Le meilleur manga de ce début de millénaire, c'est tout

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Pour vous qui commencez ou qui n'avez pas fini le manga, des balises "spoiler" vous indiqueront les parties à ne pas lire, avec mention du chapitre et de l'épisode concerné en tout début de chaque case grisée : Si vous ne l'avez pas vu/lu, retirez votre curseur, et je vous promets que vous pourrez lire sereinement tout le reste, sans aucun risque de spoil !
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Cette critique, qui parle autant du manga que de son excellente adaptation en anime (la même critique se trouve sur la page de l'anime), peut se lire avec une ambiance musicale appropriée comme celle-ci, celle-là ou encore cette dernière ;)
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L'Attaque des Titans, Shingeki no Kyojin, vient donc de finir... et il va me falloir du temps avant de trouver une nouvelle histoire de ce niveau, si j'en trouve un jour une.


Je ne pense pas que L'Attaque des Titans fasse jamais l'unanimité : entre les gens effrayés par le gore, ceux ne ressentant pas d'empathie pour les personnages qu'ils jugeront (à tort !) clichés ou unidimensionnels, et ceux rebutés par la longue série d'énigmes mettant plusieurs saisons avant de trouver leur résolution, Shingeki no Kyojin n'est clairement pas pour tout le monde.


Pour les personnes qui n'apprécient pas : Je suis désolé pour vous (vraiment !), vous ratez quelque chose.


Shingeki no Kyojin, pour moi, ce n'est rien de moins que le meilleur manga et le meilleur anime de ce début de millénaire.
Que ce soit Fullmetal Alchemist ou Death Note dans les années 2000-2010, ou Parasyte, Psycho-Pass, Devilman Crybaby, Shin Sekai Yori, Yakusoku no Neverland dans les années 2010-2020 : tous sont excellents, mais à aucun moment je ne pourrais les mettre au même niveau.


Pourquoi ?


Parce que rarement je n'ai été aussi happé par un univers et une intrigue, en empathie avec des personnages qu'ils soient principaux ou secondaires, en stress sur les scènes d'action, concerné par le propos d'une œuvre, et en admiration devant l'animation et la bande-son.


Parce que jamais je n'ai été tout cela à la fois sur une seule et même œuvre.


Et donc, pour conclure cette histoire majeure, je vais avoir besoin de faire un retour détaillé sur lui. Ce sera un peu ma catharsis. Préparez-vous à une looongue critique, donc :D


Mais, avant-tout, je dois répondre à la question de toute personne entrant dans cet univers : Shingeki no Kyojin, ça se lit ou ça se regarde ? L'Anime, ou le Manga ?


Personnellement, les deux me paraissent obligatoires, mais je suis une raclure de fanboy il faut dire. À ceux qui découvriraient SnK aujourd'hui, je recommande donc :



  • Pour commencer, l'anime : le dessin d'Hajime Isayama est celui d'un bon débutant pour les premiers tomes, alors que l'anime, lui, commence directement en god tier. Cela s'améliore et le trait "brouillon" d'Isayama devient au bout de plusieurs tomes sa marque de fabrique participant à l'ambiance sale et pesante du manga, mais beaucoup n'apprécient pas. Son point fort : les expressions faciales des personnages, toujours très impactantes et créatrices d'émotions.

  • Puis, si vous avez adoré l'anime et que vous en ressentez l'envie, de relire le tout via le manga. Shingeki est de toute manière un manga qui se lit et se relit : on redécouvre systématiquement des petites subtilités, des phrases passe-partout et des plans anodins qui se révèlent en réalité lourds de sens. On s'amuse des coups tordus d'Isayama, de ses indices disséminés partout, des éléments montrant qu'il avait tout prévu depuis le début. De plus, quelques petites différences entre le manga et l'anime pourront faire plaisir aux fans hardcore de mon genre. Et vous apprécierez de voir en meilleure qualité quelques scènes de batailles ratées dans l'anime par MAPPA.


Maintenant que cela est fait, je vais me pencher sur ce qui fait de Shingeki no Kyojin une œuvre d'une telle qualité à mes yeux, en abordant d'abord successivement :
-I- Son univers, son scénario, son intrigue
-II- Ses personnages et leur développement
-III- Sa réalisation : paneling du manga, animation et bande-son de l'anime
-IV- Son propos, notamment les points ayant divisé par incompréhension



Pourquoi est-ce le manga et l'anime de ce début de millénaire à mes yeux ?




I-L'Univers, le Scénario, l'Intrigue : une dinguerie



L'histoire de l'Attaque des Titans commence à Shiganshina, une ville frontière d'un pays continuellement assiégé aux allures médiévales et germaniques, entouré du mur Maria, une muraille circulaire absolument gigantesque, et divisé en interne par deux autres, les murs Rose et Sina. Ce pays est le dernier bastion de l'Humanité, là où se sont réfugiés en catastrophe tous les êtres humains. En effet, ces murailles protègent ses habitants des Titans, des créatures colossales que seuls peuvent voir les militaires de la Garnison, postés sur le mur Maria, et ceux du Bataillon d'Exploration, qui partent régulièrement en opérations extérieures pour systématiquement revenir laminés par les Titans.


Le pays semble organisé de telle manière à ce que les plus riches vivent au centre et les plus pauvres restent à portée d'une attaque. Néanmoins, le danger reste globalement sous-estimé par tout le monde, peuple comme élites, les Titans ne dépassant pas les 15-20 mètres de hauteur et étant de ce fait incapables de percer ces murs de 50 mètres de hauteur. Les héroïques membres du Bataillon d'exploration ne sont ainsi jugés que comme des dépenses inutiles, des parasites suicidaires tout juste bons à engraisser les titans aux frais du contribuable, une source superflue d'impôts.


