Après plus de 1000 pages pas piquées des hannetons, il fallait bien calmer la donne pour éviter la méningite. Pour cela, Dave Sim choisit l'unité de lieu : un bar. Un endroit restreint aux antipodes de la galaxie des pages précédentes.
Guys, c'est donc des histoires de comptoir, des blagues de mecs, du sport, des discussions sur les femmes, de l'amitié virile, des rencontres saugrenues, des personnages hauts en couleur, des sosies des Rolling Stones et de Marty Feldman... D'abord constituée d'une succession de courtes saynètes (parfois seulement 2 pages), Guys est sûrement le bottin cerebusien le plus drôle depuis Church and State. C'est bourré de dialogues soupesés au poil de bite près et de situations cocasses, et même si on sent parfois une certaine gravité peser sur les personnages, proches de l'amertume, ça reste d'une agréable légèreté.
A partir du moment où Cerebus devient patron du bar, les seules paroles qui résonnent le font à l'intérieur du crâne dudit tenancier puisque on assiste à de véritables joutes mentales, soit des monologues entre Cerebus et Cerebus où celui-ci s'énerve contre lui-même sans cesse, se remet en question, retourne dans sa tête la phrase énoncée par son créateur dans Minds... Faire tenir en haleine un auditoire sur plus d'une centaine de pages avec uniquement des monologues intérieurs et un personnage qui se déplace du lit au comptoir et du comptoir au lit n'est pas chose aisée et ça se lit pourtant sans ennui aucun.
Mais il va falloir s'y faire, Guys c'est le repos du guerrier avant la grande bataille parce que dès le tome suivant, retour à la sudation cervicale.