Je viens de découvrir qu'il n'est pas possible sur SC de faire 2 critiques de la même œuvre. Je viens donc de supprimer ma précédente fiche pour vous proposer ici de nous intéresser au colonel Sponsz qui, le pauvre est toujours oublié.
Comme méchant chez Tintin il y en a souvent que pour Roberto Rastapopoulos, et si on s'intéresse au méchant de type militaire il y en a souvent que pour le colonel Olrik de Blake et Mortimer pourtant Sponsz mérite vraiment qu'on lui rendent justice.
Rendons donc justice à Sponsz !!!
Notons d'abord que Sponsz n'est pas le méchant d'une seule aventure s'il est un protagoniste important de l'Affaire Tournesol on le voit à nouveau apparaitre dans l'aventure des Picaros et il sera cité par Bianca Castafiore dans les bijoux.
En 1955, « L'affaire Tournesol » met en scène le personnage du colonel Sponsz, chef de la police politique de Bordurie (la ZEP) dont l'apparence cumule plusieurs signes caractéristiques du méchant. Au monocle et au fume-cigarette hérité des années 30, il ajoute un uniforme d'officier supérieur rappelant celui de la wehrmacht. La référence au régime nazi apparaît comme un nouveau symbole graphique de rattachement au camp du mal qui tend se substituer à celui des traits sémitiques.
De pareils signes ne font cependant pas de Sponsz un repoussoir absolu. Soumis à la tutelle du dictateur Plekszy-Glatz, jamais visible mais omniprésent dans le décor et dans le langage, qui renvoie au modèle d'un père écrasant et castrateur, Sponsz apparaît proche du modèle psychologique de l'enfant qui accédant au stade phallique, entre en rivalité avec son père. Cette rivalité s'effectue dans le cadre du simulacre théâtral. Sponsz parade à l'opéra où il vient assister au récital de la Castafiore. La cour assidue qu'il effectue auprès de la cantatrice Bianca Castafiore illustre le désir de l'enfant/lecteur de vouloir accaparer sa mère pour lui seul . Si, après s'être invité dans sa loge, il parvient à séduire la cantatrice Bianca Castafiore au point qu'elle accepte de l'accompagner chez lui (pp. 54-55), cette invitation aux allures de rapt s'effectue dans le cadre du simulacre qu'incarne le monde de l'opéra, où le fils peut sans risque s'exercer à usurper le rôle du père, et relève du phantasme compensatoire. Les échecs successifs qu'éprouve ensuite Sponsz opèrent comme un retour à la réalité ; invité par la Castafiore à déboucher une bouteille de champagne, ce qui correspond à la fois à un fonction traditionnellement dévolue au chef de famille dans les manières de table et à une métaphore de l'acte sexuel, il laisse échapper le bouchon qui lui explose dans le nez (P. 55 1/ 2) ce qui s'assimile à une éjaculation précoce . Quand plus tard il constate avoir été dupé par Tintin et Haddock (P. 56), il laisse tomber monocle et fume cigarette (P. 56 4/1), et explose de colère comme un enfant (P. 56 4/5).
Finalement je trouve que Sponsz est un méchant de très bonne facture, il fait peur, il n'hésite pas à ourdir de terrible machination et ose draguer la Castafiore ce que Haddock et Tintin n'osent jamais faire, mais il se fait berner rate ses coups et pique des colère de gosse.
NE SERIONS NOUS TOUS UN PEU SPONSZ ?
Allez en paix et que chacun apprivoise le petit Sponsz qui est en lui.