On ne présente plus le Club des Cinq, cette série de romans pour enfants qui résiste vaille que vaille au temps. Créée par Enid Blyton dans les années 40 et reprise avec un énorme succès dans la décennie suivante en France, les 21 volumes ont été en permanence réédités dans la Bibliothèque Rose d'Hachette, les textes plusieurs fois actualisés et simplifiés (on est passé par exemple du passé simple au présent) et Claude Volier écrivit 24 autres volumes pour les insatiables francophones.
Il exista d'ailleurs une version mixte, texte et BD sur double page, en miroir, dans les seventies. Les dessins étaient commis par Jean Sidorbe alias Georges Levis, créateur d'œuvres érotiques fameuses.
Béjà et Natael se sont remis à une nouvelle adaptation 9ème art en reprenant la série par ordre chronologique. Les histoires du Club sont ancrées dans l'après guerre et difficile à moderniser (c'est peut-être plus facile en roman). Les enfants n'utilisent évidemment aucune technologie actuelle qui changerait complètement l'intrigue et les relations familiales sont imprégnées de patriarcat.
Les auteurs ont réussi leur coup. Ils ont laissé the famous five dans leur époque, en reprenant la situation géographique de la version française qui est la Bretagne et non l'Angleterre. Le dessin "ligne claire" est superbe. Il faut savoir que Béjà avait déjà repris Bécassine avec talent. Le texte en voix off garde le charme désuet du phrasé de l'époque. La première vignette commence par exemple par "Astiquée par un vent frisquet pour la saison, l'atmosphère brillait de tous ses atours".
Le découpage et la mise en scène est riche et permet un rythme assez haletant pour plaire aux impatients que nous sommes devenus au XXIème siècle gavés et gâtés.
On retrouve donc la simplicité des intrigues de l'écrivaine britannique, avec beaucoup de fraîcheur et un charme fou. Deux albums sont parus.
Une très belle réussite. Pour les nostalgiques et pour les autres.