Le Martin Scorsese de la bande dessinée

Will Eisner et moi, c'est une grande histoire d'amour ! Je lisais ses aventures du Spirit dès que j'avais des couches et je continue à me délecter des enquêtes de l'esprit de Central City ( sans les couches, bien sûr ^^). Un jour alors que je trainais dans la bibliothèque de mon père, à la recherche d'un Tintin ou d'un Lucien ( tiens, ça rime ), je vis une couverture magnifique ! On y voyait un couple, assis tous les deux sur une cheminée, avec comme couleur primaire : le bleu. Mais un bleu d'une telle pureté, d'une telle poésie, que si j'avais découvert la BD à l'âge que j'ai actuellement ; je pense que j'aurais pleuré...

Mais bon, revenons au comics ! De quoi parle t-il ? Hmmm ? Et bien c'est l'une des particularités de cet œuvre. Il n'y a pas réellement d'histoire, juste des petites mésaventures comiques, tragiques, ironiques ou juste... normales
Mais chacune ont un fil rouge bien particulier : New-York !

Et c'est là que l'on voit tout le génie d'Eisner ! Ce dernier à parfaitement compris cette ville. Il arrive à donner une beauté et une poésie urbaine absolument fascinante, même une poubelle devient une sculpture moderne sous son coup de crayon ( pour vous dire le talent du gars ). À travers Big City, on découvre différents mondes, différentes visions de NYC. Une femme se faisant violer sous le regard d'un vieux couple ne sachant que faire, des enfants s'amusant avec une bouche d'incendie, une histoire d'amour silencieuse, un vol à main armé, etc,...

Malgré les défauts ( très présents ) de la Grosse Pomme, Will Eisner nous donne envie d'habiter dans cette ville, car il donne une beauté fantastique à cette dernière,. C'est ce côté crade, sale que l'on retrouve aussi chez un de mes réal' préférés : Scorsese, notamment dans : Taxi Driver, After Hours, À Tombeau Ouvert ou même New York New York ( mais bon, tout est dans le titre ).
Ce New-York dégeu mais naturelle et urbain dans lequel on a envie de se balader et de vivre la meilleure nuit de toute sa vie ! D'ailleurs, je me suis toujours demandé si Scorsese était un fan d'Eisner, car je trouve que les deux ont tant de points communs dans leurs thèmes et leurs persos, que je serais curieux de savoir. A checker ^^

Mais reprenons la critique, voulez-vous ?

En plus de faire de New York un personnage à part, voir le héros de ses histoires, Willie ( oui je vais l'appeler comme ça ), nous montre une galerie de personnages divers et variés : des fous, des idiots, des sensibles, des connards, des pervers, des poétiques. Chacun montre ici, ce qu'est La Ville qui ne Dort Jamais, une cité où il peut tout y avoir, où rien ne semble jamais s'arrêter. Tous ces habitants sont humains, avec des défauts et des qualités, tout comme peut l'être la ville. On y retrouve ici un théme déjà présent dans le Spirit, avec les relations humaines à la fois réalistes et grotesques, que l'on retrouvera aussi dans L'appel de l'Espace ou Un Pacte avec Dieu, qui sont tout aussi bon que Big City ( mais si j'ai plus préféré Un Pacte avec Dieu ).

Mais la chose le plus triste avec cette BD, c'est que le New York d'aujourd'hui n'est plus comme ça, il n'y a plus de poésie urbaine, plus d'enfants faisant des bêtises dans leur quartier, tout est surveillé par caméra. Il n'y a plus de liberté et je pense qu'aucun auteur ou réal' ne pourra donner une quelconque beauté au NYC moderne.

Bref, selon moi, Big City est l'une des œuvres, si ce n'est, la plus personnelle de son auteur. Et pour cela, je pense qu'il faut lire ce comics et entrer dans le monde génial et flippant de Will Eisner.

Points positifs :
- Un dessin magnifique
- Des histoires où tout le monde trouvera son compte
- Une retranscription parfaite et fantasmée de New York
- Des protagonistes réalistes
- À la fois triste et joyeux

Points négatifs :
- Rien à l'horizon
- Non, sincèrement
- 10/10, ça veut dire parfait, donc rien à dire !