Un jeune garçon, Eren, partage cependant l'idéal du Bataillon d'exploration, voulant se libérer de cette pression permanente due à l'existence des Titans, pouvoir voyager et voir les montagnes de feu, les étendues de grains de sables et d'eau salée qu'il n'a jamais pu voir que dans un livre interdit prêté par son ami Armin, dont les parents sont décédés pour avoir trop voulu le voir eux-aussi.


Cet univers est, dès le début, extrêmement intéressant.


Tout d'abord, son esthétique : Étant un univers médiéval-fantasy, on pourrait penser à du vu et revu.


Or, on n'est pas ici dans de la high fantasy (=présence forte de la magie et du merveilleux qui fait partie de l'ordinaire. Exemple : Tolkien) avec elfes, dragons, orcs, gobelins et nains, un type d'univers qui, poncé jusqu'à la moelle par des décennies de livres, films, BD et jeux-vidéos, se révèle souvent extrêmement cliché, comme en témoigne les dizaines d'isekai interchangeables s'y déroulant.


Non, ici, on est dans de la hard fantasy (=présence faible de la magie et du merveilleux, conçus comme étranges par les gens du commun, la politique y est souvent un thème important. Exemple : Game of Thrones), avec un bestiaire beaucoup plus proche de notre univers : Les Titans, à la démarche à la fois pataude et sinistre, qu'Isayama aurait imaginé suite à une altercation avec un ivrogne.


Ces éléments sont couplés à un décor magnifique composé de paysages naturels verts et bleus et de villes fortifiées à l'Européenne aux allures de Carcassonne ou du fort de "Légende" (super bouquin de David Gemmel), dans lesquels se déroulent néanmoins des scènes cauchemardesques opposant l'ingéniosité des armes steampunk des Humains face à la brutalité sanglante des Titans dont on ne saurait dire si elle est ingénue ou sadique.


Cette combinaison donne à l'Attaque des Titans une identité propre et absolument originale.


Plus encore, au-delà de ce que l'on nous montre de ce monde, il y a ce qu'on nous laisse imaginer, ce monde au-delà des murs à peine entraperçu dans le livre interdit que possède Armin.


/!\ Chapitre 86 (Tome 21) / Épisode 57 (Saison 3) /!\ : Et qu'est-ce qu'il est à la fois magnifique et affreux cet univers au-delà des murs ! Le ghetto de Marley, notamment, avec ses allures de Varsovie de la 2e Guerre Mondiale, est saisissant ! C'est bien simple, à partir de l'instant où SNK cesse de se passer uniquement sur l'Île du Paradis, j'ai eu l'impression, comme beaucoup d'autres, d'avoir changé de manga.


Concernant les thèmes abordés, on est clairement, encore une fois, dans de la hard fantasy : politique, politique et politique. Je laisse les précisions pour la partie "Propos" de ma critique, j'indique simplement ici qu'Isayama, par le monde qu'il développe, tranche avec le manichéisme des productions stéréotypées sans sombrer dans le relativisme particulièrement odieux qu'on peut parfois entendre, et qui n'est qu'une négation des droits humains les plus élémentaires.



II- Les Personnages : une Dinguerie !



Si j'insiste sur sur la dureté de cet univers, c'est parce que c'est ce qui nous fait suer à grosses gouttes pour des personnages qu'on aime mais qu'on sait fragiles. C'est la guerre, et personne n'est épargné, car aucun n'est invulnérable, ni physiquement, ni psychiquement, surtout au début de l'histoire. Isayama peut à chaque chapitre tuer notre personnage préféré, ou lui faire subir des situations traumatisantes qui le feront profondément changer psychiquement. Cela rend chaque combat absolument dantesque, intense, pétrifiant.


Or, comme dit plus haut, bien sûr, on pourrait d'abord trouver ces personnages un peu cliché. Sauf que non, tous évoluent grandement et/ou se révèlent être plus profonds ou très différents de ce que l'on pensait d'eux :



  • Eren le protagoniste héroïque au sang chaud cliché


/!\ Spoil de tout /!\ qui développe un nombre ahurissant de problèmes mentaux, alternant entre complexe d'infériorité et psychopathie dangereuse , notamment envers Mikasa, ainsi qu'une sérieuse tendance à la dépression, ses élans d'espoirs étant un masque se fracassant régulièrement sur la réalité, le laissant totalement désespéré. Surtout, ce désespoir développe chez lui une personnalité de plus en plus noire, au point qu'il en devienne le véritable bad guy de l'histoire dans le dernier arc, dès lors qu'il choisit la protection des siens au détriment de tout le reste de l'Humanité. Est-ce que ce n'est pas cela, le véritable "Mal", que de ne limiter son empathie et sa solidarité qu'à un nombre très limité de personnes, voir qu'à soi-même ? et le "Bien", de l'étendre autant que nos mains le permettent à tous les humains, voire à toutes les créatures vivantes capables de sensibilité ?



  • Armin l'intello gentil et faible au sérieux complexe d'infériorité,


/!\ Spoil de tout /!\ de plus en plus écrasé par le poids des responsabilités qui lui sont données, surtout après le décès d'Erwin et après qu'il ait acquis le Titan Colossal, la mémoire de Bertholdt et donc la compréhension de ses adversaires, le rendant incapable de les haïr et donc, souvent, d'agir. Son empathie et son intelligence naturelle combinée à la mémoire et aux sentiments de Bertholdt qu'il acquière à sa mort en fait le personnage du trio le plus prompt à la mélancolie et à la recherche d'un impossible compromis pacifique.



