Avec L'Abbaye truquée, Fournier parvient à trouver son rythme.
Si le scénario en soi se laisse aller à quelques facilités, telles que les bonbons somnifères, voire se montre parfois paresseux, c'est à travers une galerie de personnages bien dépeints, , quelques gags bien amenés et surtout une ambiance où s'inscrit une certaine angoisse lors de la visite de l'abbaye que Fournier sort son épingle du jeu.
Itoh Kata est particulièrement mis en avant, puisque ses capacités d'illusionniste sont utilisées comme ressort à de nombreux gags de l'album.
Les membre du Triangle sont eux aussi bien caractérisé Charles Atan et Renaldo en tête, mais les sous-fifres un peu idiots, victimes de choix pour les tours d'Itoh Kata sont assez savoureux également.
C'est pourtant cette abbaye, décor digne d'une base secrète d'une méchant de film d'espionnage d'où sourdre un étrange sentiment de danger larvé et d'inquiétude qui vole la vedette à tous le reste dans cet album.
Au niveau du Dessin, Fournier maitrise de plus en plus son sujet, surtout en jouant de ses qualités poétiques pour imprimer une ambiance et des impressions fortes qui restent en tête à son album.
Fournier parvient enfin à s'approprier les héros et l'univers hérité de Franquin dans cet album sympathique qui, pour la première fois depuis qu'il a repris la série, laisse une impression durable une fois la dernière page tournée.