On m'a donné la possibilité de m'exprimer, comme disait Gilles Deleuze
de parler à la place de ceux qui n'ont pas la possibilité.
Edmond Baudoin, France Culture, juin 2021
Une démarche introspective peut-elle être facilement partagée ?
A la question, le scénariste et dessinateur Edmond Baudoin répond "oui".
Il le fait même par devoir.
La BD Les Fleurs de cimetière propose donc à la fois :
- des pensées très personnelles de l'artiste,
- des ouvertures qui ont vocation à parler à autrui.
Pour en apprendre plus sur sa démarche, je renvoie à la très intéressante émission France Culture de juin 2021 dans laquelle l'auteur témoigne.
J'ai été moins convaincu par l'ouvrage.
- Premièrement (cqfd) car le chaos ou le fouillis noie un peu les messages de l'ensemble. De quoi Edmond a-t-il peur ? De la mort ? Quel enseignement du fait qu'il ait eu 5 enfants et moult amantes ?
- Secondement (cqfd bis), les réflexions - l'inabouti par exemple - sont intéressantes et ambitieuses. Mais émotionnellement il n'est pas aisé d'entrer dedans. Et surtout de prolonger le cheminement pour que le lecteur puisse en tirer sa propre conclusion.
Bien sûr l'ouvrage impressionne.
- 280 pages,
- une culture et des liens vers d'autres formes d'art,
- des dessins en noir et blanc pour la plupart de style divers (même si majoritairement réalisés au pinceau),
- des séquences très belles (succession de dessins d'arbres, dialogue existentialiste sur plage..)...
Mais la complexité est double :
- passer outre la narration décousue, faite de textes parfois dignes d'un poème en prose, d'un essai philosophique ou de la retranscription du café du commerce,
- apprécier les dessins focalisés sur Edmond, le sexe et le rapport au temps ; et dont l'enchainement et le style sont parfois aussi décousus que le fil global du livre.
Bref à titre personnel je ne suis pas entré dans ce livre ambitieux à cause :
- d'un contenu trop intimiste et dans lequel je n'ai pas retrouvé d'archétype évocateur,
- du fil narratif qui m'a donné l'impression de visiter une rétrospective mal rangée.