  • Mikasa la badass capable de tout et son alter-égo encore plus pété Levi,


/!\ Spoil de tout /!\ Deux personnages finalement assez liés : Tous deux font partie de la famille Ackerman, sont totalement fumés au point de sembler sortir d'un autre manga, et se battent par allégeance à une personne pour qui ils sont prêts à tout sacrifier. Surtout, ces deux personnages sont traversés par le poids de leur responsabilité de soldats surpuissants, Levi l'assumant par la soumission à l'avis du toujours avisé mais parieur Erwin, et Mikasa par la soumission au beaucoup plus inconsidéré Eren. Cette manière de se reposer sur autrui devient impossible après le décès d'Erwin et les choix détestables d'Eren, assombrissant encore leur personnalité.
Concernant Mikasa, la faible évolution de son personnage pendant les 30 premiers tomes s'explique selon moi par le rôle qu'Isayama lui avait attribué dès le chapitre 1 du manga : tuer Eren tout en l'aimant, en tant qu'acte de séparation et de dernier adieu. Dès ce chapitre, Eren voit dans son sommeil le visage d'une Mikasa aux cheveux plus courts lui souriant, sans savoir qu'il s'agit d'une vision du futur depuis la future tête tranchée par elle. Ainsi, Isayama disposait de moins de latitude pour la faire évoluer de manière cohérente et sans se perdre dans des sous-intrigues qui seraient dommageables au temps de développement des autres personnages, très nombreux.



  • Hannes le soldat alcoolique, sympathique mais parfaitement dépassé par les évènements,


/!\ Spoil de tout /!\ qui, après avoir échoué à sauver leur mère, fait sa rédemption en tentant de sauver Eren et Mikasa. Bien qu'ayant échoué, il montre à quel point il était un bon gars. Son rôle, c'est de montrer que le monde fut pacifique. Que, "quand on nous traite [les soldats] de parasites inutiles, c'est que le monde est en paix", comme contrepoint de l'inarrêtable quête de liberté d'Eren, à n'importe quel prix.



  • Erwin le capitaine classe et compétent pour lequel le seul objectif est la victoire, quoi qu'il en coûte,


/!\ Spoil de tout /!\ Sauf qu'il est en fait plus complexe. Son objectif altruiste se combinait à un autre bien plus égoïste : obtenir la réponse à la question qui a causé de la mort de son père. "Comment peut-on affirmer qu'il ne reste pas d'autres êtres humains sur Terre en dehors des murs ?" et, s'il en reste, qu'est-ce que cela cache ? Il finira cependant par assumer ses responsabilités au prix de son ambition personnelle, et à se sacrifier dans un dernier "SHINZO WO SASAGEYO" anthologique.



  • Hanji la/le weirdo passionné·e par l'étude des Titans,


/!\ Spoil de tout /!\ qui finira par porter le poids des morts parmi ses proches (Moblit) et ses supérieurs (Erwin) conduisant à ce qu'elle occupe le poste de Chef·fe du Bataillon d'Exploration, responsabilité qu'iel n'a jamais voulu avoir et qu'iel aura beaucoup de mal à assumer, connaissant ses capacités de meneur·se inférieures à Erwin, ce à quoi s'ajoute ses états d'âme éthiques lorsqu'iel se rendra compte de la proximité de son attitude par rapport à celle des militaires qu'iel a participé à destituer dans l'arc de la Révolution. Iel meurt dans une scène rappelant les deux facettes de sa personnalité, oscillant entre sens du devoir et absurde passion des Titans.



  • Scumbag Jean, cynique rival d'Eren, et son opposé et et pourtant meilleur ami l'altruiste Marco,


/!\ Spoil de tout /!\ mais Jean, qui se révèle en fait être le plus héroïque d'entre tous puisqu'il choisit une voie pour laquelle il n'avait aucune prédisposition morale, par engagement pour son pote Marco mort au combat, trahi dans une scène qui me fout toujours les boules. Il est aussi celui qui, paradoxalement, souffre le plus d'être contraint de tuer d'autres humains, et non plus seulement des titans inhumains. Mon personnage préféré.


/!\ Spoil de tout /!\ Marco, lui, aura été l'un des personnages les plus humanistes de la série, criant dans ses derniers instants, à ceux qui le tuent, que ce combat aurait pu être réglé sans violence, en discutant, simplement... Cela fait lien avec l'origine de la création des Titans par Isayama, celui-ci ayant été choqué de ne pas pouvoir communiquer avec son ivrogne d'agresseur, rendant toute désescalade impossible.



  • Leurs alter-égos féminins : la cynique Ymir et l'altruiste Christa,


/!\ Spoil de tout /!\ Ymir qui se révèlera finalement moins cynique que prévu et avoir une histoire remontant à biiien plus loin que ce qu'on imagine, et Christa abandonnant son image toute lisse pour qui elle est réellement, Historia, avec ses moments d'égo et de refus de se plier aux ordres.



  • Reiner le pote en qui on peut avoir confiance, et son ami effacé mais compétent Bertholdt


/!\ Spoil de tout /!\ probablement les personnages dont la personnalité est la plus fucked-up, surtout Reiner qui est un putain de cas clinique alternant entre la psychopathie sévère, l'altruisme total et la dépression suicidaire. Sa manière d'être un véritable compagnon avec les soldats qu'il a pour rôle de tuer rend toute son équipe très mal à l'aise, et lui créé une véritable dissociation mentale lorsqu'il fait tuer Marco. Une fois revenu à Marley, écrasé sous le poids de la culpabilité, entouré de fantômes et de jeunes qu'il veut protéger, il ne lui est jamais permis de se donner la mort qu'il souhaite.


/!\ Spoil de tout /!\ Bertholdt, lui, incapable de prendre des décisions par lui-même dans ce merdier, est systématiquement tétanisé par la situation, s'en remettant aux choix pourtant peu avisés de Reiner de la même manière que Levi avec Erwin et Mikasa avec Eren. Ce n'est que lors de son dernier combat, alors que Reiner est au seuil de la mort, qu'il décide de totalement lâcher son sens de la justice, celui qui lui permettait de garder sa part d'humanité mais qui le bloquait dans sa mission, pour devenir une simple arme sans âme au service de la disparition des habitants de l'île du Paradis, menaces pour le monde entier.



