Ça commence comme une soirée tranquille entre amis. Florent et Léa se préparent à accueillir Alexandra et Jean-Fabrice pour le dîner. Léa fête ses 48 ans et accepte difficilement de vieillir. Le repas se passe bien mais au moment de se dire au revoir, La maîtresse de maison constate que son homme « bande comme un gros malade ». Elle en déduit, à tort, que « cette pute d’Alexandra », sa mini-jupe et son physique avantageux lui ont fait de l’effet. Commence alors une engueulade carabinée où les masques vont tomber et révéler un profond mal-être.


Une histoire de couple, donc. Un peu l’obsession de Jim, il faut dire. Ici, il détourne les codes du théâtre, installe ses « acteurs » dans un huis clos où un malentendu déclenche une réaction en chaîne aussi surprenante qu’incontrôlable. On a vraiment l’impression d’être dans une pièce de boulevard, avec ce décor d’appartement bourgeois, les portes qui claquent et le découpage en actes.


C’est drôle mais pas que. On déconstruit l’intimité d’un ménage où l’ambiance n’est pas au beau fixe malgré les apparences. On gratte des fêlures qui semblent s’approfondir à chaque page. Vingt-cinq ans que Florent et Léa sont ensemble. A l’approche de la cinquantaine, cette dernière s’interroge. Sur son pouvoir de séduction, sur le regard que porte sur elle son homme. Et elle s’agace, un peu trop rapidement sans doute. Florent encaisse, se défend et argumente. Mais rien ne semble y faire. Et la dernière page laisse augurer une suite « pimentée »…


Pas simple pour un dessinateur de réaliser 70 planches dans un seul et même décor avec les mêmes personnages, surtout quand l’intrigue tient davantage grâce aux dialogues qu’aux images. Lounis Chabane s’en sort avec brio, multipliant les mouvements de caméra, variant au maximum les postures et l’intensité des regards. Il joue aussi beaucoup sur les silences pour souligner les non-dits et la tension qui ne cesse de monter.


Étrange de « voir » du théâtre en BD. L’exercice est difficile. Mais la lecture se révèle particulièrement fluide, dynamique, vivante. Et la mise en scène tient la route du début à la fin. Du moins jusqu’au terme de ce premier tome. Pour la suite, il faudra attendre un peu. En espérant que l’entracte entre les deux albums ne durera pas trop longtemps.

jerome60
6
Écrit par

Créée

le 3 juin 2016

Critique lue 296 fois

2 j'aime

jerome60

Écrit par

Critique lue 296 fois

2

D'autres avis sur L'Érection, tome 1

L'Érection, tome 1
jerome60
6

Critique de L'Érection, tome 1 par jerome60

Ça commence comme une soirée tranquille entre amis. Florent et Léa se préparent à accueillir Alexandra et Jean-Fabrice pour le dîner. Léa fête ses 48 ans et accepte difficilement de vieillir. Le...

le 3 juin 2016

2 j'aime

L'Érection, tome 1
Objectif-BD_be
6

Critique de L'Érection, tome 1 par Objectif-BD_be

Jim s’est un peu érigé comme un spécialiste de la fresque humaine, de la capture des moments de vie qui font que notre séjour sur Terre est ce qu’il est. Si j’avais adoré « De beaux moments »...

le 9 août 2016

1 j'aime

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1