Une impression de "trop"

Pour ce deuxième album post-Peyo, je me suis facilement adapté au dessin d'Alain Maury, certes plus nerveux, mais encore relativement fidèle à celui du grand maître. Idem pour la couleur, qui a forcément beaucoup évolué après 25 ans d'arrêt de la série. Les dégradés et les tons dans l'ensemble plus contrastés me plaisent assez. Et, grand soulagement par rapport à l'album précédent, le nombre d'encadrés est très restreint dans "Les troubadours de Roc-à-Pic", ce qui nous permet d'éviter l'écueil des couleurs différentes.
En revanche, je trouve le scénario moins plaisant. Peut-être parce que Peyo lui-même avait pour ainsi dire épuisé les histoires de succession, où Johan et Pirlouit luttent pour remettre le véritable héritier sur un trône usurpé par un méchant membre de la famille. Ainsi Maximin me semble-t-il n'être qu'un Hugues, Odd, Enguerran ou Jean de plus. Mais avec Peyo, chacune de ces histoires se démarquait par un certain nombre de bonnes idées et de rebondissements, qui manquent cruellement ici. L'album traîne en longueur à cause d'une trop grande linéarité, d'autant que l'aspect comique est essentiellement basé sur le même gag filé, où Pirlouit brise sont instrument toutes les trois pages. (Notons tout de même, à la page 16, une utilisation du personnage du roi cette fois digne de Peyo.)
Il s'agit également de l'album le plus violent de la série, puisqu'on ne cesse de passer de bagarre en échauffourée. Ce fait, ajouté à un trop grand nombre de nouveaux personnages (deux trios, celui des malandrins étant en quelque sorte opposé à celui des troubadours), donne une légère impression de "trop" à la lecture de l'album.
En bref, cette simplicité scénaristique et toutes ces scènes d'action plaisent certainement au jeune lectorat, mais l'album lui-même vient confirmer le lieu commun préféré des puristes, c'est-à-dire qu'une série culte ne peut que baisser à sa reprise.