La guerre froide à hauteur d’enfant

La collection « Le fil de l’histoire », éditée par Dupuis, vulgarise sous forme de bandes dessinées des sujets historiques de manière à les inscrire à hauteur d’enfant. Dernier exemple en date : Le Mur de Berlin, qui revient sur la guerre froide et met en lumière ce qui présida à la scission de la capitale allemande après la Seconde guerre mondiale.


C’est Ariane et son fils Nino qui nous racontent en une petite quarantaine de pages l’histoire du Mur de Berlin. Des jeux d’influence entre Américains et Soviétiques sur l’Europe après la Seconde guerre mondiale résulta une Allemagne coupée en deux et une ville de Berlin scindée en quatre zones (trois occidentales et une soviétique). Pour éviter les départs aussi interdits que fréquents de l’est de Berlin vers l’ouest, l’URSS décide en août 1961 de troquer les clôtures et les checkpoints déjà en place contre un mur bien tangible, de 3,6 mètres de haut, qui sera renforcé durant vingt ans, notamment avec des barbelés, des miradors, des grillages électrifiés et des espaces sableux minés. Beaucoup tenteront de franchir la frontière entre les deux Allemagnes : en se cachant, avec des papiers falsifiés ou via des tunnels clandestins. 5000 personnes auraient ainsi quitté la RDA et quelque 200 seraient mortes en essayant de le faire.


Si Sylvain Savoia donne ses formes à cette bande dessinée, on doit son texte à Fabrice Erre, docteur en histoire et professeur d’histoire-géographie. Le résultat est didactique : le (jeune) lecteur en apprendra davantage sur la guerre froide, la Stasi cherchant à démasquer les bruits des « perceurs », Conrad Schumann fuyant à l’ouest, Honecker se montrant intransigeant, les familles séparées des deux côtés de Berlin, une communication gouvernementale maladroite aboutissant à la chute du Mur, etc. Une double page attirera par ailleurs l’attention. Elle présente les deux Berlin face à face : à l’ouest, la jeunesse s’active et les progrès économiques permettent à la ville de se moderniser ; à l’est, l’apathie est de mise, même si le pouvoir en place édifie des bâtiments immenses pour témoigner de la force du régime communiste. Une sorte de village Potemkine où l’apparat de la pierre cache la misère des foyers.


En appendice de cette bande dessinée figurent des présentations de quelques personnages historiques – Willy Brandt, Erich Honecker… –, des repères chronologiques et des explications sur le Rideau de fer ou les moyens de passer le Mur. Cela permet de pousser plus avant le travail de pédagogie et d’expliciter certains éléments rencontrés en cours de récit. Cette lecture est précieuse en ce sens qu’elle éclaire un moment d’Histoire de manière ludique.


Article publié sur Le Mag du Ciné.

Cultural_Mind
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le 25 sept. 2019

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