Goblin Slayer
6.4
Goblin Slayer

Anime (mangas) AT-X (2018)

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Goblin Slayer, ou quand le fanservice détruit ce que l'univers créé

Critiquer Goblin Slayer, en bien comme en mal, c'est plonger dans un débat assez houleux : Les haters peuvent vite vous juger coupable de perversion misogyne et d'apologiste du viol ("aucun intérêt à part faire bander les violeurs"), tandis que les fans risquent à l'inverse de vous considérer comme un "normie SJW" (expression détestable par ailleurs) incapable de comprendre le concept de dark fantasy.


Donc, pour commencer, pas taper, je donne juste mon avis :D


Tiré d'un manga adaptant lui-même un light novel, Goblin Slayer a débarqué sur Wakanim en début de saison Automne 2018, et a reçu dès son épisode 1 un accueil très mitigé du fait des scènes de viols très choquantes s'y trouvant. Je choisis volontairement de faire l'impasse sur cela pour l'instant, on y reviendra plus tard.


Personnellement, je suis partagé.

Ce qu'il y a de bien : L'histoire d'un traumatisme et de son lent dépassement



Goblin Slayer, c'est un univers dur, violent, injuste. C'est dans cet univers qu'évolue le personnage principal, appelé tour à tour Tranche-Barbe (par les nains), Orcbolg (par les elfes) ou Goblin Slayer/Crève-Gobelins (par les humains), qui passe sa vie à buter des gobelins, ces créatures certes cliché de la fantasy mais qu'on connaitra peu souvent aussi vicieuses et dangereuses que dans cet anime.


Par sa lubie froide et incessante d'exterminer des gobelins (et uniquement des gobelins), son absence d'émotions dans la voix et de vocabulaire complexe, on comprend vite qu'il a eu un trauma lié à ces créatures dans le passé.


J'aime beaucoup le traitement de ce traumatisme, et le personnage de Goblin Slayer avec lui.


Alors oui, Crève-Gobelin n'est quasiment que cela, il ne semble tout d'abord pas avoir d'autre envie que de tuer ces bestioles. Est-il unidimensionnel pour autant ? Peut-être, mais il n'est pas figé : il évolue clairement dans l'histoire, et cela me suffit pour le trouver intéressant.


Ainsi, on comprend qu'il n'est pas insensible mais simplement socialement incompétent, qu'il tient réellement à ses camarades et à son village.
Et, à la toute fin, on comprend par son "j'ai envie de devenir aventurier" qu'il commence enfin à s'extraire un peu de son traumatisme et de sa routine meurtrière quasi-névrotique (au vu de sa manière de compter ses victimes, comme pour se rassurer) pour s'imaginer faire d'autres quêtes.


Autre gros plus : La musique est excellente. Celles interprétées par Mili, notamment, insistent bien sur le ton mélancolique, triste, requiemesque, de l'anime, comme par exemple dans son opening "Rightfully" (version originale avec visuels, version full sans visuels), ou encore dans l'ending de l'épisode 7 "Though our paths may diverge" (version originale avec visuels, version full sans visuels). Imaginez, il aurait été tellement facile de croire que Goblin Slayer avait pour intérêt principal l'affrontement d'Orcbolg avec les gobelins, et de faire un opening épique à la Shingeki no Kyojin ! Non, là, sur ce coup, l'équipe musicale a tout compris.


Mais, malheureusement, tout n'est pas rose, d'où l'affrontement général qu'on a connu à son sujet.

Ce qui gâche tout : Le fanservice et les personnages fonction



Le Crève-Gobelins est donc, selon moi, un bon personnage.


Sauf qu'il doit tenir l'anime à lui tout seul car, autour de lui, les personnages sont assez vides.
Ils se résument à des titres : "La Prêtresse", "l'Archère Elfe", "le Shaman Nain", "Le Prêtre Lézard", "la Vachère", "l'Hôtesse", "la Vierge à l’Épée", "le Lancier", "la Sorcière".
Ces dénominations ne sont pas un mauvais parti pris en soi, mais ils symbolisent bien l'unidimensionnalité de ces personnages, leur manque de profondeur, leur prévisibilité. J'ai pu avoir un peu de sympathie ou d'agacement pour eux, mais pas d'émotions plus complexes.
Cela se ressent par ailleurs par leur chara-design qui, sans critiquer la CGI et à quelques exceptions près, est assez fade et insipide, surtout au niveau des visages.


