Dans un lieu complètement à l’écart, situé dans une région désolée constituée de rocailles et de petits vallons à l’infini, un homme vit retiré du monde, dans une maison isolée, entouré de ses souvenirs. On remarque notamment plusieurs portraits avec une femme, des livres et un fétiche. Malgré son physique décharné au profil d’oiseau renforcé à l’occasion par la pipe qu’il affectionne de fumer, l’homme ne doit faire guère plus de 50-55 ans. De plus, il s’habille avec soin, chemise et cravate, moustache élégante. Habitué à la côtoyer, il ne craint plus la mort. Alors, quand celle-ci réussit à le faire tomber alors qu’il venait de se percher en périlleuse situation, miraculé, il l’invite à s’asseoir sur le divan pour une petite séance.
Qui est le plus las, du mort ou du vivant ? La mort, sans doute ! Même quand elle fait preuve de sentimentalisme, le destin s’en mêle pour contrarier ses plans qui lui permettaient de s’amuser un peu, de faire preuve de facétie. Tandis que l’homme sait que la mort l’attend. Ses proches y sont passés avant lui. La seule présence qu’il tolère est celle de son chat, animal indépendant par nature.
La mort a bien une héritière, une gamine facétieuse elle aussi, mais totalement inconsciente de ses pouvoirs. Elle ne pense qu’à batifoler, fascinée par la faune et la flore. Quel avenir pour l’ordre des choses ?
Dans un format italien (15,5 x 21,6 cm), essentiellement en noir et blanc, avec quelques touches colorées (la couleur de la mort), l’américain Nicholas Gurewitch (connu pour The Perry Bible fellowship) livre un petit album (46 pages non numérotées) qui charme par le soin apporté au dessin (technique de la carte à gratter) occupant toute la page (voire une double), son aspect mystérieux renforcé par l’absence totale de dialogue. Tout est dans les détails, qu’on repère et interprète en reprenant l’ensemble plusieurs fois. Réflexion ironique et minimaliste sur les rapports entre la vie et la mort, la condition humaine, il semblerait que l’album paru chez nous en juillet 2018 aux éditions Lapin soit une variation de l’édition originale américaine publiée sous le titre Notes on a case of melancholia.