  • Annie, énigmatique et cynique,


/!\ Spoil de tout /!\ qui, elle, prend la situation très différemment, méprisant ses deux alliés pour leur propension à faire "ami-ami" avec ceux qu'ils doivent tuer, et révélant sans faux-semblant son total égoïsme et la priorisation de sa vie et de celle de son père au-dessus de tout. Elle n'aime cependant pas cette situation non plus, et souhaiterait un monde dans lequel "même ceux qui se laissent porter peuvent avoir une bonne vie". Son cynisme est, en fait, une sorte de sincérité face à l'hypocrisie de ses comparses.



  • Conny le type sympa, très confiant en ses potes et un peu simplet, avec un côté Krilin sur les bords


/!\ Spoil de tout /!\ le good boy de l'équipe, qui paiera durement sa confiance : il est celui du Bataillon d'Exploration qui prendra le plus cher d'entre tous, entre la mort de sa famille et de tout son village, le deuil de sa mère encore titanisée, la trahison de ses potes Reiner, Bertholdt et Annie, puis d'Eren, la mort de Sasha et Marco entre autres... Il deviendra extrêmement amer suite à cela au point de développer une personnalité très sombre et désespérée. Mais, heureusement, grâce à l'intervention d'Armin et à son bon fond, il reste un good guy jusqu'au bout.



  • et Sasha la comic relief mangeuse de patates.


/!\ Spoil de tout /!\ qui est probablement le personnage principal de long terme le moins développé de l'histoire, un peu en décalage avec la dureté du monde (c'est le but !), mais dont le décès va avoir un rôle essentiel sur les autres personnages, notamment du fait de la relation subséquente de sa famille, de son poto cuisinier et de sa tueuse Gabi.


Je passe aussi rapidement sur les personnages présentés plus tard dans l'histoire.


/!\ Chapitre 91 (Tome 23) / Épisode 60 (Saison 4) /!\ : Gabi, Falco, le capitaine Magath, Zeke, les autres possesseurs de titans, Yelena, sur lesquels il y aurait aussi beaucoup à dire.


Et si chacun d'entre eux, pris seul, est intéressant, c'est leurs relations crédibles, intenses et complexes qui rend le tout incroyable. Il y a notamment cette scène où une dizaine d'anciens ennemis mangent ensemble dans un silence et une tension induite par leurs regards fuyants, scène sur laquelle je m'étais arrêté 5 minutes afin de récapituler le passif d'horreurs liant chaque personnage aux autres.


/!\ Chapitre 127 (Tome 32) / Épisode non sorti /!\ : On a autour du même feu des gens ayant des relations complexes du fait de la combinaison des relations de leurs factions (équipe de Magath VS Bataillon d'Exploration de l'Île du Paradis + Armée anti-Marley) et des relations personnelles qu'ils ont noué (Reiner et Annie avec le Bataillon d'Exploration qu'ils ont trahi en tuant Marco, Gabi qui a tué Sasha mais s'est repenti, Annie et Armin qui ont toujours eu une relation ambigüe surtout après que ce dernier ait obtenu la mémoire et les sentiments de Bertholdt, Connie qui a failli donner à bouffer à sa mère titanisée le pauvre Falco, Yelena qui a trahi tout le monde et qui est désormais abattue d'être celle qui est trahie, etc.)


On remarquera aussi un très bon point à noter : le cast est très féminisé, et cela sans aucun fan-service ni en terme de character design, ni par des plans ou des scènes graveleuses comme on en voit trop dans l'animation japonaise. Les personnages féminins ne se définissent pas par leur féminité, mais par leur vie et leur caractère, au même titre que les personnages masculins. Ce sont des femmes, cela a un impact sur qui est leur love interest (et encore, on a même une romance lesbienne), mais c'est tout.



III-La Réalisation : Le Paneling du manga, l'Animation et la Bande-Son de l'anime : UNE DINGUERIE !



**La réalisation du Manga**


Oui, le manga n'est très clairement pas une prouesse technique à ses débuts.
On peut même dire qu'il est assez moche.


Si j'ai personnellement très vite apprécié les visages d'Isayama et leurs expressions faciales, les décors ne sont eux pas systématiquement représentés, ce qui donne un côté "brouillon" voire "cheap" aux premiers chapitres. De plus, lorsque ces décors sont représentés, il ne s'en dégage pas toujours beaucoup de vitalité, on dirait un peu des maisons de poupées. Isayama a même eu un peu de mal à respecter les échelles des créatures et des bâtiments qu'il a lui-même créé (ce qui est gênant pour un manga parlant de créatures titanesques et de murs gigantesques !), même si on peut parfois y voir une référence au style pictural du Moyen-age occidental qui est clairement connu de lui (mais bon, parfois c'est juste raté, c'est tout ! xD).


Il faudra ainsi attendre plusieurs chapitres avant d'avoir des décors plus décents, puis des images magnifiques. Certaines arrivent même à l'être sans aucun décor, les expressions faciales et l'intensité du moment jouant ce rôle.


/!\ Chapitre 21 (Tome 5) / Épisode 16 (Saison 1) /!\ : La scène de l'entrée dans le Bataillon,


Et on peut dire que le manga est juste magnifique à partir de sa seconde moitié (on n'est évidemment pas sur du Slam Dunk, du Onepunch Man à la Murata ou du Berserk, c'est un autre style), avec certaines pages, wouah !


/!\ Chapitre 21 (Tome 5) / Épisode 16 (Saison 1) /!\ : Les risques à intégrer le Bataillon d'Exploration.


/!\ Chapitre 89 (Tome 22) / Épisode 35 (Saison 2) /!\ : La retransformation d'Ymir en humaine.


/!\ Chapitre 90 (Tome 22) / Épisode 59 (Saison 3) /!\ : La mer, pour la première fois.