Pire, la caractérisation des personnages féminins est tout simplement machiste, sexiste.
Tout d'abord, pour rester sur le chara-design des femmes, il semble (à quelques exceptions près) n'avoir aucun autre but que de les faire paraître soit en petites choses à protéger (la Prêtresse, l'Hôtesse, la Vachère), soit en bonasses ultra-sexualisée (la Sorcière), voire les deux (la Vachère, mais surtout la Vierge à l'épée, qui est traitée comme une petite chose fragile alors qu'elle a putain de dégommé le Seigneur Démon sérieux !)
Comment expliquer autrement que par le sexisme le fait que les personnages masculins traumatisés finissent en démons vengeurs comme Goblin Slayer, et les personnages féminins en enveloppes charnelles vides de tout courage comme la Vierge à l'épée ou la Combattante de l'ep 1 ?!


Ce chara-design s'accompagne de toute une série de gros fanservices bien dégueulasses. Du moins au plus injustifiable :



  • Scènes de bain et de nue ;

  • Plans remontants allant des jambes jusqu'au haut du corps ;

  • Gros plans sur les seins, d'une taille souvent pas naturelle et avec des décolletés impossibles ;

  • Rebonds des seins. Vraiment, faut vous calmer les gars, c'était déjà ridicule dans Ninja Gaiden il y a une décennie, faut savoir s'arrêter avec ce gimmick !


Clairement, tout ça n'a pas d'autre but que d'émoustiller les spectateurs masculins conçus comme des gros pervers en manque. Dans ce type de situation, j'ai juste l'impression qu'on se fout de ma gueule, qu'on m'assimile à un connard en rute. Goblin Slayer promet de la dark-fantasy, mais nous le mêle à du ecchi mal placé.


Mal placé ?


Mal placé car, à côté de ça, l'anime nous met des scènes de viols.
Comprenez-moi bien : une scène de viol n'est pas un défaut en soi. Tout comme une scène de meurtre, tout dépend du propos qu'elle sert, de l'objectif poursuivi.
Pour justifier ces scènes, j'ai d'abord considéré qu'elles découlaient de la volonté des auteurs d'instaurer une ambiance pesante de dark fantasy, montrer la dureté de ce monde par un choc violent, permettant ainsi de comprendre l'action du personnage principal et ses raisons. Je pensais alors que les haters détestaient l'anime parce qu'il franchit un tabou (celui du viol, bien plus choquant encore que le meurtre) et parce qu'ils étaient dans la confusion entre viol = mal (évidemment) et dépiction d'un viol = mal (pas forcément).


Sauf que, après réflexion, le fait est que Goblin Slayer gère très mal la dépiction du viol, en mettant de la sexualisation autour des-dites scènes, mais aussi pendant, en montrant le corps des personnes violées dans des postures pas possibles. Pour les détails sordides :


Les gobelins entourent la victime, mais comme par hasard laissent bien passer un angle pour qu'elle soit parfaitement dégagée pour la caméra, et qu'on puisse voir en une seule image son visage, ses seins et fesses, dans une position pas naturelle, clairement artificielle. Pour plus de précision, la vidéo de Mother's Basement à ce sujet est éclairante.


Pour citer une autre critique :



" Violence gratuite mal gérée, oui parce que faire une scène de viol après avoir fait rebondir les seins du personnage comme des flans c'est pas trop impactant voir gênant."



Ajoutez à cela quelques phrases bien sexistes ("Les filles il faut les protéger", dans un anime où on trouve pourtant plusieurs personnages féminins badass tout à fait apte à se protéger et même à être les protectrices), et on tient un anime parfois vraiment pénible.



En bref :



Si vous avez un doute sur l'anime goblinesque d'Automne 2018 à rattraper, à Goblin Slayer, préférez donc Goblin Saver (pour paraphraser l'excellente vidéo de Gigguk), un anime avec beaucoup plus de bons personnages, et pas de mauvaises intentions dans la réalisation (le fanservice y est présent, mais gentil et justifié par le regard du narrateur et non celui de l'auteur ou du spectateur). Ce n'est pas non plus de la grande littérature, mais c'est un excellent isekai si on compare à ce qu'on trouve en général dans ce genre.

grogneux

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