Un Cannon peut en cacher d'autres...

Cannon est un comic strip qui m'avait fait de l'oeil il y a quelques années lorsque j'étais en pleine découverte de la bande dessinée de presse. Savoir que Wally Wood en était l'auteur m'intéressait et m'intriguait beaucoup. Malheureusement, il n'était pas possible d'acquérir une édition à un prix correct vu que celle-ci était épuisée. Mais aujourd'hui, grâce à Fantagraphics, nous pouvons enfin (re)découvrir ce comic strip.

Cannon est donc un comic strip créé par Wally Wood au début des années 70. Il était publié toutes les semaines dans le Overseas Weekly, un journal destiné aux soldats de l'Armée Américaine. L'aventure dura deux ans et demi (la publication commençant en 1970 et se termina au début de l'année 1973). Ce comic strip nous propose de suivre John Cannon, un agent secret travaillant pour la CIA. Il est envoyé aux quatre coins de la planète pour contrer les agissements des agents secrets communistes. On pourrait presque dire que c'est la version américaine de James Bond.

J'avais très envie de lire ce comic strip. Cependant, je partais avec un a priori plutôt "négatif". En effet, vu que la publication était destinée à un public militaire, je dois dire que je m'attendais à quelque chose de pas très intéressant mais joli. Et j'étais prêt à accepter cela (vu que j'ai acheté le livre). Eh bien j'avais tout faux. La lecture de cette intégrale Cannon m'a ravi au plus haut point. J'ai beaucoup aimé les aventures de John Cannon, cet agent secret à qui on a lavé deux fois le cerveau pour le reconditionner (une fois par l'ennemie et une fois par son propre camp). J'ai particulièrement aimé l'évolution du personnage qui est dépeint comme une machine au début et qui devient au fur et à mesure du temps plus humain. Les histoires en elles-mêmes tiennent très bien la route. Les diverses intriguent sont intéressantes à suivre. Le déroulement est linéaire et sans véritable surprises (d'un point de vue scénaristique), mais ça fonctionne très bien. Le rôle de divertissement de ce comic strip est rempli. La galerie de personnages gravitant autour de Cannon est là aussi très bonne. Que ce soit ses amis ou ses ennemis, ils ont tous un petit quelque chose qui fait qu'on a envie de les suivre. Je pense particulièrement à Madame Toy, un agent secret communiste qui croisera à de nombreuses reprises notre héros. Je savais que c'était impossible vu le contexte (guerre froide...) mais j'aurais adoré par exemple voir un John Cannon et une Madame Toy s'allier et vivre leur vie (voilà, mon petit coeur de midinette a parlé). Visuellement, c'est magnifique. Du grand Wally Wood! C'est un véritable régal que de regarder ces bandes. Vu qu'il n'avait aucune contrainte éditorial (puisque le strip était publié dans un journal militaire. Ca aurait été impossible de publier Cannon tel quel dans un journal commercial), on sent bien que Wally Wood a pu se faire énormément plaisir. Tout le côté érotique (ça reste soft tout de même) est très agréable. Visuellement, les personnages féminins sont tous d'une beauté folle, très sexy et attirantes. C'est d'ailleurs très drôle de voir les situations dans lesquelles ces femmes se retrouvent toujours d'une manière ou d'une autre à moitié nue. Même quand le contexte ne s'y prête pas, vous pouvez être sûr que toutes les femmes seront à un moment ou un autre dénudées. J'ai adoré retrouvé un gimmick déjà présent dans le comic strip Sally Forth (toujours de Wally Wood); gimmick qui montrait après un moment tendu une jeune femme demander des vêtements (avant de se "sauver"). Et comme toujours le héros répond quelque chose du genre "On a pas le temps pour ça. On y va!". C'est con mais ces situations me font toujours autant rire.

Côté éditorial, Fantagraphics a fait du bon travail. Pas parfait. Mais très bon tout de même. Vous trouverez tout d'abord une courte introduction signée Howard Chaykin. En fin de volume, il y a toute une section très intéressante racontant comment ces strips ont été retrouvés. Mais vous aurez aussi l'occasion de lire deux numéros de Heroes Inc, un comic book publié dans l'Overseas Weekly dont les auteurs n'étaient autre que Wally Wood (au scénar et au dessin) et Steve Ditko (au dessin). Deux bandes dessinées qui m'ont intéressées. Le seul point noir finalement de ce volume est l'absence d'une véritable page de présentation du comic strip et de son auteur. Autrement, la qualité du livre est très bonne. Format hardcover à l'italienne et strips parfaitement reproduits.

Cette intégrale Cannon a donc été une excellente lecture. Ce comic strip est du bon comic strip d'action sur fond d'espionnage. Je regrette même que l'aventure soit aussi courte finalement. Mais dans le même temps, je suis content car nous avons là un strip de qualité qui n'a jamais perdu en intérêt. Je ne peux donc que vous recommander d'y jeter un oeil. Vous trouverez en fin de critique un lien vous permettant de lire quelques strips, lesquels devraient vous donner envie d'en lire plus. Maintenant que l'aventure Cannon est terminée, je me mets à espérer qu'un jour, un éditeur nous propose une intégrale Sally Forth.
Madaraoh
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Le Strip c'est chic!

Créée

le 7 avr. 2014

Critique lue 500 fois

3 j'aime

Madaraoh

Écrit par

Critique lue 500 fois

3

D'autres avis sur Complete Cannon

Complete Cannon
Gourmatron
8

Cannon, l'art de Wallace Wood

Cannon c'est Jason Bourne avant l'heure, c'est l'origine d'Ethan Hunt, c'est Archer, c'est James Bond, Flash Gordon et c'est même l'archétype original de Bloodshut. Cannon, c'est le super agent...

le 19 mars 2020

Du même critique

Dune
Madaraoh
2

Rendez-vous manqué...

Ca faisait très longtemps que je voulais découvrir cette saga dont la renommée n'est plus à faire. C'est avec une joie non dissimulée que j'ai attaquée ce premier roman. J'avais peut être des...

le 6 août 2010

13 j'aime

5

Breaking Bad
Madaraoh
9

Cooking Papa !

C'est l'histoire d'un mec qui a une vie ultra classique : professeur dans un lycée, père d'un jeune ado, mariée à une femme qu'il aime plus que tout. Bref, une petite vie pépère. Jusqu'au jour où il...

le 11 janv. 2011

12 j'aime