Entre les ombres, c'est l'histoire d'un gars qui est le seul survivant d'une apocalypse qui a ravagé l'humanité. Il vit dans une grande ville, complètement vidée de ses habitants et retournant petit à petit à l'état de nature. Comme il est tout seul, seuls ses souvenirs et les ombres de la foultitude de la ville lui tiennent compagnie. Tel un Robinson Crusoé moderne, il erre d'un cinéma vide aux étages d'un magasin Ikea où il a élu domicile, va faire ses courses au supermarché sans file d'attente aux caisses et pense à son passé qui lui laisse certains regrets.
"C'est ici que mes souvenirs sont les plus vifs, les plus nets."
Une très forte impression de mélancolie se dégage de cette bande dessinée. Certes le sujet en est la cause mais elle est fort bien rendue par les choix de couleurs : prédominance de gris, bleu pour les flashback, avec des touches de vert-jaune, le plus souvent pour la végétation qui envahit la ville. Seule couleur vive représentée, elle symbolise pour moi l'espoir. C'est assez flagrant dans la séquence ci-dessous (bon je n'aurais pas dû couper la case à côté du "allo allo" mais je vous assure qu'elle est dans les tons gris).
Quand on le voit parcourir la ville, parlant de la bibliothèque ou il aurait bien élu domicile, scrutant les iPod devenus inutiles sans électricité, choisissant ses tableaux préférés au musée du coin, bref vaquant à des occupations somme toute banale pour un survivant de l'apocalypse, on ne peut s'empêcher de s'identifier à lui, justement par la banalité de ses interactions avec des objets qui font partie de notre quotidien.
"La bibliothèque est maintenant en pleine brousse ...
Au début, j'avais pensé y aménager directement
... Avec un bon canapé et un lit confortable."
La lecture de cette bande dessinée m'a fortement touchée, traitant de la solitude de façon intemporelle, et qui va bien au-delà d'une lecture postapocalyptique de divertissement. On ressent avec gravité les émotions de ce pauvre type perdu au milieu de sa ville, entouré par les morts, poursuivi par ses souvenirs (et des crabes géants aussi), mais aussi ce qu'il lui reste d'espérance. Et on espère avec lui.
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