Pas grand chose pour soi

Il me paraît intéressant, avant de débuter ma critique par dire comment je connais Margaux Motin. J'ai connu Margaux Motin par ses travaux d'illustratrices et non par sa bande dessinée ou son blog, de ce fait, étrangement j'ai bien accroché à son style et à son univers. Je trouvais ces petites notes fraiches et agréables et son style plus enjoué.
Par la suite, j'ai lu La Tectonique des Plaques qui m'a grandement refroidi. En effet, outre l'humour superficielle, peu travaillé voir absent, l'ensemble avait un fond à vomir, rabaissant au possible la condition féminine, d'une vulgarité sans nom (et c'est un mec qui a grandit avec Gotlib qui vous dit ça), avec une superficialité du dessin également et de la mise en page, avant de finir sur un ton à la limite du voyeurisme (et là encore, sachez que j'aime beaucoup le format blog-BD pourtant). Autant dire que j'ai pris cette première BD de Margaux Motin plus par acquis de conscience que par plaisir.

Premièrement gros mauvais point, la BD, qui date de 2009, est composé à 95% de planches tirées de son blog. Deux choses en cela me révulsent : c'est purement commercial et surtout ça montre le peu de respect de Motin pour le neuvième art. Blog BD et BD ne sont pas la même chose et force est de constater que le changement de mise en page et de format n'est toujours pas gagnant. Cela dit, ce n'est pas le pire dans ce cas là. Mais ça reste énervant de voir des prétendus-artistes même pas aptes à bien connaître leur format.
Un blog n'est pas une BD, une note de blog n'est pas une planche. Un lecteur n'aura pas les mêmes attentes selon le format. Cela me fait penser à ces séries humoristiques qui passent au format BD et pensent que le type d'humour et le même … Mais passons.

Autre déception, mais anachronique cette fois, le style de Margaux Motin est bien moins beau en 2009 qu'en 2013. Moins beau, mais, malgré tout, plus diversifié, ou du moins très légèrement. Ce côté « tout le monde est identique » est moins prononcé qu'il le sera par le futur.
Certes, cette remarque est parfaitement anachronique est hors de propos, mais je me permet de la faire.

Dans le fond, on retrouve, cela dit, la patte Motin. Alors, oui, c'est moins vulgaire, moins cru et pas de voyeurisme cette fois.
Je fais une pause sur la notion de voyeurisme. Le concept de ce genre de BD est bien évidemment de raconter sa vie, mais par moment le récit de vie semble prendre le pas sur l'aspect humoristique est grand public. Evidemment Margaux Motin raconte des choses très intimes ici aussi mais ça concerne souvent les « problèmes de filles » et moins sa vie privée ce qui ne sera pas le cas dans la Tectonique des Plaques où vraiment j'ai eu ce ressenti de voir sa vie privée sans que cela n'apporte rien d'intéressant à la BD. D'où mon sentiment de voyeurisme.

Cela dit, moins vulgaire ne veut pas dire intéressant.
Car la femme version Margaux Motin c'est une personne qui consomme tout le temps, c'est une sorte de version amputée du cerveau où on a que deux choses dans le crâne : un pénis et un magazine de mode. L'important c'est d'avoir les bonnes chaussures, c'est la seule chose importante. Ca et puis s'envoyer en l'air. Alors, je suis très loin d'être coincé, mais, sérieusement, ne peut-il y avoir d'autres désirs dans la vie d'une femme que ces deux choses là ?
Outre cela, l'humour n'est évidemment pas au rendez-vous, les histoires sont navrantes au possible et c'est bien rare qu'un sourire s'esquisse sur nos visages.

Pas drôle et ennuyante cette BD n'a pas grand chose pour elle, le style graphique ne séduit guère. De plus, si je renonce à l'anachronisme, c'est à dire, si j'oublie les défauts futurs de Motin, cette BD en elle-même n'a rien à offrir, si ce n'est dire que, étrangement, cette BD n'est pas la pire que ferra Margaux Motin. Je passe donc de 3/10 à 2/10.

PS : Vous pouvez lire ma critique sur La Tectonique des Plaques, vu que le fond n'est pas si différent, c'est sensiblement pareil même si je me suis légèrement plus marré sur l'autre au moins.
http://www.senscritique.com/bd/La_tectonique_des_plaques/critique/42784867