Furtif
6.1
Furtif

Comics de Mike Costa et Nate Bellegarde (2021)

Furtif n'est pas un comics de super-héros classique et c'est pour cela qu'il a attiré mon attention. Il s'agit d'une histoire complète plutôt tournée vers le côté humain des personnages. Cette histoire qui tourne autour de sujets de société comme les maladies neuro-dégénératives ou la vie dans des quartiers difficiles et les différents enjeux autour de ces derniers est servie par un très beau dessin qui donne vie à ce scénario un peu atypique.


Furtif est un justicier doté de pouvoirs surhumain qui opère dans la ville de Detroit depuis plus de 40 ans. Le problème est que ce dernier commence à agir étrangement et s'en prend même aux forces de police en tenant des propos incohérents. C'est un soir en rentrant chez lui que Tony Barber, jeune journaliste écrivant sur le mal qui ronge sa ville et la détruit peu à peu, se rend compte que Furtif n'est autre que son père, un homme âgé et atteint d'une maladie touchant sa mémoire du type d'Alzheimer. A partir de ce moment, Tony va essayer d'empêcher son père de continuer à jouer au justicier, de lui trouver de l'aide pour sa maladie et de comprendre si celle-ci n'est pas liée à l'étrange armure qu'il porte lorsqu'il devient Furtif.


L'histoire commence comme n'importe quel scénario de super-héros mais on comprend rapidement que les enjeux sont tout autres. Tout au long du récit les auteurs vont nous amener dans la découverte d'une ville rongée par la criminalité et la corruption comme son héros est rongé par la maladie. Dans les deux cas ils subissent une transformation les menant inexorablement vers une fin tragique. Dans sa dernière mission, Furtif se retrouve confronté à l'un des tout premiers criminels qu'il a combattu après avoir acquis ses « pouvoirs ». Outre ce parallèle entre la ville et son héros, nous trouvons le protagoniste projeté à ses débuts par sa maladie, pris dans une sorte de boucle qui au final l'aiderai peut-être à trouver la paix. C'est comme si inconsciemment, cet homme perdant tous ses repères tentait de repartir à zéro pour faire mieux et permettre à sa ville de retrouver enfin l'espoir et d'avoir un avenir meilleur.
L'histoire aborde également la relation entre ce fils et son père, le premier se retrouvant un peu démuni face à la situation du second, ne sachant comment l'aider tout en vivant dans la peur qu'il lui arrive un malheur dans son état. Au fur et à mesure que l'intrigue avance, on comprend aussi qu'il est question de succession, d'héritage même. Le fils apprend de son père en découvrant son passé et les origines de Furtif et cela lui permet de se comprendre lui-même et de se forger une certitude sur ce qu'il veut faire pour le futur et pour sa ville qu'il aime tant.


Côté graphique on est vraiment gâté. Le dessin est d'une excellente qualité, un grand réalisme dans les planches et les personnages qui permet de bien s’immerger dans le récit. Il y a beaucoup de planches au plus près des protagonistes, beaucoup de portraits et le dessinateur s'est appliqué à peaufiner les expressions pour permettre au lecteur de comprendre la situation d'un coup d’œil, pas forcément besoin de dialogues pour appréhender immédiatement la scène. Le trait est détaillé mais aussi très dynamique avec un très bon découpage, vraiment fluide pour la lecture ce qui permet d'enchaîner sans s'en rendre compte et d'avancer avidement dans l'histoire. Et parfois, dans cette succession de bulles effrénée, on va s'attarder sur de très belles planches pour en admirer le détail et apprécier le dessin quelques instants avant de repartir à la découverte de cette histoire. Malgré les thématiques assez sombres, les couleurs sont plutôt claires voire lumineuses sur certaines scènes, cela permet de garder un certain optimisme dans le déroulement.
Rien de très notable concernant les dialogues, on est sur du classique tout en restant efficace. Un méchant donnant un brin dans l'humour mais rien de mémorable de ce côté là.


Je suis un « débutant » en matière de comics et je n'ai pas beaucoup de référence pour la comparaison, que ce soit sur les auteurs ou le style en lui-même. J'ai apprécié ce One-shot qui je trouve traite de manière un peu différente le thème des super-héros. Je pense qu'elle n'a pas eu énormément du succès, car même pas un mois après la sortie les tomes restant étaient déjà en arrière boutique pour un renvoi éditeur dans ma librairie préférée et je trouve ça assez dommage. Ne vous fiez pas à la couverture et allez au delà, je pense que cette BD peut plaire à beaucoup.

Borboroth
7
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le 20 juil. 2021

Critique lue 100 fois

1 j'aime

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