/!\ Chapitre 124 (Tome 31) / Épisode non sorti /!\ : Les Eldiens ressentent le Chemin.


/!\ Chapitre 134 (Tome 33) / Épisode non sorti /!\ : Le désespoir, partout dans le monde.


Néanmoins, il y a un élément que le manga a toujours eu : un excellent paneling, une composition des cases emplie d'idées et de références. J'ai deux cas en tête :



  • Le foreshadowing façon Isayama


L'Attaque des Titans est bourré de références cachées anticipant la suite de l'histoire, très amusantes à constater après coup. Peu sont ceux qui ont réussi à deviner la suite grâce à elles, mais ça n'était pas toujours impossible de le faire pour les plus à l'affut, en témoigne les quantités de théories de fans dont certaines, très étayées, se sont révélées payantes !


Le foreshadowing d'Isayama se caractérise par sa discrétion. On est à l'inverse du principe du fusil de Tchekov, selon lequel chaque élément montré doit être utilisé dans une histoire, car l'inverse serait "une fausse promesse" vis-à-vis du spectateur, un procédé scénaristique selon moi trop usité ayant pour effet de rendre trop évidente la suite d'une histoire.


En effet, dans l'Attaque des Titans, les détails fourmillent, et il n'est pas évident de déterminer lesquels seront utilisés pour la suite. Mais certains le seront, c'est une certitude. Un jeu de regard, un zoom supposément inutile sur un personnage lors d'une conversation, un arbre, un équipement défectueux, une ressemblance physique, une fausse incohérence, une survie spectaculaire insensée, un symbole avec des ailes, un brassard placé au mauvais bras par un soldat, une peluche, une remarque étrange d'un gamin ensommeillé en tout début de manga : tout peut être utilisé ensuite par Isayama.


/!\ Spoil de tout /!\ On en parle, du fait qu'on voit la mort d'Eren dès le tout premier chapitre ? Même le titre du manga en japonais (dont la traduction n'a jamais été claire avant d'être révélée dans la dernière partie du manga comme "Le Titan Assaillant") est un foreshadowing ! x)



  • La surprise, par Isayama


Ce qui marque particulièrement, quand on commence l'Attaque des Titans, c'est la violence crue de certaines scènes. Pour démontrer la violence de son univers, pour faire peur au lecteur, Isayama choisit de ne pas respecter les corps, à la manière d'un Berserk (en plus gentil quand même). Les gens ne meurent pas "proprement", entourés de leurs proches, une rose à la main et après un monologue sur l'amitié.


Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus : le procédé est connu, et ce n'est d'ailleurs pas vraiment celui qui est le mieux amené en début de manga, avec un côté trash que je juge parfois trop grandiloquent, tellement dramatisé et théâtralisé ou au contraire tellement grossier qu'on est à la limite du crédible (surtout dans l'anime).


/!\ Chapitre 1 (Tome 1) / Épisode 1 (Saison 1) /!\ : La mère de Braun découvre le bras de son fils.


/!\ Chapitre 2 (Tome 1) / Épisode 1 (Saison 1) /!\ : Eren voit sa mère se faire bouffer


Non, ce qui me paraît plus intéressant, c'est plus la manière d'Isayama d'amener la surprise. Ainsi, lorsque sont révélées des informations cruciales qui chamboulent tout ce que le lecteur pensait jusque là, l'auteur ne créé pas d'emphase par des gros plans et de l'intensité dramatique. Au contraire, il va simplement "poser là" cette information, cachée dans le texte. Le lecteur lit, passe à la page suivante, relit dans sa tête, fait les gros yeux, crie "QUOIQUOIQUOI ?!" quelques secondes, revient en arrière, et voit la dinguerie. Le lecteur est donc autant surpris que le personnage. Ça, c'est de l'émotion intelligemment créée.


/!\ Chapitre 42 (Tome 10) / Épisode 31 (Saison 2) /!\ : Je pense évidemment à la révélation sur Reiner et Bertholdt, faite totalement hors champ et qui a surpris tout le monde !


/!\ Chapitre 112 (Tome 28) / Épisode 72 (Saison 4) /!\ : C'est aussi le cas lorsque Eren déboule dans la pièce, sans prévenir, alors qu'il est en fuite et qu'on le cherche partout.


Par ailleurs, lorsqu'un élément doit être amené de telle manière à ne pas sortir de nulle part tout en gardant la surprise, Isayama a une autre technique, utilisée une fois vers la fin du manga : entrecouper un flash-back de scènes peu claires du présent, de manière à réintroduire une scène choquante de ce présent sans en perdre la surprise.


/!\ Chapitre 97 (Tome 24) / Épisode 62 (Saison 4) /!\ : Je parle là de la tentative de suicide de Reiner, qui suit le flashback de son passé, montrant l'origine profonde de sa dépression. Vers la fin de celui-ci, les images du passé sont entrecoupées de cases montrant Reiner prendre une balle, armer son fusil, jusqu'au dessin final, le canon de l'arme dans la bouche.


Mais oui, l'anime a réussi à faire mieux.


**La réalisation de l'Anime**


Sur le plan visuel, Wit Studio ne s'est pas contenté d'écarter les défauts du début du manga, il s'est permis là de livrer l'un des plus beaux animes de l'histoire, rendant vraiment honneur aux magnifiques environnements imaginés, mais parfois moyennement exécutés, par Isayama.


Les environnements sont magnifiques (CE CIEL PUTAIN !), le character design plus évident que dans le manga (les expressions faciales sont presque aussi trippantes que dans le manga), et CETTE ANIMATION, WOH ! Wit Studio a exploité au maximum cette géniale idée qu'est le déplacement tridimensionnel, pour en faire une danse aérienne mortelle et risquée qu'on contemple avec plaisir et inquiétude à la fois.


