Qu'est-ce qu'un poète ?
Entre autres choses, un explorateur de la page blanche.
Un explorateur du monde comme toujours virginal,
C'est un philosophe !
Gageons que Rahan avec sa carrure, son allure, son nom qui tient du cri, est peut-être l'un et l'autre.
Le Pays à Peau Blanche, s'il suit Le dieu Mammouth, ne traite pas de racisme ou d'intolérance. Il rejoint les origines de la collection, retourne à la source : Le Secret du Soleil.Comme dans ce premier récit, la poésie prend toute sa place. Mieux cette fois, elle s'associe avec le regard du philosophe.
Ainsi l'onomastique poétique de Rahan se fait le procès-verbal, l'expression de sa surprise, de son étonnement. La neige devient une "peau blanche" qui se greffe à la terre, qui, tantôt amie se fait douce et invite au jeu, tantôt ennemie sournoise emprisonne les radeaux et les coutelas. Elle revêt d'ailleurs un aspect diabolique puisqu'elle génère des "mouches blanches". Solide, elle peut être sculptée et rendre croyant le plus athée des non-croyants, Rahan, apeuré et en manque d'affection s'inventant une divinité protectrice.
Ainsi, Rahan rencontrera aussi des hommes-baloua, hommes-ours, homme revêtus d'une peau d'ours: les habitants du pays à peau blanche constituent eux aussi une source d'étonnement chez le bon sauvage pionnier des explorateurs. Ils vivent dans ce monde où l'on marche sur l'eau glissante et où les objets peuvent se déplacer seuls pourvu qu'ils tombe à même la glace. Une glace et une neige sur laquelle Rahan apprend à se déplacer à l'aide d'un radeau d'un nouveau genre: la luge !
Très poétique, touchant, rappelant à l'enfance, Le Pays à Peau Blanche est un véritable Rappel à l'ordre de Cocteau qui rompt pour nous l'accoutumance.
Très philosophique, faisant de Rahan plus que jamais un bon sauvage voltairien, Le Pays à la Peau Blanche ré-invoque à travers ses yeux l'étonnement qui fait le philosophe.
Le meilleur des Rahan depuis le récit inaugural, le Rahan qui donne envie d'en lire plus dans cette veine !