L'apocalypse est dans l'air du temps. Ici, un énième récit sur un homme seul au milieu d'une ville qui a subi une catastrophe assez obscure et qui survit, avec un pseudo-journal du genre 1er jour, 30e jour, 127e jour...
Réflexion sur l'Humanité et son avenir ? Pas vraiment car le héros voit sa réalité hantée par des flasbacks personnels : il aimait une chanteuse de bar qui s'est suicidée. On abandonne donc le drame collectif pour privilégier le drame personnel.
Il y a la ville, qui est soumise à des phénomènes étranges : météorites de glace capables d'éventrer un gratte-ciel ; passerelles de verdure reliant les immeubles. Le livre suit cette lente décomposition de plus en plus surréaliste, en même temps que la perte de repères du héros, qui, sans pouvoir se confronter à une altérité humaine, perd peu à peu son statut d'individu. La ville n'est pas identifiable : les gratte-ciel évoquent bien sûr Manhattan, mais les flashbacks du héros feraient plutôt penser à un mode de vie hédoniste à l'éuropéenne. On se situe donc dans un entre-deux typique de l'art européen qui essaie de se réapproprier l'imagerie américaine.
Restent les goûts personnels du héros, que l'on entrevoit dans son quotidien, occupé à survivre. On soupçonne que ce sont aussi les goûts de l'auteur, qui se projette dedans.
Graphiquement, j'aurais préféré un encrage plus affirmé. De toute façon, dans le genre "ville en décomposition", le premier tome de Valérian est mille fois plus évocateur et coloré...
Au final, on a un récit d'apocalypse peu mémorable qui se rajoute à un héros assez nombriliste. Je n'ai pas détesté, mais je n'ai pas aimé.