Je passe sur certaines scènes que personne ne pourra oublier comme la course-poursuite entre Kenny et Levi.


Juste un petit raté : j'ai trouvé dommage que la CGI ait remplacé le dessin à la main pour le titan colossal à partir de la saison 2, puis pour les autres titans dans la saison finale : Je n'ai rien contre la CGI (qui est de toute manière partout dans SnK, sans qu'on s'en aperçoive la plupart du temps), mais celle-ci jure pas mal lorsqu'il est utilisé sur des personnages humanoïdes mobiles, d'autant que le titan colossal était très bien dessiné dans la saison 1.


Pour la saison 4, le studio MAPPA a repris l'Attaque des Titans en lieu et place de Wit Studio. Il est indéniable qu'il y a eu de la perte de qualité en terme d'animation, surtout concernant les affrontements de titans. On trouve aussi cette curieuse idée d'animer certaines scènes avec de la rotoscopie, sans raison aucune, ce qui donne un étrange résultat peu naturel, à rebours de l'objectif de réalisme que porte normalement cette technique. On reste néanmoins sur une animation globalement de bonne qualité, et les problèmes les plus évidents ont été corrigés pour les éditions dvd/blu-ray, comme c'est souvent le cas.


Je n'ai pas encore parlé de la bande-son. MAIS CETTE BANDE-SON OMG SAWANO FAIT MOI DES ENFANTS PLZ.


Le compositeur, Hiroyuki Sawano, reconnaissable à sa manière très particulière de nommer ses musiques, est un as, capable de créer des musiques orchestrales, au choix :



  • épiques et entrainantes (The Reluctant Heroes, Barricades, Zero
    Eclipse, Aramy Attack, E.M.A, DOA),

  • terrifiantes (Attack on Titan, Kyojin Shinko, XL-TT, st20130629, K2)

  • mélodieuses (Bauklötze, LENぞ97n10火巨説MAHLE),

  • déprimantes avec parfois une pointe de faux espoir (Call your name, AoTs3-PF1, T-KT),

  • et parfois tout ça à la fois (Vögel im Käfig).


Il nous fait aussi le plaisir de musiques plus simples, plus folk,



  • à la guitare (So ist es Immer)

  • ou au piano (Omake-pfadlib, la 2e partie de vc-pf20130218, pfmedley20130629, AOTs2M他3, AOTs2M他4, AoTs3-PF1, AoTs3-PF2).


Surtout, il y a aussi ces openings et endings, qui font bien rentrer dans chaque épisode ! Outre leurs qualités musicales et graphiques incontestables, on peut leur trouver plusieurs autres intérêts :



  • les génériques de début marquent très bien l'évolution du manga, en partant de musiques et de visuels d'une tension épique grandiose invitant à l'action et non à la réflexion (OP 1, 2, 4) vers des odes mélancoliques, désespérées, presque cyniques, à l'ignominie humaine (OP 3, 5, 6), dans le ton des saisons qu'elles introduisent.


/!\ Spoil de tout /!\
Les openings 1 et 2 sont des chants de guerre, peu subtiles, appelant à la bravoure et à la lutte contre un ennemi non défini, sans âme, et honorant ceux qui sont morts au combat. Aucune réflexion, la situation est simple : un ennemi inhumain nous attaque, il faut l'exterminer.
"La paix du bétail et la prospérité du mensonge
Donnent la liberté aux loups affamés apportant la mort."

"L'ennemi est épouvantable... Nous ferons face
L'ennemi est gigantesque... Nous sauterons haut"


L'opening 3 marque un entre-deux. Toujours dans l'épique, il montre un début de questionnement sur l'altérité, sur ce qui se déroule dans l'esprit de l'ennemi, et sur les moyens possibles pour le vaincre. Les ennemis ne sont plus des "autres", ce sont des "traîtres", ils ont donc été des "nous" à un moment !
"Ceux qui nous ont jadis trahis sont les ennemis que nous devons exterminer !
Ce jour-là, avec quelle expression nous observaient-ils à travers leurs yeux ?
À quoi devons-nous renoncer afin de repousser le mal,
Si ni nos vies ni nos âmes ne suffisent à en payer le prix ? "


L'opening 4 (dont je ne suis pas fan perso) n'a plus rien d'épique. Mélancolique, il remet en cause la vérité de ce monde ("What's the lie, what's the truth, what to believe"). Et toujours cette même question de ce à quoi les combattants sont prêts à sacrifier d'eux-mêmes face à leurs ennemis dans l'opening 5 ("Qu'es-tu prêt à abandonner pour t'assurer que ton rêve se réalisera ? Le Diable chuchote plaisamment, pendant que nous empilons les corps pour tracer notre chemin").


Quant à l'opening 6, son ton dérangeant et cynique est révélateur de la fin du monde en approche, avec la fin du manichéisme ("Commençons une nouvelle vie dans l'obscurité, jusqu'à ce que la lumière révèle la fin. Visages sinistres, malédictions grandissantes, c'est ma dernière guerre", "Destruction et régénération"), l'absence de clarté des Bons et des Méchants ("Les anges jouent déguisés avec des visages de diables", "Tu es le véritable ennemi"). On note le terrible foreshadowing de la mort de Ramzi avec "Children cling to their coins, squeezing out their wisdom", écrasé par le pas des titans en tentant de fuir avec sa bourse d'or volée, et de la répétition de "Rastis", qui veut dire "ratisser" en espéranto, proche de l'idée de "Grand terrassement" qui adviendra, ou bien "croître" en slave qui, mis en relation avec la répétition de "la vida", peut faire référence à la réflexion de Zeke sur la recherche éternelle et inutile de la croissance de chaque individu. Difficile de trancher sur cette signification, mais il n'y a clairement aucun hasard sur les paroles.



