Sur fond de réflexion sociale, François Ravard et Aurélien Ducoudray réalisent une heure noire, sombre, haletante et prenante mais où la réflexion et le scénario ne sont pas les grands gagnants.
Louis Meunier est ouvrier, comme son père et son grand-père. Il travaille dans un abattoir. Un jour, il fais la connaissance de Suzanne, la secrétaire du patron. Ils tombent amoureux l'un de l'autre et se marient tandis que Jean-Claude, le frère de Suzanne, cadre dans la même entreprise, surveille Louis et l'invite à le rejoindre dans des affaires plutôt sombres.

La Faute aux Chinois peint l'évolution d'une famille d'ouvriers. Un couple banal, une fillette avec des problèmes de santé, un beauf envahissant. Et la noirceur surtout dans plusieurs de ces êtres. Mais dans le même temps, même si on voit l'évolution du parcours, le changement de relation, les évolutions de statuts. On ne peut que regretter que l'aspect social de l'ouvrage passe au second plan assez vite.
En effet, la BD est principalement lié au genre policier, l'ambiance est sombre, il y a un air de thriller. Le milieu ouvrier et les réflexions sur l'évolution sociale apparaissent bien plus comme un cadre ainsi que comme un prétexte pour certaines situations. Mais le problème de fond n'est pas traité, ce qui est dommage, car vu le démarrage de la BD on pouvait s'y attendre.

La BD tire d'ailleurs beaucoup de notions du milieu du roman noir. Que ça soit le graphisme, qui renvoie directement aux séries policières, notamment les visages, ou que ça soit la trame narrative, prenante au possible qui captive le lecteur, on est directement dans une série policière.
Malheureusement, malgré ces nombreuses qualités ainsi que la complexités psychologiques de plusieurs personnages, j'ai trouvé le résultat un peu trop gratuit et un peu trop hors-sujet.

On devine une amorce d'une réflexion sociologique qu'on a jamais. L'aspect "policier" apparaît comme relativement exagéré. Certaines trahisons ne sont ni expliquées, ni justifiées. On s'étonne de plusieurs évolutions. Et à la fin on se demande où cela nous a mené. Une fin de récit, certes, mais cette fin parait elle justifiée ? Et si on s'était arrêté 30 pages plus tôt la fin aurait elle était moins bien ? Non, juste différente.
Le problème est bien téléologique. On ne voit pas vraiment où Ravard et Ducoudray nous amènent, où ils voudraient nous amener réellement. Et on ne le comprend pas d'avantage une fois le récit lu en entier.

La Faute aux Chinois est un récit sympathique et captivant mais qui déçoit à cause de la grandeur qui pouvaient se lire au début, dans les cases, et les promesses qui apparaissent comme non respectées bien qu'elles ne furent jamais prononcées.
mavhoc
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le 9 nov. 2014

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