Quel éditeur n’a pas encore son manga sur les chats ? Entre Chi, Plum, Yanaka, Nekojima et autres Nyanpire, c’est un tsunami de kawaiitude qui s’abat en ce moment dans les librairies. Kana ne voulait pas être en reste, et a dégainé cette année le joli Kuro, un cœur de chat qui a le bon goût de ne s’étendre que sur cinq tomes.
«Pouitch», c’est le premier bruit dont nous gratifie le petit Kuro quand on fait sa connaissance sur la première page de son autobiographie. C’est le bruit de sa tête pointant hors du ventre de sa mère. Sa première bataille sera pour l’attribution des meilleures mamelles maternelles avec ses trois frères et sœur. Son premier malheur, le jour où il a été abandonné dans un parc, enfermé dans un carton, mésaventure à laquelle un de ses frangins n’a pas survécu. Aaaah, c’est pas joli joli, la vie de Kuro, pas le genre à lire en bordant son enfant pour qu’il fasse de beaux rêves. Mais c’est la vraie vie des chats. On ne nous épargne ni le triste spectacle des matous des rues, qui se font parfois écraser par une voiture, parfois éborgner par un corbeau, ni la bêtise des humains, qui tapent le dos des animaux pour les punir, les emmènent chez le véto dans un filet à linge et les dégriffent parfois, et surtout pas les secrets de la reproduction féline, desquels le curieux Kuro ne perd pas une miette.
Mais, raconté à hauteur de chaton avec la naïveté qu’on lui prête, le récit reste avant tout attendrissant, drôle et prenant. Kuro admire le grand chat Monsieur Masaru, le boss du quartier, jalouse sa sœur qui chasse les moineaux mieux que lui, défend ses copains, essaie de se faire des amis, boude son crétin d’humain qui ne lui donne jamais assez à manger et aimerait bien participer aux «réunions» de chats du quartier, le soir dans le parc… Tout un programme qu’on se fait un plaisir de suivre au jour le jour, porté par les beaux dessins fluides de Sugisaki au pinceau noir.