Les Ambassades - 9/11, tome 4 par Eric17

« Les ambassades » est le quatrième des six tomes qui composeront « 9/11 ». Cette série est le fruit de la collaboration d’Eric Corbeyran, Jean-Claude Bartoll et Jef. Les deux premiers se chargent du scénario. Le troisième s’est chargé des dessins en profitant du travail de Jocelyn Charrance sur les couleurs. C’est la présence de Corbeyran sur la couverture qui m’a attiré vers cette saga. En effet, il s’agit d’un auteur que j’apprécie particulièrement depuis que j’ai découvert « Le chant des stryges », « Le maitre de jeu » ou encore « Uchronie(s) ». C’est ainsi que je suis parti à la découverte de cette nouvelle histoire construite autour d’un des événements marquants des vingt dernières années. Ce quatrième épisode est apparu dans les rayons au mois d’avril dernier. Edité chez « 12 bis », l’ouvrage a un prix proche de quatorze euros. La couverture nous présente un amas d’objet : une carte de l’Afghanistan, une caméra, un téléphone, quelques pièces ou un passeport par exemple. Voilà des objets qui vont trouver leur place sans mal dans cette grande toile d’araignée géopolitique…

La quatrième de couverture présente le synopsis suivant : « Dans la nébuleuse des réseaux politiques et financiers, les rencontres les plus improbables et inattendues ont lieu. Entre fous de Dieu et banquiers respectables, entre grands pétroliers et argentiers du terrorisme, se joue un jeu périlleux et, quand la récréation est finie, le pire cauchemar devient possible ! 9/11 est un thriller géopolitique qui nous entraîne dans les arcanes du terrorisme, des services secrets, des multinationales et de la finance internationale. C’est une partie de billard à plusieurs bandes où manipulations, cupidités, idéologies religieuses et politiques nous conduisent irréversiblement au 11 Septembre 2001… »

Le titre de la série est sans équivoque. L’histoire se construit autour des attentats du 11 septembre. La saga se décompose en six albums qui marquent la marche inéluctable vers ses terribles événements. L’évolution est donc chronologique. L’épisode qui nous intéresse aujourd’hui débute en 1997 avec un attentat subi par des touristes en Egypte. La première page nous annonce soixante-deux morts exécutés par un commando de six hommes. Il nous est également précisé que le massacre dura quarante minutes. Les différents événements se sont réellement déroulés et ce réalisme participe à l’attrait et à l’intensité de la lecture.

Il est assez évident qu’il s’avère indispensable de lire une nouvelle fois les trois premiers albums pour maitriser tous les tenants et les aboutissants. En effet, la trame est dense. Elle fait intervenir beaucoup de protagonistes aux interactions complexes. On découvre donc Oussama Ben Laden, Bill Clinton mais également tous leurs alliés, leurs collaborateurs, des industriels, des banquiers, des agents de la CIA, etc. Bref, l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. C’est le moins qu’on puisse dire. Par contre, la densité fait qu’il m’apparait indispensable d’être bien réveillé quand on se plonge dans la lecture. Les informations sont nombreuses et sont distribuées avec un rythme soutenu. Le fait que la narration soit omnisciente fait que chaque événement nous est présenté par le point de vue de chaque camp. Cela offre une vision globale mais qui demande une digestion régulière. Je trouve donc que le scénario s’avère passionnant. Il semble être le fruit d’un travail de recherche certain. On pourrait trouver le propos parfois un petit peu bavard et magistral. Je ne l’ai pas ressenti. Je trouve qu’au contraire les scénaristes arrivent à nous irriguer en événements sans jamais nous noyer. C’est une performance.

Au-delà de l’attrait géopolitique et historique de l’album, notre lecture possède d’autres intérêts. Un des principaux est l’atmosphère qui nous envahit quand nous sommes immergés au beau milieu de ces événements marquants de notre histoire récente. L’intensité est forte tout au long du tome. Quand on est dans les pas de Ben Laden, on ressent de l’inquiétude et de la peur à voir cet homme tisser sa toile terroriste. Parallèlement, on s’irrite de voir les dirigeants américains refusés de croire en la menace abritée en Afghanistan. Le fait de connaitre l’issue rend d’autant plus forts ces sentiments. J’avais ressenti la même chose en regardant le film « Walkyrie » dont on espérait que la fin ne serait pas celle qu’on connait pourtant et qui est inéluctable. « 9/11 » construit une partie de son intérêt sur un mécanisme proche.

Les illustrations sont importantes dans ce type d’histoire pour plusieurs raisons. La première est que certains des protagonistes nous sont connus et qu’on se doit de retrouver dans le trait de Jef l’image réelle qu’on a de chacun d’entre eux. Je trouve que les dessins sont de meilleure qualité sur ce plan là que dans les opus précédents. Jef semble avoir pris possession de l’identité graphique de ces « célébrités ». D’autre part, il est important de donner une personnalité dans le dessin à chacun des personnages qui gravitent dans l’intrigue. Il est important, vu le grand nombre d’intervenants, d’arriver rapidement les différencier et à se les approprier rapidement pour ne pas se noyer dans le contenu. Enfin, Jef fait vivre avec une réelle aisance les différents décors qui agrémentent la narration. Que ce soit les déserts montagneux d’Afghanistan, les palais saoudiens ou les bureaux américains, tout participe au dépaysement occasionné par la lecture.

En conclusion, « Les ambassades » confirme la qualité entrevue dans les trois premiers épisodes. « 9/11 » est une série à l’intérêt constant qui ravira les adeptes du genre. Je peux comprendre aisément que tout le monde ne soit pas attiré par le côté non fictif de la trame. Malgré tout, cela peut se lire comme un thriller dense et habilement construit qui offre un travail intéressant sur un événement qui a marqué tous ceux qui ont découvert ces terribles images à la télévision il y a une vingtaine d’années…

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Eric17
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le 28 juil. 2012

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