La Première Guerre Mondiale est un support éternel à la création de bandes dessinées. Les superhéros de « Les Sentinelles » s’insèrent dans cette période. « Paroles de poilus » s’était centré sur le quotidien de ces soldats des tranchées. Je n’ai pas la prétention de faire une liste exhaustive de tous les ouvrages nous contant des histoires de cette époque. Elle serait bien fastidieuse à construire ! Ma critique d’aujourd’hui porte sur un des derniers nés de cette grande famille des narrations de la Grande Guerre. Elle est l’œuvre de Bouzard qui se charge du dessin et du scénario. Elle s’intitule « Les Formidables Aventures des Poilus ». Le premier tome s’intitule « Les Poilus frisent le burn-out » et nous présente sur sa couverture un groupe de soldats français en phase d’attente dans une tranchée. Etant édité chez Fluide Glacial, on peut aisément supposer que c’est l’angle humoristique qu’utilisera l’auteur pour s’immerger dans ce terrible moment de l’Histoire.
La quatrième de couverture pose les jalons de la trame : « Tous les poilus vous le diront : la guerre 14-18 n’a pas été une partie de plaisir… se lever tous les matins pour aller embrocher du boche n’est pas donné à tout le monde et c’est souvent la mort dans l’âme que nombre de soldats commencent leur journée dans les tranchées. Partager l’intimité de ces hommes, c’est un peu les aider dans leur combat journalier… c’est être aussi un peu poilu à votre tour, c’est marcher dans la boue, faire ses besoins dans les feuillées, manger du rat cuit ou découvrir le trésor des templiers. On ne s’ennuie jamais dans les tranchées… entrez et venez, vous aussi, découvrir le monde dur, certes, mais tellement grisant. »
L’album se décompose en une succession de petites histoires. Leur longueur est variable mais oscille entre une et six pages. Généralement, elles sont indépendantes les unes des autres. Elles se prêtent aisément à une parution régulière dans un magazine. Elles ne nécessitent pas de grand prérequis quant aux passés des différents protagonistes. D’ailleurs les personnages ne sont pas récurrents. Chaque situation donne l’impression de rencontrer de nouveau poilus. Ce choix est intéressant car il permet à l’auteur de faire comprendre à ses lecteurs qu’ils n’évoquent pas une tranchée particulière occupée par des soldats particuliers à un moment particulier. Au contraire, en dépersonnalisant son propos, il donne un ton plus général et dénonciateur à son message. On s’attache au poilu en tant que soldat en souffrance et non pas en tant que personnalité unique.
Même si l’auteur cherche à faire passer le message que la guerre est absurde, cet album reste avant tout un ouvrage à but humoristique. Je dois bien avouer que cet objectif n’est que très partiellement atteint de mon point de vue. En effet, les gags s’enchainant en m’arrachant quelques pénibles sourires. Certaines idées sont intéressantes mais elles sont souvent bien mal exploitées. A d’autres moments, Bouzard insiste tellement sur sa vanne qu’elle déclenche plus un soufflement qu’un rire. J’ai parfois eu le sentiment de quelqu’un qui explique une blague ratée pour essayer de la rendre drôle. Cela ne marche jamais ! J’ai découvert l’existence de cet album en en lisant une critique élogieuse sur un blog. Je dois bien avouer que je n’ai pas retrouvé l’enthousiasme qui transpirait de l’article que j’avais lu. Je suppose donc que je suis passé à côté de l’univers de l’auteur et de son humour. J’en suis le premier désolé.
Pour conclure, cet album m’a frustré. Le trait de Bouzard vaut ce qu’il vaut mais il ne peut être mis en valeur que par des textes chiadés. Ce n’est pas le cas. Cela offre des gags prévisibles mis en image par un trait très moyen. Au final, je n’ai pas trouvé ce que j’espérais. Ce n’est pas bien grave et je suis curieux de connaître l’avis de personne qui aurait succombé aux charmes humoristiques de cet ouvrage… La richesse naît de la diversité…