Bien servi par un dessin et une couleur de très bonnes factures, "La palette et l'épée" a le mérite de faire revisiter aux amateurs d'histoire de l'art un bon nombres des célèbres toiles du Caravage. L'angle abordé, celui de la réalisation des œuvres et des séances de pose, est intéressement traité. Et sans aller jusqu'à la comparaison que propose la préface entre un auteur de bande dessinée et un grand maître dont le travail a survécu à quatre siècles d'histoire, il va sans dire que le talent de Milo Manara est indéniable. Le crépuscule de la scène d'amorce est magnifique, le décor de la prison très fort, et les femmes sont d'une grande beauté.
Dommage en revanche qu'on n'aille pas vraiment plus loin dans le développement de la psychologie des personnages. Manara accorde une grande place à l'aspect "brutal" de son scénario, notamment avec cette idée du châtiment corporel subit par la femme qui revient avec récurrence, peut-être au détriment du reste. Cette obsession de l'auteur n'est pas inintéressante à mon goût mais peut-être amenée ici avec trop d'insistance. Je découvre en fin d'album que Milo Manara est également le dessinateur de "L'art de la fessée". Mais cet art a-t-il vraiment besoin d'être à ce point associé à celui du Caravage ?