La Mort et le Mourant s’ouvre sur un hommage très appuyé à Walking Dead, avec la fin d’un film de zombies où les héros sont prénommés Rick, Lori et Shane, ledit Rick étant interprété par Serge Lapointe, acteur canadien à la carrière terminée, qui tente lors d’un festival gore à Saint-Petersbourg, de prolonger la magie de sa gloire passée.
Au lendemain d’une nuit arrosée, l’homme blasé se réveille dans
une ville infestée de zombies
où l’armée fait le ménage sans distinction. Décidé à s’en sortir, Serge Lapointe se retrouve à pied dans les rues, à la merci des morts-vivants, en quête d’un lieu où se mettre à l’abri avec les quelques survivants qu’il rencontre. La rumeur court que l’aéroport a été sécurisé.
Il n’y a que des enfoirés qui peuvent survivre à cette merde. Les
gens bien meurent en sauvant ceux qu’ils aiment. Quand ce virus aura
tout bouffé, le monde sera peuplé de gens comme moi.
One-shot assez réussi,
spin-of d’une série en cours du scénariste Olivier Peru avec un autre artiste, le tome zéro développe une histoire simple, celle de la survie immédiate à l’invasion soudaine du virus, et tente le parallèle entre le personnage et l’acteur : où celui qui fut tant de fois le héros de métrages gores faillit dans la réalité. Serge Lapointe, acteur vaniteux et aigri, s’enfonce jusqu’à l’espoir de rédemption au cœur du carnage, jusqu’à cette occasion d’accomplir un vrai geste héroïque. Qu’il laisse filer. Incapable de ne pas céder à l’égoïste instinct de survie au moment crucial, et dramatiquement conscient d’abandonner là une part de son humanité.
Jusqu’à la semaine dernière, j’existais plus, je tombais, j’étais
comme mort… Et aujourd’hui je m’agrippe à la vie, comme un alcoolique
à sa dernière bière. Putain, je veux pas mourir…
Le dessin de Lucio Leoni est classique, trait fin et propre, net et précis, les personnages marqués par la bande-dessinée européenne contemporaine, mais certains apports numériques créent des aplats laids et le montage, certes fluide, n’est guère inventif. L’ensemble manque cruellement de personnalité et de relief. De chaos, de sang et de sueur.
Le volume est plaisant, un must read pour tout amateur de scénario apocalyptique mais les véritables aficionados de zombies ne s’y tromperont pas, les meilleures scènes sont empruntées chez d’autres, Walking Dead et George A. Romero en tête, et le personnage prend trop nettement le pas sur l’ambiance, l’équilibre n’y est pas.
Plutôt réussi oui, mais
ni original ni extraordinaire.