J’aime bien Coco, je n’aime pas Enthoven, mais surtout je ne comprends pas ce projet collaboratif d’adapter de manière franchement rustre le Banquet de Platon en BD. Le but est d’illustrer de manière caricaturale, avec un propos simplifié dans le fond comme dans la forme, le célèbre texte de Platon.
Je ne comprends pas, car ça serait oublier que Platon est un auteur de génie, dont la plume est là pour épouser et sublimer sa philosophie. Enlever sa plume à Platon c’est lui retirer une part non négligeable de son intellect, de sa philosophie, c’est ne pas comprendre la minutie platonicienne.
Je ne comprends pas parce que simplifier le texte, simplifier le fond, ce n’est pas le rendre plus accessible. C’est proposer quelque chose de plus simple, de plus grossier, de moins subtil, de moins technique, de moins profond et de moins vrai. Ainsi, cette BD nous montre un propos sur l’amour comme pour dire « déjà dans l’antiquité, on réfléchissait à l’amour » … On loupe donc le vrai sens : « c’est parce que ce livre parle de l’amour d’une manière unique et non pas juste comme nous, qu’il a survécu aux siècles ». On ne voit donc nullement la spécificité du texte dans cette adaptation.
Enfin, et surtout, je ne comprends pas qui est le public ciblé ? Quelqu’un qui n’a jamais lu le Banquet ne comprendra rien à cette adaptation et n’en aurait aucun intérêt. Quelqu’un qui l’a lu verra les défauts évidents.
En fait, seuls des anciens lecteurs lointain de Platon, ayant oublié la philosophie mais aimant bien Enthoven pourraient y trouver leur compte.
Autant dire que je suis à des années lumières de ce public là.