Imaginez qu’un médicament vous permette de faire de vos défauts et handicaps vos principaux atouts. C’est avec cette idée de départ que Tonino Benacquista et Nicolas Barral ont réalisé le one-shot « Les Cobayes » publié en Janvier 2014. Ayant déjà collaborés avec la série d’humour « Dieu n’a pas réponse à tout », les deux auteurs ont décidé de s’essayer à un ton plus dramatique avec cet album. Avec succès ?
Scénario : Les trois personnages principaux, traversant chacun une mauvaise passe, décident de se proposer comme sujets d’expérimentations pharmaceutique, pendant 20 jours, pour 3500 euros, afin de tester un nouveau médicament à fort potentiel. La première partie de l’album s’articule autour de ces vingt jours qui ne sont pas de tout repos pour eux, tandis que les deux parties suivantes montrent les effets de ce médicament sur le long terme, radicaux et permettant une montée dans l’échelle sociale pour leurs trois consommateurs. Une narration qui se veut très efficace, où chaque case fait avancer le récit sans temps mort et nous permet d’en connaître le maximum sur les trois personnages qui ont chacun la même importance dans l’histoire.
Dessin : Un style épuré parfaitement maîtrisé. Barral arrive à donner vie à ses personnages avec des expressions variés et des cadrages judicieux la plupart du temps. Mention spéciale au docteur qui organise les essais pharmaceutiques, dont le visage marque instantanément. Les décors ne sont d’ailleurs pas en reste, et l’auteur arrive sans les détailler à les rendre crédible et plaisant à regarder, comme avec la place du Doge de Venise. Enfin, le tout s’accorde particulièrement bien avec une mise en couleur simple et astucieuse.
Pour : Voulant pointer du doigt les méthodes inexcusables des entreprises pharmaceutiques, la première partie n’est pas tendre avec ces docteurs qui mettent le progrès la recherche scientifique avant le confort de leurs « cobayes ». En changeant le cadre et les thèmes de l’album pour les deux parties suivantes, les auteurs donnent une ampleur inattendue à leur histoire…
Contre : … Mais les quinze dernières pages de l’album laissent perplexe. Pourquoi les docteurs de l’entreprise pharmaceutique se mettent-ils à avoir des états d’âmes, comme s’ils en avaient eu en début de récit ? La fin paraît alors précipitée, comme si le scénariste ne s’était pas assez (ou trop) creusé la tête pour conclure le récit.
Pour conclure : En demi-teinte pour sa conclusion, le scénario de l’album « Les Cobayes » n’en demeure pas moins original et inventif, en plus d’être généreux en rebondissements. Le dessinateur Nicolas Barral est en tout cas en grande forme en plus d’être prolifique, et la qualité de ses planches grandit à chacune de ses nouvelles publications.