Une bonne histoire en quatre tomes.
Si l’on peut considérer dans l’ensemble que L’HOMME DE JAVA est réussi, ce n’est cependant pas convaincant de manière homogène. Les deux premiers tomes par exemple sont plus faibles que les deux derniers, mieux construits et plus aboutis. Rebelle (le premier) présente le cadre et les personnages comme il se doit, mais c’est du déjà vu. Le deuxième album est sans doute le moins passionnant. Livingstone est en Australie et se trouve confronté aux Aborigènes qui le poussent à faire un parcours spirituel assez pénible à mon goût (c’est d’ailleurs cet aspect initiatique sentant la philosophie à trois ronds qui me gêne le plus dans cette histoire). L’Australien est un album durant lequel le personnage fait du sur-place. On perd un peu son temps.
Le troisième album (Pirates) est certainement le meilleur. D’un point de vue graphique premièrement et par le sujet ensuite. Si Gabrion a beaucoup de mal à rester constant lorsqu’il s’agit de dessiner des personnages (une case sur deux Belles-Dents a un cou de femme girafe et les visages sont souvent ratés - Eugène et Martha en tête, comme le sergent et le brigadier dans l’album précédent), il reste en revanche très inspiré dès qu’il s’agit d’insuffler une ambiance palpable dans ses décors. Le repaire des pirates et la mise en couleur sont excellents. L’atmosphère lourde et pesante de la jungle durant la mousson est parfaitement restituée. On s’y croirait. C’est également dans cet album qu’apparaît le personnage de Malim, le nouveau compagnon de route de Herbie, qui donne un peu plus de souffle et une touche de légèreté au récit, trop rigide auparavant.
Le dernier album conclut l’ensemble de manière satisfaisante mais laisse toutefois un léger goût d’inabouti, et non d’inachevé. Le sujet est original et il est dommage que Pierre-Yves Gabrion n’ait pas plus porté l’accent sur les recherches du pithecanthropus erectus et le trafic de fossiles par les triades et les pirates au lieu de perdre du temps avec des machins mystico-spirituels un peu pompeux.