Le titre annonce la couleur : ce tome est centré sur Jaka et n'utilise Cerebus qu'en tant que personnage secondaire (il arrive même qu'on ne le voie pas du tout pendant un bon paquet de pages d'affilée). Deux histoires nous sont comptées en parallèle : l'enfance de Jaka jusqu'à ses 12 ans et sa vie dans un miniscule hameau avec Rick (son mari), Cerebus, un étrange patron de bar et Oscar, écrivain dandy (inspiré d'Oscar Wilde évidemment). La première est sous forme de vignette, une par page, accompagnée d'un plus ou moins long texte, comme un livre illustré et la seconde classique avec deux rangées de cases hautes et étroites donnant un rendu vraiment classieux. Ca plus le rythme posé, on dirait du James Ivory dis donc (le tome suivant étant encore "pire" à ce niveau). Les deux s'alternent et se répondent, tour à tour.
Une histoire vraiment calme, comme si le temps s'était arrêté, on se laisse bercer par les cases, l'atmosphère mélancolique, par les personnages et leurs frustrations (le barman/épicier est amoureux de Jaka et s'imagine des dialogues avec elle, en les répétant encore et encore dans sa tête de façon obsédante). Avec 3/4 lieux rapprochés, 5 personnages et une économie de dialogues, Sim parvient à nous envoûter comme jamais.
Arrivé aux 3/4 du bouquin, un évènement va tout chambouler et achever Jaka's Story de façon triste et amère.
Chef-d'oeuvre.