À quand un Buck Danny qui prend du crack pour oublier les horreurs de la guerre ?
Voilà un tome intéressant pour son contexte. Nous quittons les terrains de guerre, nous abordons la crise sociale, la montée du chômage, le traitement des soldats après la guerre. C'est assez sordide. Mais jamais traîté avec misérabilisme. Une réalité assez déconcertante quand on se dit que cette BD est destinée à un public jeune.
L'intrigue est assez intéressante, encore que la première moitié est un peu trop étirée. N'empêche que Charlier exploite assez bien chaque situation, ne bouscule pas les choses, prend son temps pour raconter son histoire. Bon les gaffes de Sonny en tant que générateur de conflits agacent parfois, ce n'est pas la première fois dans la série, de même que la ressemblance entre Buck et Tumbler est troublante au point de se demander si ces deux personnages n'auraient pas dû être un peu plus différenciés, néanmoins ces 3 larrons fonctionnent ensemble. D'ailleurs ça fonctionne mieux qu'une équipe par paire (comme Tintin et Haddock ou Spirou et Fantasio) car cela permet une meilleure dynamique dans les relations.
Graphiquement, Hubinon gagne du galon ! Ses personnages sont maintenant nickels, sans défauts ! Malheureusement, ses décors sont trop épurés, voire même carrément absent, et ça manque. Surtout lorsqu'on constate que c'est toujours les mêmes cadrages qui reviennent... L'on pourra aussi noter des pages plus aérées grâce à un moins grand nombre de vignettes par page. C'est toujours aussi bavard, l'action en souffre parfois d'ailleurs (ellipsée au profit d'un petit résumé dialogué), mais un tel découpage est quand même déjà moins douloureux pour les orbites.
Bref, une narration parfois un peu molle, mais un contexte très intéressant ; un dessin qui manque de décors et d'action, mais un découpage plus aéré ; "Les trafiquants de la Mer Rouge" se lit agréablement, c'est un bon album, mais ça pourrait être mieux.