Reprise éphémère…
Parce qu’il chroniquait une grève pour le Times, en prenant partie pour les ouvriers londoniens, William Howard Russel est expédié sur les champs de bataille américains pendant la guerre de...
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le 14 nov. 2020
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BD franco-belge de José-Luis Munuera et BéKa (2020)
Comme dirait Françoise Hardy, message personnel :" l'envoyé" ?" Envoyé du diable, oui !"
Pour ne rien vous cacher, je suis tombé dans la marmite de potion magique de BD tout petit. J'ai même appris à lire avec. Celle de "l'école belge" comme on dit ! Ah bon, il y a une française ? Même dès son origine, Pilote comportait des transfuges de Spirou...
Comme le dessinateur du seul cheval de cow-boy qui sache mettre sa selle lui-même, par exemple : j'ai nommé Jolly Jumper, lequel eut sûrement aimé rencontrer Arabesque pour les connaisseurs...
J'ai donc connu les débuts des "Tuniques bleues" (et de tant d'autres) : Cauvin cherchait un dessinateur pour cette série, et c'est le regretté Salverius qui s'y colla... Rapidement relayé par Lambil qui la reprit avec bonheur et respect. Virilisant même le côté "petit Mickey". Le "Sandy" qu'il avait créé tournait un peu en rond, et son kangourou ne suscitaient pas la même sympathie que le marsupilami de Franquin ou l'écureuil de RoB Vel...Ce ne fut pas dans la poche, un comble pour une histoire de... marsupial.
Et ayant rencontré Willy (nous portons le même prénom) lors d'une séance de dédicaces à un salon de la BD à Lys lez Lannoy (France) -à quelques encablures- de la frontière belge-, autour d'une chope nous avions évoqué les changements successifs des dessinateurs de Spirou soi-même...
Depuis un Rob Vel qui avait lancé le petit groom et son Spip, (j'ai faille écrire slip !) d'un Jijé qui avait repris le flambeau pour cause de seconde guerre mondiale, et qui lui avait adjoint un faire-valoir : Fantasio vendeur éphémère de préfabriqués...mais surtout de Franquin qui porta la série-phare de l'hebdomadaire éponyme à son apogée.
Franquin pullulait d'idées : la naissance des schtroumpfs (entre autres) , c'est en partie lui... Mais il a créé une galerie de personnages telle autour de Spirou que les aventures étaient captivantes et si réelles !
On n'a jamais atteint autant de création ou de créatures : un Conte de Champignac qui, avec ses champignons, nous aurait été bien utile pour lutter contre la coronavirus, un maire dont la "main de l'homme n'a jamais mis les pieds sur la lune" et qui plante un feu tricolore en plein désert... où au hasard des titres un œuf de dinosaure retrouvé congelé sur un des hémisphères terrestre, et finissant par éclore... Ou encore cet infâme Zorglub et sa zorglangue... Sans parler des turbotractions.. ou du fantacoptère .
Mais Franquin était aussi le meilleur dessinateur de son époque et il inventa toutes sortes de plans, rendant ses personnages de plus en plus authentiques, façon cinéma.avec zooms et autres.
Avec Lambil nous dissertions sur le thème : faut-il actualiser ou non un héros de BD ? Le personnage de Spirou avait été repris par le breton Jean-Claude Fournier (77 ans de nos jours) qui l'avait fait évoluer : par exemple en laissant au vestiaire son uniforme de groom, le "job" n'existant plus que dans les palaces. Mais il n'en a pas été un des seuls pères que Spirou ait connus, et ce avec des fortunes diverses. Aucun cependant n'est parvenu au talent qu'avait développé Franquin...
Ce numéro 65 des "tuniques" est à sa manière une passation de pouvoirs, Cauvin ayant jeté l'éponge...Ayant lu ou possédant la quasi-totalité de ses œuvres, je tiens l'ami Raoul pour le plus grand de sa génération de scénaristes, suivi par Goscinny... et fais partie de longue date de ceux qui se posent la question : "Mais où vont-ils chercher tout ça ? Que le vétéran de la BD prenne sa retraite à 82 ans, ça faisait longtemps que je me préparais à la cata... Comme d'ailleurs à celle du très discret Lambil qui a deux berges de plus au compteur...Le dessin, il a toujours eu ça dans la peau, et quelle réussite ! Pour en revenir à Cauvin, il est admirable d'avoir su pondre 64 histoires distinctes autour d'un environnement si limité, mi-réel, mi imaginatif, que celui de la guerre de sécession qui a cessé c'est sûr !