  • les génériques de fin sont un également le moyen de présenter les thématiques de l’œuvre, en allant plus loin que le seul arc en cours, parfois jusqu'au foreshadowing tant elles sont en avance sur le manga lui-même (ED 2 et 3).


/!\ Spoil de tout /!\
L'ending 1 appuie sur le personnage de Mikasa et ses émotions pour Eren, qui seront centraux dans le dénouement, et met en avant la thématique principale de l’œuvre : "le Monde est cruel". Les paroles peuvent aussi décrire l'abandon par Mikasa de son rêve (d'une vie heureuse avec Eren), traduite dans le manga par le retrait puis la récupération de l'écharpe rouge qu'il lui avait donné dans son enfance, finalisé par le fait de le tuer ("Allez, dors en paix").


L'ending 2 montre des peintures murale d'un style moyenâgeux où des batailles entre humains ont lieu, impliquant le fait que l'histoire a toujours été celle d'une guerre entre humains, et non d'une guerre entre humains et titans. Elle montre aussi l'édification de ponts, ou de murs, par des titans et des humains.


L'ending 3 montre des scènes antiques d'invasion par les Titans du monde entier (notamment les batailles de Monte, Vale et Lago) ainsi que la scène d'Ymir se faisant manger par ses filles Sina, Rose et Maria, qui n'apparait pourtant que dans la dernière partie de la saison finale de l'anime !


L'ending 4, mélancolique et dramatiquement pessimiste, fait à nouveau mention de la violence ancestrale et vicieusement circulaire de ce "monde cruel", composée de "ceux qui jettent des pierres et ceux qui les reçoivent", "ceux qui massacrent et ceux qui sont massacrés", entre qui "se dresse une barrière qui ne peut être franchie aisément", camps qui peuvent changer sans que personne n'apprenne rien ("Quand les rôles sont échangés, la justice montre les crocs", "les mêmes tragédies se répéteront continuellement"). Il annonce le vice qui prendra les héros ("Les oiseaux qui volent dans le ciel peignent des ombres sur le sol.") et prévient déjà du caractère inéluctablement dramatique de la fin de cette histoire ("Nous avons persisté sur notre chemin mais le paradis ne faisait que s'éloigner"), à peine contre-balancée par l'énonciation de l'espoir en une fin heureuse
("Et...
Si un jour, mon souhait se réalise,
Et que les liens du karma sont enfin rompus...
Alors, mon ami, retrouvons-nous à l'aube, là où les murs ne nous entoureront plus...
").


L'ending 5 ne développe pas grand chose, si ce n'est d'appuyer sur la nostalgie de la période de l'entrainement tridimensionnel pendant lequel Eren et les autres s'étaient attachés à Reiner et Bertholdt, dramatisant leur combat de cette saison 3 partie 2. De même, je n'ai pas d'interprétation poussée de l'ending 6, à part le fait que les références aux oiseaux sont légions, pour bien foreshadower ce qui va se produire.


Aller, pour conclure cette analyse, je me fais plaiz' avec un petit classement personnel ^^ :



OPENING :



| n°1 | Shoukei to Shikabane no Michi (OP5)



| n°2 | Boku no Sensou / My War (OP6)



| n°3 | Guren no Yumiya (OP1)



| n°4 | Jiyuu no Tsubasa (OP2)



| n°5 | Shinzou wo Sasageyo (OP3)



| n°6 | Red Swan (OP4)



ENDING :



| n°1 | Requiem der Morgenröte (ED4)



| n°2 | Utsukushiki Zankoku na Sekai (ED1)



| n°3 | Great Escape (ED2)



| n°4 | Yuugure no Tori (ED3)



| n°5 | Shock (ED6)



| n°6 | Name of Love (ED5)



Et oui, la bande-son de SnK n'est pas que jolie, elle vient appuyer un propos afin que paraisse évident ce qui n'était que tacite. La transition est parfaite.



IV- Le Propos : C'EST UNE DINGUERIE J'VOUS DIS !! (avec un bémol néanmoins)



Beaucoup de réflexions sont transmises dans SnK, et la plupart tournent autour d'un thème central dont je ne peux pas parler sérieusement sans divulgâcher. Désolé donc, la suite sera une compilation de petite cases grises ! :D


Le Monde est cruel, et c'est ce contexte cruel qui produit les oppositions entre les Hommes. Essentialiser, généraliser, haïr, démoniser ses ennemis, c'est refuser de les comprendre, c'est refuser de trouver une solution acceptable aux deux parties et c'est risquer d'agir de telle manière à prolonger le quasi-insoluble cercle vicieux de la haine d'une ou plusieurs générations encore.


Cette réflexion est marquée très tôt dans l'histoire, notamment lors du flashback de Mikasa et son "le Monde est cruel", se remémorant des images de prédation naturelle, ainsi que celle de son père chassant le canard, rappelant qu'eux-aussi, pourtant très sympathiques, participent à cette cruauté du monde. Elle s'accentue encore au fur et à mesure que l'on constate que les Titans ne sont que des armes malgré eux, et donc que le véritable ennemi de l'Humanité n'est autre que ses semblables, ses pairs. Pire, le peuple victime ayant été dans le passé le peuple oppresseur, aucun d'eux n'est le coupable ou la victime, leur ennemi est en réalité interne : leurs propres vices, leurs propres luttes de pouvoir, leurs propres structures. Ainsi, contraints par ces structures, les personnages s'opposent pour des motifs qui leur sont étrangers, pour des raisons qu'ils ne partagent pas, ou pour des luttes de survie auxquelles beaucoup voudraient échapper pour trouver un terrain d'entente pacifique. Mais il est si dur de faire que l'humanité "sorte de la forêt", comme le présente le père de Sasha.


