“Arrêtez votre cirque et sortez les ballons ! ÇA, le croque-mitaine de Stephen King est (ENFIN) de r

Chronique de Julien à lire avec extraits sur : http://branchesculture.com/2017/09/06/ca-it-clown-croque-mitaine-stephen-king-pennywise-film-cinema-2017-andres-muschietti-bill-skarsgard-reussite/


Au cas où vous vivriez dans un autre monde, sachez que débarque aujourd'hui sur écran "ÇA", d'Andrés Muschietti, extrêmement attendu par des millions de spectateurs, et lecteurs. Alors, pour l'occasion, petit focus sur la genèse du personnage, et surtout la critique de cette nouvelle incarnation du clown Pennywise !


1986, le maître de l’horreur Stephen King publie son treizième roman « Ça », après notamment avoir connu la gloire avec « Carrie », « The Shining », ou encore « Christine» et « Simetierre ». Roman le plus vendu aux États-Unis cette année-là, il raconte l’histoire de sept enfants de Derry (une ville fictive de l'État du Maine, aux États-Unis) alors terrorisés par une entité maléfique qu’ils nomment « Ça », afin de ne pas l’appeler par son nom de clown, « Grippe-Sou ». Cette entité, justement, est capable de prendre la forme des peurs les plus profondes de ses victimes, dont il se nourrit. Réputé comme complexe, le roman propose un récit alternant deux périodes de temps différentes, à vingt-sept ans d'intervalle, c’est-à-dire lorsque les personnages sont enfants puis adultes lorsque « Ça » revient les hanter…


En 1990, Tommy Lee Wallace a adapté le roman à la télévision en un téléfilm en deux parties, sortis aux USA en novembre 1990 sur ABC, et en France en octobre 1993 sur M6. Une adaptation assez fidèle mais plus light, tirant alors sa force principale de ses acteurs, notamment des enfants, mais surtout de l'interprétation de Tim Curry dans la peau de « Grippe-Sou » (« Pennywise » en VO), ayant alors terrorisé toute une génération de téléspectateurs.


En mars 2009, un grand magazine américain rapporte que Warner Bros envisage de porter à l'écran une nouvelle version du roman de Stephen King, bénéficiant alors d'une remise au goût du jour et de la technologie actuelle. En 2012, le réalisateur et scénariste Cary Fukunaga est engagé en tant que réalisateur et co-scénariste du projet avec Chase Palmer. Un projet qui sera abandonné par Warner Bros avant d'être repris par New Line Cinema. La société de production annonce alors ne vouloir plus en adapter qu'un seul et même film (question budgétaire). De quoi revoir les ambitions de Cary Fukunaga à la baisse, qui décide alors de quitter son poste de réalisateur, tout en chapeautant le projet et y en restant attaché en tant que coscénariste. Le film, en quête d’un réalisateur, subit alors d'énormes retards, laissant croire que le projet ne verrait jamais le jour... C'est sans compter un certain Andrés Muschietti qui connaît un succès commercial et critique avec son premier film « Mama », co-produit par un certain Guillermo Del Toro. Un premier film qui recevra notamment le prix du meilleur film au Festival international du film fantastique de Gérardmer en 2013. Vu l’exposition de son nom, il est alors engagé pour réaliser cette nouvelle adaptation, qui est alors lancée... et finalement sur deux parties. Une bonne surprise ! La première se concentrant sur l’enfance des personnages et la seconde, vingt-sept ans plus tard, à leur vie d'adulte.


Mais reste alors à répondre à une question importante : qui pourra camper le clown maléfique et ainsi succéder à Tim Curry ? Après des castings interminables, le réalisateur et sa productrice (et sœur) Barbara Muschietti ont enfin trouvé le « Grippe-Sou » de leur adaptation en la personne de Bill Skarsgård, le fils de l’acteur suédois Stellan Skarsgård (« Mama Mia », « Will Hunting », « Millénium » version Fincher), et le frère d’Alexander (« Tarzan » dernière version, ou encore la série « True Blood »). Décidément, dans la famille Skarsgård, outre le physique avantageux, on a aussi du talent ! Mais alors, que vaut cette relecture du roman à succès de Stephen King tant attendue ?


