Hiroshi Hirata est un grand auteur de Gekiga (image dramatique). Il est reconnu comme le spécialiste du manga de samouraï. Avec L'âme du Kyudo, il s'intéresse à une pratique qui a débuté en 1606 lorsqu'un qui avait reçu lors d'une bataille le titre de « unique sous le ciel » réussi a faire traverser en une journée 51 flèches le long de la galerie d'un temple de Kyoto (ce qui corresponds à plus de 120 mètres). Après cet exploit, de nombreux experts en tir à l'arc essayèrent de surpasser cet exploit. Au fil des années, cette pratique nommée Tôshiya deviens l'objet d'une compétition féroce, chaque fief essayant de surpasser le précédent record. Peu à peu le record d'origine fut multiplié par plus de 1000 mais de nombreux challengeur ayant échoué ont du se faire seppuku.. La pratique du Tôshiya étant devenue une institution, de nombreux fiefs dépensèrent des sommes astronomiques pour entraîner leurs archers et pour organiser le Tôshiya au temple de Kyoto.
Nous allons suivre le combat du jeune Kanza, un samouraï de basse classe mais qui, suite à une succession de malheurs liés à sa classe va vouer sa vie au Tôshiya. Les années vont passer et le parcours de Kanza se révèle passionnant tant son objectif paraît toujours plus difficile a atteindre. Le record étant régulièrement battue et sa basse classe d'origine étant régulièrement un frein dans son parcours.
Hymne à la volonté de se surpasser et de lutter contre l'inégalité de classe. Ce manga est également un pamphlet à l'encontre du système de classe féodal où l'honneur des chefs du fiefs est plus important que tout, quitte à affamer des milliers de personnes.
Hiroshi Hirata offre une œuvre très rigoureuse historiquement. Nous découvrons tout un pan de la culture nipponne et de son système de classe et de fief.
L’œuvre est également très rigoureuse visuellement. L'architecture des bâtiments (principalement du temple), les vêtements, la posture des archers, tout est extrêmement précis. Les dessins sont d'une grande beauté même si certaines cases accuses de petits relâchement. Le dessin a cependant extrêmement bien vieillie quand on pense qu'Hirata a commencé à dessiner ce manga en 1969.
L'âme du Kyudo est un gekiga passionnant doté d'une histoire très prenante et véridique historiquement (dans ses grandes lignes).
Un excellent moyen d'en apprendre plus sur le Japon féodal et une bonne porte d'entrée pour découvrir un grand auteur.