Critique de Isadora Duncan par WestAnne
Instantanés de vie de la célèbre danseuse aux pieds nus, femme libre, au destin en forme de tragédie grecque.
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le 17 août 2015
Pendant longtemps, Isadora Duncan a été pour moi une anecdote, celle d’une mort tragique et sordide, illustrant pour la blague une de mes premières listes. J’ai petit à petit appris que sa mort correspondait très bien à sa vie, flamboyante et unique.
On ne pourrait retenir d’elle que sa contribution à la danse moderne. Elle voulait danser libre, parfois nue, dans l’idée d’un idéal classique. Les codes de la danse classique ne lui correspondaient pas, et c’est cette liberté qui apparut comme une provocation. Mais qui en rallia d’autres à elle.
Pourtant elle fut aussi une femme à la vie personnelle riche, qui se méfiait de l’union maritale, mais qui accordait une importance très forte à la famille. Née dans une famille nombreuse, artiste et bohème, elle connut la pauvreté mais aussi la solidarité entre membres unis par le lien du sang. Cela leur causa quelques déconvenues, et Isadora Duncan connut certains drames dont elle eut du mal à se remettre, comme celui de la mort de ses enfants dans un accident de voiture malheureux, qui fait écho à sa propre mort.
Le livre de Josépha Mougenot et Jules Stromboni condense ces moments, et encore d’autres, pour en tirer quelques moments forts de la vie incroyable d’Isadora Duncan. Ce n’est qu’une entrée en matière, mais très chaleureuse. Les dessins à l’aquarelle de Jules Stromboni peuvent être mignons, à l’image de la bouille juvénile d’Isadora, et plus tourmentés, à l’heure de certains drames. Il utilise surtout la composition et la mise en couleurs avec un grand soin, tout comme celle des mots choisis. Il s’agit de relater et de créer une atmosphère à l’image de la femme libre, avec une forte personnalité et d’une très belle évocation. Le livre est si beau qu’on en regretterait presque le format un peu réduit de la collection.
La bande dessinée est parfois joyeuse ou triste, à l’image de cette grande figure, restituée ici avec une belle humanité chaleureuse. Isadora Duncan fut une femme talentueuse, libre et aimante, qui repoussa certains carcans du XIXième siècle, parmi lesquels la place de la femme ou les limites du ballet classique. L’ouvrage ne peut proposer qu’une sélection de ce qui fut sa vie, mais il donne les clés suffisantes pour vouloir en découvrir encore plus.
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le 18 janv. 2020
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