Au cas où ce ne serait pas encore clair, il ne s’agit pas là d’un remake de la mini-série, mais bien d’une nouvelle version du bouquin du maître de l’horreur. Dès lors, impossible de passer à côté de la comparaison par rapport à cette mini-série à grand succès ayant bâti une satanée réputation aux clowns. Et sans surprise, ce film n’a rien à envier à cette mini-série, le réalisateur et son équipe ayant voulu rendre avant tout hommage au livre culte, tout en lui étant fidèles.


Cette version ne joue fondamentalement pas dans la même cour que la mini-série, que ce soit en termes de travail visuel, bien plus crédible (même si celui effectué à l’époque, ne fut-ce que sur les maquillages, n’avait pas à rougir). Bien plus sombre et sanglant aussi, le cru 2017 n’est pas film à mettre devant tous les regards (il est interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux USA) et surtout pas ceux qui souffriraient de coulrophobie…


A l’instar de David F. Sandberg (Dans le Noir, Annabelle 2), Andrés Muschietti est un jeune réalisateur qui a plus d’un tour dans son sac lorsqu'il est question de mise en scène. Fan du roman, on le sent impliqué bien plus qu’il ne le faut, lui qui a parfaitement compris le monstre avec lequel il nous impressionne. Force est de constater que le film est avant tout une histoire d’enfants d’une petite ville qui tentent d’y trouver leur place, avec leurs différences, eux qui sont alors harcelés par des brutes sans scrupules. C’est un film qui parle de l’enfance et de ses frayeurs les plus profondes. Et ça, il semble que le démon l’ait bien compris, lui qui, à petit feu, tente de dévorer ses proies en jouant avec. Car pour pouvoir s’en emparer, celui-ci doit réussir à les effrayer. Mais pas de souci pour ça ici !


À travers une mise en scène dense et lugubre, une photographie d’époque, des décors adéquats (Derry, et son réseau d’égouts impressionnants), on découvre ici la personnalité de chaque membre du « Club des paumés », jusqu’à leur propre situation familiale, comme dans le bouquin, n’épargnant ainsi pas la violence d’un père, tandis qu’ils sont simultanément poursuivis et terrorisés par « Grippe-Sou », leur apparaissant alors suivant la forme de leurs peurs les plus profondes. Jouant de l’intrigue et de son monstre, Andrés Muschietti, bien aidé par trois scénaristes très inspirés, met alors en place un véritable enfer pour ses personnages, les apparitions de « Ça » étant de plus en plus envahissantes et… monstrueuses. Cela faisait longtemps qu’on n’avait plus vu un film de genre travailler (autant) la psychologie de ses personnages, ce qui nous permet dès lors de croire en eux et en ce qui leur arrive. Et on passera sur les quelques incohérences scénaristiques très vite effacées par l'efficacité de cette première partie.


À l’écran, à défaut d’une peur viscérale nous traversant, le film se vit à hauteur d'enfants, et se ressent tel un tour de force visuel et majeur dans le genre, parsemé d’artifices de plus en plus impressionnants. À vrai dire, les fans seront comme des gosses devant ce film dont on profite allègrement.


Au niveau des interprétations, il n’y a pas à dire : la direction des acteurs prend la mesure des scènes renfermant pourtant un nombre considérable de personnages, dynamiques pour se renvoyer la balle à tour de rôle. Au dessus du lot, l’interprétation de Bill Skarsgård est aussi terrifiante que celle de Tim Curry, si pas davantage. Que ça soit à coups d’arrivées en fanfare ou de gros plans sur le visage, Skarsgård se veut habité et... épatant.


Alors même si nous connaissons tous l’histoire, rien de tel que de la redécouvrir ici, entre les mains d’un réalisateur passionné mais pas phagocyté par sa référence, utilisant parfaitement ses ingrédients pour en créer quelque chose de particulièrement choquant. Et vu le carton mondial annoncé, préparez-vous à découvrir le chapitre deux de l’histoire, par la même équipe, d'ici peu (2019 si tout va bien) ! Ce n'est pas pour rien que Stephen King, lui-même, a dit que cette adaptation allait au-delà de ses attentes ! Pas de doute là-dessus : « Ça » est bel et bien revenu !
 
 

Créée

le 6 sept. 2017

Critique lue 1.3K fois

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