La troisième tentative (de retrouver la magie perdue de Spirou...) est passée bien prêt du succès : un graphisme réussi de Tarrin, très proche de celui du Franquin de la grande époque, un retour pertinent à un Champignac post-Zorglubien, garantissent d'emblée notre bonheur (frileux, conservateur, certes, mais les derniers essais de modernisation de Spirou avaient été si décevants que ce classicisme séduit !). Et puis, l'idée lumineuse de Yann et Tarrin : introduire la modernité et le regard critique en questionnant la sexualité de nos deux héros archétypaux : heureusement, pas en renouvelant les tentatives gauchistes ridicules des années 80 qui avaient vu Tintin partouzer et se faire sodomiser, mais en affrontant avec pudeur l'homosexualité latente de la BD Belge des années 50-60... On verra donc ici Seccotine, moderne et sexy en diable, tenter en vain de séduire Fantasio et de lui ouvrir les yeux sur ses relations ambiguës avec Spirou, avant de devoir se contenter d'une nuit d'amour avec ce dernier, pâle et fragile substitut (avec un génial coup de hors champ "Lubitschien" !). Rien que pour cela, "le Tombeau des Champignac" est indispensable ! Dommage que le scénario, chaotique et incohérent, ne conduise pas "à bon port" les aventures plus traditionnelles de nos "gentils" héros, désormais dépucelés... [Critique écrite en 2008]