Cette BD est la deuxième de la série, mais peut se lire indépendamment. Ceci grâce au scénario bien élaboré par Hermann qui a fait la totalité du travail. Le lecteur enregistre au fur et à mesure les informations nécessaires à la compréhension. Hermann a ménagé un vrai suspense en s’inspirant des meilleurs films d’action ou d’aventure, car son influence du cinéma reste évidente, pour le plus grand plaisir du lecteur bien-sûr. Cette série fait partie des BD que j’ai le plus repris !

Jeremiah et Kurdy sont désormais « partenaires » à l’américaine, c’est-à-dire qu’ils se déplacent ensemble, Kurdy sur sa mule Esra et Jeremiah à cheval. Ils sont dans le désert (... depuis trop longtemps) parce que Kurdy avait un bon raccourci en tête. Résultats, ils crèvent de soif sous un soleil d’enfer et ils sont à bout.

Dans le même temps, deux hommes à dos de chameau (une bosse !) tentent de faire cracher le morceau à un homme à pied, ligoté, qu’ils trainent à bout de corde. Cet homme est en uniforme. Il appartient à une milice de convoyeurs de fonds. Son convoi a été attaqué et le magot caché en lieu sûr. Par ruse, l’homme réussit à échapper à ses tortionnaires qui le laissent pour mort en contrebas. Kurdy et Jeremiah ont été attirés par les bruits de voix et la fusillade. Ils récupèrent le sergent Corey qui a fait semblant d’être mort.

Les deux tortionnaires appartiennent à un groupe de mercenaires dirigés par une femme, la belle et fière Sharita. Celle-ci dirige son clan d’une main de fer. Ce clan retient captif le capitaine Kenney partenaire du sergent Corey.
Pendant que Jeremiah reste avec Kenney encore mal en point, Kurdy s’approche du repaire de Sharita. De leur côté, le groupe paramilitaire auquel Kenney et Corey appartiennent explore la région pour retrouver les hommes et l’argent…

Encore une fois, Hermann réalise une BD marquante, avec un style très personnel. Le titre est déjà révélateur. On pense à Tintin « Le crabe au pince d’or » mais ce que fait Hermann est beaucoup plus réaliste. Malgré la belle lisibilité d’un dessin à l’esthétique léchée, on est loin de la ligne claire et de la fantaisie accessible à tous publics de Hergé. Même si cette BD est éditée sous l’étiquette « publication destinée à la jeunesse » (mention de l’édition de 1982), on se rapproche par le ton (tout sauf naïf), de la BD adultes.

Jeremiah reste un jeune adulte encore impulsif, idéaliste et parfois naïf. Il s’indigne facilement et, quand le ton monte, il fait preuve d’une fougue plutôt efficace. Bref, un ami très utile pour l’aventurier réaliste et indomptable qu’est Kurdy. L’accoutrement de Kurdy : des bottes lui montant jusqu’en dessous des genoux (jambes maigrelettes mais musclées) un manteau sans manches en peau de bête fourré et un casque de récupération avec une bande à laquelle est fixée une plume.

Comme dans le précédent album, les caractères sont tous très bien croqués. Je remarque aussi que le talent d’Hermann dessinateur lui permet de prêter vie à une belle galerie de personnages très différents sans jamais donner l’impression de se répéter.

Le scénario très bien élaboré recèle de belles surprises, avec des retournements de situations qui maintiennent un suspense de qualité. Hermann fait sentir sa méfiance viscérale vis-à-vis des organisations sociales trop bien policées, en particulier repérables par des uniformes. Sa vision de la bassesse dont l’esprit humain est capable est également évidente. Mais il montre également un vrai goût pour l’esthétique. Il adore mettre en évidence certaines situations que le lecteur ressent à la manière de certaines scènes cinématographiques. Exemple typique avec Kurdy faisant le dingue sur un vélo : vignette du haut de la planche 11. La BD datant de 1979, on peut également penser qu’un des personnages secondaires lui a été inspiré par la vision du film « Délivrance » de John Boorman.

Enfin, l’organisation générale des planches est une vraie réussite, renforcée par une utilisation des couleurs qui est un régal de chaque instant.
Electron
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le 18 avr. 2013

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Electron

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