Chronique à lire accompagnée d'extraits et inédits sur : http://branchesculture.com/2017/03/22/lor-de-morrison-seiter-brecht-western-long-bec-chronique/
Nous vous avons pas mal parlé de westerns, ces derniers temps. Devinez quoi ? Ce n'est pas fini. On en a encore sous le pied. À commencer par le premier tome du diptyque de Roger Seiter et Daniel Brecht, L'or de Morrison. Ou comment, sur les vestiges de la guerre de sécession, un officier sudiste bien aidé va mettre au point un plan sans faille (du moins, il le croit) pour dérober la coquette somme de 350 000 $. Tout un programme et une chevauchée quasi... fantastique.
Résumé de l'éditeur : Même s’il a servi un drapeau qui aujourd’hui n’existe plus, le Colonel Marion Michaël Morrison n’en reste pas moins un excellent officier et le plan qu’il a conçu n’a aucune raison d’échouer. Avec ses hommes, il va attaquer ce fichu train, mettre la main sur les 350 000 dollars qu’il transporte, puis traverser la montagne pour rejoindre San Francisco et sauter sur le premier voilier en partance pour l’Australie. Une fois là-bas, lui et ses compagnons pourront enfin recommencer leur vie sur de nouvelles bases.
Tout était pourtant bien en place, les hommes ne manquaient pas pour faire face à un cheval de fer bien gardé. Non, vraiment, tout était réglé comme du papier à musique (morriconienne, bien sûr), toutes les traces effacées pour un meilleur nouveau départ, mais qu'est-ce qui a bien pu dérailler ? Bon, c'est vrai que sous les pas des chevaux lancés à toute allure, la poussière ne manque pas de... glisser quelques grains de sable dans la mécanique infernale des forfaits les plus audacieux. La loi d'un Ouest Sauvage qui ne fait de cadeau à personne, quel que soit le côté du drapeau que vous chérissez.
En ce cowboy fringuant et flinguant vers tous les genres qu'est Roger Seiter, ce jeune auteur qu'est Daniel Brecht (né en 1958 mais qui a attendu... 2013 pour publier son premier album) a trouvé un bon allié pour le conforter dans la poussière, le sang, les cavalcades et les gunfights qui font les grands westerns. Ici, comme dans les fromages belges, il y en a pour tous les goûts. Tous les éléments sont réunis : des Apaches très en colère, deux camps rivaux, l'appât du gain, une folle course-poursuite et une pluie de détonations. Quant à savoir dans quel camp le lecteur se situera, il le doute est permis. Et quitte à choisir, ne choisissons pas, exaltons nos envies de nous encanailler.
Car, au pays des canyons et des terres sauvages à perte de vue, Seiter et Brecht se sont trouvés, créant, dans un vieux pot culturel commun (comme il se doit pour les meilleures soupes), des personnages faits dans le meilleur bois, de ceux qui n'ont rien à perdre, et les emmenant dans une aventure sans temps mort. Après tout, ce n'est pas parce que le train est braqué qu'il doit arriver en retard ! Dans un écrin classique, Daniel Brecht (pas si loin d'un Denis Bodart) réussit à imposer un peu plus sa marque de fabrique faite d'expressivité, d'action, d'un cadrage qui fait mouche... Du spectacle qui ne met pas en péril son histoire, quoi ! Que demande de plus le peuple des hautes plaines ? Celui-là même qui sera servi deux fois puisqu'en mai, Brecht reviendra (avec Philippe Nihoul), cette fois, pour le premier tome des Ombres de la Sierra Madre chez Sandawe (extraits ci-dessous).