Le Labyrinthe de Morphée par Liehd
Cités étranges, labyrinthiques, coupées de tout, communautés autarciques, autistiques, trop accueillantes ici, trop sur la réserve là, conspirations, intrigues, noirceur, mystères, souffrance, tristesse, mort, rédemption, poids, solitude, identité, réel… Voilà ce qui vous attends les bras grands ouverts si vous vous avisez de suivre le très androgyne Michiru Seaba et de son androïde-Wokalon Roidy, en pèlerinage vengeur sur les traces de son défunt amour, tuée dans des circonstances qui le hantent encore, à la frontière-même entre folie et clarté d’esprit. Confronté à des meurtres aussi violents qu’inexplicables, hésitant entre naïveté et déviance à doubles-facettes, qu’il arpente les rues idylliques de Lunatic City (God Save the Queen) ou les méandres obscurs de l’île Saint Jacques (le Labyrinthe de Morphée), c’est d’abord et avant tout lui-même qu’il recherche. Son passé. Son avenir. Simplement : une raison.
Adapté d'une série de romans extrêmement populaires au japon et servi par un style nerveux, chargé, artificiel et monochromatique, le propos sort tant des sempiternels sentiers battus qu’il distille au fil de pages magnifiques une ambiance unique, trouble, poético-malsaine, qui rappellera un peu l'Âge de Cristal aux plus vénérables d’entre vous, et si les aspects policiers de l’intrigues sont somme toute assez secondaires (pour ne pas dire anecdotique), l’ensemble ne peut manquer de laisser une drôle d’impression, entre le trouble, la nostalgie et l’inquiétude, au point qu’on en redemanderait encore, et encore, et encore…
Autant dire qu’au milieu d’une production manga souvent désespérément monotone, ces deux opus sont à lire et relire absolument.
On ne pourra ensuite que rêver d’une improbable adaptation en animé… (soupir...).