Un excellent second tome, dans lequel l’influence Walking Dead est encore fortement présente mais qui apporte son petit lot d’éléments originaux, et qui développe cette fois plusieurs petites intrigues en parallèle pour donner
une perspective d’ensemble
sur le territoire immense qui sépare plusieurs groupes.
Le petit Josh, qui a pris une balle dans le poumon, se rétablit lentement à l’infirmerie, Sam part en ville explorer les hôpitaux à la recherche de médicaments et tombe sur un camp abandonné de l’armée où traine, parmi de nombreux dossiers, une photographie de sa fille, tandis que Serge Lapointe et ses hommes entreprennent de nettoyer l’île. De l’autre côté du pays, deux adolescents tombent sur un groupe de survivants pleins d’espoir, le jeune et inventif Clay Harris, grâce à la diffusion d’ultrasons fait fuir les morts-vivants vers le nord-ouest. Mais à Portland, les survivants de l’armée doivent maintenant fuir devant
l’avancée impressionnante de millions de zombies.
Le scénario d’Olivier Peru développe plus encore les personnages, densifie les points de vue autant que l’action, et donne ainsi une ampleur plus large à la série tout en commençant de s’émanciper de ses influences pour embrasser un plus vaste paysage. Les dernières pages amènent les personnages à reconsidérer leurs options, et laissent Sam mal en point, accrochant pour de bon le lecteur sur deux ou trois cliffhangers à l’insoutenable suspense.
C’est pas une meute… C’est une nation en mouvement…
Le dessin de Sophian Cholet s’affine et s’enrichit. Les personnages se précisent, la gestion de l’espace est assez impressionnante, à l’image de l’hallucinante double-page de l’album en plongée sur le déferlement d’une horde dense, infranchissable, menaçante. Horrible. La charte des couleurs garde l’ambiance ocre et apocalyptique, paysages verdoyants dans lesquels avancent les sombres chairs putréfiées, survivants colorés dans un monde de pastels ternes, un monde éteint, donne
une réelle identité visuelle à Zombies.
De la Brièveté de la Vie confirme l’ambition de ses auteurs. Les influences sont bien là mais le scénariste et le dessinateur commencent d’explorer leur propre univers, et le côté humaniste de Walking Dead, le questionnement, les mécanismes de la survie, les parts d’humanité qu’on choisit de sauvegarder contre celles qu’on abandonne, tout cela tire la série vers le haut. Le lecteur mordu n’a d’autre choix que de se laisser surprendre avec plaisir, se laisser emporter à la réflexion avec délectation, et se laisser émouvoir. En attendant, affamé, la suite.