1850 – Comté de Nottingham
Miss Sutherland s’en est allée. Elle lègue à ses deux petites filles tous ses biens. Pourtant le partage qu’elle fait offusque Olivia, l’une des deux. Lady Clara, seule héritière du domaine, se retrouve seule à s’occuper de la vaste propriété. Malgré son bon vouloir, les galères s’accumulent.
Porté par un graphisme éblouissant, ce sombre récit nous plonge dans les tourments de la société bourgeoise anglaise du XIXème siècle. C’est un ouvrage que l’on croirait volontiers tout droit sorti d’un roman de Jane Austen. La condition féminine y est dépeint avec vigueur. La femme de l’époque est considérée dans la société essentiellement au travers de sa beauté. La femme bourgeoise ne vit alors que pour se marier avec un homme qui pourrait lui apporter une situation financière confortable et un prestige mondain. Si Lady Olivia embrasse les mœurs de son époque, Clara quant-à-elle attache beaucoup d’importance à maintenir le domaine et ainsi honorer la mémoire de ses aïeux. Mais celles que se refusent à la pêche au bon parti doivent s’attendre à rencontrer de nombreux obstacles…
C’est avec beaucoup de justesse que Barabara Baldi nous livre une histoire simple mais puissante. Les dessins somptueux expriment avec violence et passion le désespoir de Lady Clara. Cette bande dessinée laisse libre cours à la force évocatrice de l’illustration pour nous chambouler. A l’image d’un cinéaste, Barbara Baldi attire notre regard sur des détails évocateurs, établit des zooms de regards déchirants et soigne chaque plan comme si c’était le dernier. Chaque case constitue une pièce magistrale d’un puzzle dramatique menant à un dénouement impérieux.
SPOILER : Dans cette tragédie où l’art apporte une note d’espoir aux tourments de Lady Clara, Orgueils et préjugés sont plus que jamais rois en leur demeure.