Cette constatation de la cruauté du Monde aboutit à des réflexions sociales, politiques et éthiques auxquelles le manga lui-même, pessimiste, ne souhaite pas (ne peut pas ?) répondre fermement :
Comment garder ce qui nous reste d'Humanité dans un combat à mort avec un ennemi plus fort, et le faut-il même ?
Où s'arrête l'ennemi, jusqu'où peut-on aller pour neutraliser les factions adverses ?
Qu'est-ce qu'une "bonne personne" ? Est-ce un attribut objectif, ou n'est-ce pas plus souvent une simple manière de qualifier quelqu'un qui est bon avec nous, sans regarder sa manière de traiter autrui ?


Si j'insiste sur le propos humaniste d'Isayama, c'est parce que beaucoup semblent lire l'Attaque des Titans avec un regard de facho au vu de discussions en ligne à ce sujet, et j'ai beaucoup de mal avec ces prétendus fans qui, sans avoir le moins du monde compris le message d'Isayama, soutiennent les actions les plus immondes de certains personnages dans le but que les protagonistes "gagnent", quelle que soit la méthode, haïssant les adversaires comme les meutes haineuses et stupides que dépeint pourtant Isayama dans le manga même.


Ces mêmes gens qui, non pas seulement comprennent (ça, c'est normal), mais soutiennent Eren dans son plan fou d'extermination du reste de l'Humanité, alliés et tiers inclus, enfants et vieillards, mais qui haïssent Gabi pour avoir tué un seul personnage qu'ils connaissent (exemple), alors que Eren = Gabi, ce sont simplement deux personnages identiques (même physiquement) placés dans des situations différentes, l'un présenté depuis le début, l'autre vers la fin de l'histoire.


Je vous avoue être vraiment pétrifié de voir qu'une grande proportion de lecteurs, parfois une majorité des commentateurs, puissent justifier un génocide indiscriminé de 80% de la planète par (sérieusement) "si on tue tout le monde, on met fin au cycle de la haine". Et qui voit ça comme un happy ending à la Code Geass.
Je rappelle que, dans Code Geass (attention, spoil de Code Geass), le sauveur de l'humanité ne sacrifie que lui-même, et le fait pour toute l'Humanité, là où Eren sacrifie 80% de l'Humanité pour les seuls Eldiens. Et quand on voit l'effort d'Isayama à rendre son univers crédible et réaliste, je ne crois pas à la réponse "mais c'est qu'un bouquin rooh, les gens en commentaire pensent pas ça pour de vrai !".


Cette interprétation a été accentuée par la maladresse d'Isayama dans son dernier chapitre, qu'il a lui-même admis, Eren étant quasiment admiré par ses amis qui semblent presque le pardonner d'avoir tué presque tout le monde pour les sauver eux. Cela pourrait s'expliquer par leur brainwashing par Eren et ses pouvoirs, qui voudrait egoïstement rester aimé de ses anciens compagnons après sa mort, mais cela mériterait une confirmation au vu des enjeux. Isayama a ensuite un peu corrigé le tir en ajoutant quelques pages au manga montrant la destruction d'Eldia plusieurs décennies ou centenaires plus tard, et donc l'échec des restaurateurs de l'Empire d'Eldia, inspirés par Eren, à mettre fin au cercle de la haine par la destruction du reste de l'humanité et la mise en place d'un état belliciste. Et il est probable que la fin de l'anime soit remaniée pour correspondre mieux à sa volonté.


Je rappelle également qu'Isayama a toujours affirmé se sentir proche de Jean, d'Armin et de Reiner, personnages pacifistes se battant contre Eren. Au contraire, Isayama a indiqué qu'il lui a fallu du temps pour comprendre Eren, grâce à l'interprétation de son seiyuu, et l'avoir toujours trouvé antipathique.


Cette lecture fascisante de SNK par tant de lecteurs est plus qu'inquiétante, car elle montre que, même après avoir lu un manga d'une trentaine de tomes dont le pacifisme à l'échelle de l'humanité entière est le propos fondamental, une quantité terrifiante de gens restent incapables de s'extraire de leur volonté de préserver un seul petit cercle de personnes, au prix de celle de l'ensemble des autres humains. "Moi d'abord", "ma famille d'abord", "mon pays d'abord", et "tant pis pour les autres", autant d'impasses qui permettent que continuent la guerre permanente de tous contre tous que nous connaissons aujourd'hui et qui pourrait s'accentuer avec les enjeux environnementaux actuels et futurs. Avec un tel regard, nous sommes loin de connaître un jour une paix planétaire... et je ne limite pas mon propos qu'à une paix militaire, cela va plus loin que cela.


Il semble donc que, malgré sa construction, et en partie seulement du fait de maladresses d'Isayama, le propos de SNK a souvent été tordu au point d'être complètement retourné. Cela me désole...



Conclusion



Je n'avais pas envie de finir sur cette note pessimiste, mais cela correspond bien au ton du manga.
Si tous les lecteurs n'auront pas appris de l'Attaque des Titans, on espèrera au moins que tout le monde aura passé un bon moment. Néanmoins, au vu des thèmes abordés, réduire l'Attaque des Titans au rôle de simple divertissement ne me paraît pas à la hauteur...
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Pour moi, en tout cas, ce fut plus que ça. Shingeki no Kyojin est non seulement un classique instantané en terme de narration, mais c'est aussi un plaidoyer réaliste pour le respect de la vie humaine et la recherche d'une paix mondiale basée sur la compréhension des humains entre eux, matiné de désespoir en la capacité de ceux-ci à l'atteindre.
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J'espère que Hajime Isayama, après de looongues vacances bien méritées et une fois qu'il aura réalisé son projet d'onsen (oui, il veut, au moins temporairement, arrêter le manga pour être gérant d'un bain thermal, argh ! ><), reprendra un jour le dessin. Et, qui sait, nous faire un petit spin-off, voire une suite, pour approfondir certains éléments non vus dans le manga ?
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grogneux
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le 3 avr. 2021

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