par ailleurs, quoiqu’un peu vive : les premières fameuses étapes-du-deuil-bla-bla-bla-bla-bla-bla, le comportement de Carl qui voudrait être adulte sans en avoir l’indépendance, ou enfant sans en avoir la naïveté, la mère de substitution que celui-ci trouve en Michonne – et celle-ci est tellement plus cool que la reine des abeilles pète-sec qu’était Lori !
En étant pointilleux, on dirait tout de même que tout cet aspect passait mieux dans les épisodes correspondants de la série (à partir de la mi-saison 4), peut-être parce que la crise d’ado y était préparée dès la prison, et que l’âge de l’acteur la rendait plus crédible.
D’une façon générale, Ceux qui restent est tout entier construit autour du thème des limites – entre enfance et âge adulte, donc, mais aussi entre survie et tentation du renoncement (cf. la digression des pages 61 à 64), entre vie et mort – il y a un moment où Rick se trouve plus près de l’état de zombie que jamais –, et entre folie et raison. Le lecteur y apprend enfin (p. 109-111) à qui parlait Michonne (épisodes 4 à 6) – à moins qu’elle mente… De même, toute une séquence est bâtie autour des vraies-fausses hallucinations auditives de Rick – mais dans quelle mesure celui-ci est conscient du caractère hallucinatoire de ses conversations téléphoniques ?
Ainsi Walking Dead n’est fantastique que pour quelques pages, avant que n’en soit définitivement évacué tout ce qu’il pouvait s’y trouver de surnaturel – hormis l’existence des zombies, bien sûr.
En définitive, la rencontre finale d’un trio de survivants, censée être un nouveau moteur scénaristique qui fait poursuivre leur errance aux personnages, semble accessoire.
(1) Pour ceux que ça intéresse, c’est par là : http://www.senscritique.com/serie/The_Walking_Dead/critique/84915350.
Critique du volume 8 ici, du 10 là.