Kate - Jonathan, tome 7
7.8
Kate - Jonathan, tome 7

BD franco-belge de Cosey (1981)

Charme, fantaisie, couleurs… l’amour, la vie !

C’est pour cet album que Cosey a été récompensé au festival d’Angoulème en 1982 (Grand Prix Alfred du meilleur album) et c’est vrai qu’il ne peut que marquer. Jonathan trouve la femme de sa vie (malgré le souvenir de Saïcha) et c’est une rencontre comme on en souhaite à nos proches et à nos meilleurs amis. Kate est une jeune américaine, d’une beauté naturelle plutôt simple. Mince, blonde aux cheveux assez courts, les yeux bruns et un sourire irrésistible. Quand Jonathan la rencontre, elle est dans une tenue décontractée qui lui va à ravir : T-shirt clair et short court. La situation qui marche à tous les coups : elle rafle une bonne affaire à Jonathan dans une boutique… Kate est un peu rêveuse et elle affiche un sacré caractère. Elle a son côté fou et jusqu’au-boutiste. Bien que fille de diplomate, elle veut vivre sa vie. Elle sait aussi qu'elle devra composer avec certaines difficultés auxquelles elle ne pourra jamais échapper. Elle est douce mais elle a son côté capricieux, elle est charmeuse mais elle également capable de céder à la panique. Évidemment, Jonathan est vite conquis et il ne demande qu’à exaucer ses vœux. Il faut le voir par exemple mettre un smoking pour aller à la réception où elle l’a invité ! Pour elle, il est capable d’affronter toutes les tempêtes et la suivre vers des endroits inaccessibles. C’est en jetant un coup d’œil au cahier intime dans lequel Jonathan entretient une correspondance imaginaire avec Carl-Gustav Iung, Winston Churchill et Pablo Picasso, que Kate découvre l’histoire du « Château de l’oiseau blanc » qui l’intrigue. Bref, c’est la rencontre de l’aventurier épris de liberté et de beauté avec le charme féminin. Je pourrais conclure ici en me contentant de dire : mazette, quel couple !

Eh bien, tout étant sous le charme, je dirais que, tout compte fait, cet album n’égale pas « Le ciel bleu entre les nuages ». Planche 20 une caisse apparaît sans raison. Cosey s’est également senti obligé pour une fois de flécher une planche pour indiquer un sens de lecture. Il utilise une présentation un peu simpliste avec la figure au nombre infini de côtés qui précéderait le cercle. De plus, il dessine et décrit l’arc-en-ciel de manière bien naïve avec 6 couleurs bien délimitées. Il aime les couleurs, mais il connaît et utilise parfaitement les nuances, alors ?? On peut dire aussi que l’histoire dans laquelle Kate entraîne Jonathan est un peu tirée par les cheveux. On sait bien que l’amour rend aveugle, mais Jonathan connaît la montagne ; il aurait dû mesurer les dangers encourus en s’aventurant de façon irréfléchie comme ils le font.

Enfin, c’est l’inconditionnel de la série qui chicane un peu. Parce que Cosey fait également dans une simplicité bienvenue en ce qui concerne la présentation générale. Une simplicité que je qualifierais plutôt d’évidence. Dans cet album tout coule de source, comme l’évidence de l’amour entre Jonathan et Kate. Au début ils se vouvoient et ils passent naturellement au tutoiement dès qu’ils partent ensemble. Le scénario est linéaire et ménage un vrai suspense. La recherche hasardeuse du château de l’oiseau blanc apparaîtra comme une évidence qu’on ne peut qu’admirer. On a une nouvelle fois droit à des lieux et paysages sublimes qu’il serait fastidieux d’énumérer tant ils sont nombreux. Cosey dessine la montagne avec beaucoup de bonheur. Et c’est l’occasion de faire une remarque sur son style si particulier. Planche 33 (en haut à droite) un paysage de cime enneigée, sans être particulièrement fouillé retient l’attention. Pourtant, quand on l’observe attentivement, on constate que le bleu-gris de l’ombre dépasse sur le blanc de la neige immaculée. Eh bien ce n’est pas un défaut, bien au contraire, car le rendu est remarquable.

Cosey suggère de lire l’album en écoutant « Out of woods » de Oregon ELK, « The kick inside » de Kate Bush et « The freewhelin » de Bob Dylan. Sachant que c’est l’actrice Mimsy Farmer qui a inspiré le personnage de Kate, j’ai trouvé judicieux d’écouter « More » de Pink Floyd. Pour conclure, je tiens à dire que le personnage de Kate prend littéralement vie sous le trait de Cosey. Ce n’est qu’une BD et donc une succession de dessins avec du texte, mais ce personnage prend une dimension extraordinaire. Une BD de haut vol.
Electron
9
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le 9 févr. 2013

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