Châteaux Bordeaux est une série intéressante sur plusieurs aspects. En même temps qu’elle offre un documentaire sur le monde viticole, elle conte au milieu des vignes bordelaises la saga familiale des Beaudricourt en la centrant autour du parcours de la cadette, Alexandra. Dès le premier tome, ma curiosité a été attisée par cette histoire se déroulant dans un univers qui m’est complètement étranger. Je me suis pris d’affection pour la jeune héroïne tout en prenant beaucoup de plaisir à découvrir le monde du vin et ses nombreux arcanes.
Le dernier épisode à apparaître en librairie est le septième. Il s’intitule Les vendanges. On découvre sur la couverture la jolie Alexandra au premier plan de ses vignes dans lesquelles s’affairent des saisonniers. Pour ceux qui ont suivi ses pérégrinations depuis le début, ils seront ravis de partager ce moment de l’aventure après avoir vu s’enchainer bon nombre d’épreuves depuis la reprise en main du domaine « Le Chêne courbe » par la jeune femme.
D’ailleurs, je me dois de préciser qu’il est indispensable, à mes yeux, d’avoir lu les six premiers opus avant d’entamer la lecture du dernier en date. Châteaux Bordeaux est une grande saga familiale et il m’apparaît compliqué de saisir tous les tenants et aboutissants évoqués dans cette lecture sans avoir des prérequis solides quant aux événements qui se sont succéder depuis le retour d’Alexandra dans la région. Pour résumer succinctement la trame générale, tout commence avec le décès du père de l’héroïne. Alexandra, jusqu’alors exilé aux Etats-Unis, revient donc en France pour la cérémonie et se voit donc confronter à la gestion de l’héritage avec ses deux frères. Ces derniers souhaitent vendre le domaine familial quand leur sœur y voit l’occasion de donner un nouveau sens à sa vie. Elle décide donc de se fixer un objectif : redonner ses lettres de noblesse à « Le Chêne courbe ». On suit donc au gré des tomes la découverte du milieu particulier de la viticulture et de l’œnologie dans les pas de la novice. Son projet s’avèrera loin d’être un long fleuve tranquille, bien au contraire !
Dans Les vendanges, la thématique de l’album est explicitée dans le titre. La partie documentaire nous permet de découvrir la gestion des saisonniers, les contraintes météorologiques ou encore les carcans légaux qui accompagnent une activité que l’inculte, que je suis, pourrait percevoir comme consistant uniquement à ramasser des grappes de raisin sur des pieds de vignes. Comme toujours, j’ai appris beaucoup de choses et il faut reconnaître la densité du travail de recherche effectué par le scénariste, Eric Corbeyran. D’ailleurs, il conclut l’écriture de cet ouvrage par une liste de remerciement non négligeable.
Concernant le devenir d’Alexandra, il ne s’agit pas du tome le plus intense. Les gentils et les méchants sont maintenant clairement identifiés. Cela diminue l’effet de surprise et rend ainsi plus prévisible certains rebondissements. Cet aspect était inéluctable quand on suit des personnages depuis des années. Néanmoins, cela n’a pas gâché le plaisir que j’ai ressenti de retrouver tout ce petit monde. Certaines zones d’ombre tendent à être éclairées et j’ai apprécié de voir que l’héroïne va pouvoir rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui ont voué sa perte depuis le début. La narration ronronne parfois un petit peu mais n’empêche pas Alexandra de rencontrer de nouveaux problèmes tels que l’impossibilité potentielle que son vin obtienne son AOC… Le scénario est bien construit et arrive assez bien à alterner fiction et pédagogie sans jamais être trop bavard. C’est une performance à signaler.
Tout ce petit monde est mis en illustration par Espé. Sans être un grand fan de son trait, je dois reconnaître qu’il fournit un travail de qualité. Les personnages possèdent une vraie identité qui leur permet d’exister sans mal. De plus, la précision des lieux et des décors facilite l’immersion dans l’univers de la série et participe activement à la richesse didactique de l’ouvrage.
Pour conclure, Les vendanges poursuit avec réussite la saga Châteaux Bordeaux. J’ai passé un moment agréable en découvrant les nouvelles aventures de la plus jeune des Beaudricourt. Il s’agit d’un album qu’on lit avec plaisir, qu’on peut oublier rapidement mais qu’on redécouvrira à l’occasion avec joie…
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