Avec "Cédric" du même scénariste, tout comme avec l'éphémère "Pauvre Lampil" (presque autobiographique) il n'y a aucune barrière à l'exploration des possibilités... Avec d'autres (parmi mes préférées) l'éventail créatif était plus restreint : je pense à l'hilarant "Agent 212", sa femme et sa belle-mère, au "Vieux Bleu" qui caricaturait le monde colombophile dont un curé, "Les femmes en blanc" et comble du risque, "Pierre Tombal" ...Qui ne sont pas des séries avec lesquelles on peut déverser un humour quelconque qui risque de friser le mauvais goût. Le goût de l'aventure ? En tout cas surprenant et j'aime être surpris...
Donc, tout en craignant que l'arrêt fatidique décrété par Cauvin avec jet de l'éponge ne tombe un jour ou l'autre, je remercie le ciel des phylactères d'avoir retardé l'échéance à ce point...Et que Blutch et son sergent n'aient pas déserté plus tôt...
Alors c'est vrai que l'ami Raoul avait autant fait le tour de son métier qu'un Dupont-Moretti celui d'avocat avant que d'être ministre. C'est vrai que sur la fin le disque "s'usait" un peu, comme la main d' Uderzo, mais la musique était toujours présente. Alors nous asséner deux abrutis dans le numéro 65 à la place des Blutch et Chesterfield qu'on a toujours connus m'a causé un profond traumatisme ! Pire même que quand j'ai vu débarquer les premiers mangas vis à vis desquels l'allergie a été immédiate.! Je ne sais trop qui a préfacé ce numéro-cauchemar mais quand il le qualifie d'historique, c'est certain, c'est le dernier de ma collection et je cherche déjà à le revendre... Pas digne du mot "la suite au prochain numéro"
Quand on apprend qu'il a fallu qu'ils s'y mettent à trois pour pondre ça confine à l'abus de confiance ou de biens sociaux !
D'autant qu'ils semblent friands de termes comme Fake-News, Buddy-Movie, ou Geek dont je me demande si ça vit dans l'eau ou si ça pend au plafond , et qui me font craindre pour la richesse des "bulles" en français...
En deux mots, l'histoire est amorphe, soporifique et on a pas du tout d'empathie pour Russel, ce messager du diable. Ni d'ailleurs pour ces clones de cavaliers. Gabin disait : "Si t'as une bonne histoire, tu fais un bon film". Ça a toujours été le cas avec Cauvin. Hélas, là on est à des années-lumière de Salverius !
Le dessin qu'on nous présente serait peut-être "comestible" avec des personnages "créés pour", mais insérer nos tuniques dans ce labyrinthe désordonné d'images glauques, écrasantes, disloquées voire jetées ça et là comme des vignettes m'a donné la nausée ! Voir par exemple la tronche de Blutch qui ressemble à un œuf de Pâques, et qui semble copiée-collée dans les cases 3 et 6 !
Merci l'informatique et le dessin assisté par ordinateur ? Sans parler de certains personnages qui semblent comme pris aux 'forceps" tant ils sont étirés ! Et que de plans inutiles : même Arabesque semble victime d'une fièvre de cheval ! L'objectif était de ne pas singer le duo historique : pari gagné, on croirait revenus Laurel et Hardy !
Saint-Dupuis, je vous le dis, si vous poursuivez ce délirium-tremens dans la production, je change de chapelle et je fais comme le tandem Cauvin-Lambil : je jette l'éponge : en tout cas je cesse de charger inutilement ma bibliothèque de cet ersatz de BD... Désolé pour les auteurs mais c'est aussi raté que quand le grand vizir remplacé voulait être calife à la place du calife...Amen.
Je déconseille fortement aux amateurs, encore plus même que quand Spirou changea d'auteur.
Créée
le 3 janv. 2024
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