Mimic Royal Princess, un titre qui aura connu quelques remous avant d’arriver enfin en France. En effet, de nombreux reports ont eu lieu concernant ce titre mais il est enfin là et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, voilà qu’en plus le titre a repris au Japon. Ce qui laisse à penser que le rythme devrait être assez régulier.
Mimic Royal Princess offre un début plutôt sympathique mais qui, pour moi, a besoin d’en dévoiler plus et de s’étoffer plus. J’ai apprécié ma lecture mais j’ai trouvé que certains éléments n’étaient pas totalement adroits. Dans tous les cas, l’univers planté est assez intéressant puisqu’on évolue au cœur d’un royaume fictif où très vite le personnage principal va découvrir qu’il y a bien des zones d’ombre. Ce cadre est d’ailleurs plutôt bien présenté : le château, les costumes des personnages ou encore l’univers de la cour sont des éléments qui permettent de nous immerger très facilement dans l’ambiance. Cet aspect est renforcé par une architecture qui pourrait parfois rappeler l’époque médiévale. Mais à la différence de cette période où le rôle de la femme était totalement amoindri par opposition à celui de l’homme, l’intrigue nous présente un royaume où ce sont les femmes qui détiennent le pouvoir. Et elles le font sans le partager. Ainsi, on découvre que la loi est telle que les hommes sont clairement dénigrés ou bien sous le joug de marchands d’esclaves peu scrupuleux s’ils sont attrapés. Ce parti-pris m’a semblé intéressant car on n’a pas très souvent ce cas de figure (et cela ne concerne pas que les mangas d’ailleurs). Les pistes paraissent donc assez intrigantes dès le départ même si on a l’impression qu’il y a encore du potentiel peu exploité.
C’est dans cet univers que l’on va découvrir le jeune Albert. Jeune garçon de 12 ou 13 ans (j’ai oublié), il mène une vie aventureuse aux côtés de son meilleur ami : Théodore. Ce qui n’est pas sans susciter quelques inquiétudes chez Martha, une bonne dame qui l’a recueilli et qui lui exhorte de manière permanente de faire attention avec tous ces marchands d’esclaves. Bien qu’il la fasse quelque peu tourner en bourrique, le jeune garçon possède un bon fond. Mais il n’en fait qu’à sa tête. C’est justement ce point qui va amener le tournant du récit puisque avec la capture par une marchande dans un premier temps et ensuite la récupération par une jeune fille et l’homme à son service. Mais la surprise sera encore plus grande quand Albert apprendra la raison pour laquelle elle l’a choisi.
Il est vrai qu’avec le synopsis, on s’attend à voir beaucoup de travestissement dans le titre. Et si vous êtes un peu récalcitrants face à cette thématique, je doute que vous appréciiez. Le début joue d’ailleurs beaucoup là-dessus avec un Albert refusant cette responsabilité, Léo (le serviteur) assez délirant voire obsessionnel quand il parle de la princesse ou encore les nombreux délires autour de l’ambiguïté d’Albert qui aime pourtant afficher qu’il est bien un garçon. C’est un humour un peu particulier quand même. Je ne sais pas si tout le monde sera réceptif. On appréciera néanmoins le fait que cela reste assez léger. Il y a quelques moments maladroits (les scènes où Albert soulève sa robe sont sans plus pour moi) mais l’ensemble n’est pas trop lourd pour autant.
Mais l’intrigue ne fait pas que dans le ton badin. Tout doucement, les scénaristes intègrent ce qui devrait être le ciment du titre : cette ressemblance frappante entre Alexia et Albert et plus loin, cette inégalité entre les hommes et les femmes. Il ne faut pas s’y tromper, quelque chose de plus sombre règne dans ce titre. Cela est d’abord visible avec le poids important qui pèse sur les épaules d’Alexia. Si elle peut paraître un peu rigide au premier abord, on finit par découvrir une jeune fille éprise de liberté et qui aimerait voler de ses propres ailes. Pourtant, c’est avec beaucoup de patience qu’elle supporte l’intransigeance de sa mère (la Reine) et qu’elle accepte presque sa destinée : celle d’être une héritière dont le rôle se limite surtout à donner naissance à de futures générations de femmes. Car oui, comme cela a été mentionné, les femmes sont très importantes dans cet univers, mais alors qu’advient-il des garçons nés auparavant ? On apprend rapidement qu’il y en a eu, mais on ne nous donne pas réellement d’informations sur ce qu’ils sont advenus. Toutefois, cet élément troublant associé aux quelques indices autour de la reine ne manquent pas de nous interroger. Par ailleurs, Alexia doit aussi faire face à de nombreux complots qui visent à l’évincer : que ce soit à l’intérieur même de son royaume ou à l’extérieur avec quelques royaumes voisins, la menace semble partout.
Tout cela rend Albert quelque peu dubitatif mais il n’est pas encore assez mature pour se rendre compte que les enjeux sont bien plus importants qu’il n’y paraît. Dans tous les cas, on verra le jeune garçon s’habituer à cette nouvelle vie et tisser peu à peu une relation de confiance avec la princesse Alexia à qui il fait découvrir la réalité du peuple. Très vite, on voit un changement s’opérer aussi bien chez la jeune fille qui sent en elle l’envie de refonder son royaume de manière égalitaire et chez le jeune garçon qui se rend de la vie très contraignante de la princesse.
On a l’impression que l’ensemble se lit bien, même si quelques passages m’ont semblé un peu fastidieux. Toutefois, on a suffisamment d’éléments pour avoir envie de lire d’autant que la fin offre un évènement brutal (bien qu’en y réfléchissant, on pouvait peut-être le soupçonner) qui permet de faire comprendre que définitivement, on n’évoluera pas dans un univers tranquille. Cette manière s’avère très judicieuse puisque l’histoire est clairement relancée. Ajoutons à cela que le petit laps de temps qui s’écoule ne fait que renforcer notre intérêt. Toutefois, bien que j’aie trouvé ce point pertinent, j’ai quelque peu regretté le cheminement. J’avais l’impression que tout était aisé à prévoir d’une certaine façon, même le retour d’un autre personnage. J’ai également trouvé que derrière le laps de temps, l’évolution physique des personnages était un peu décalée quand on les voit avant. La différence m’a semblé grande, mais c’est peut-être une simple perception.
Du côté des graphismes, on connaissait déjà le talent de la mangaka dans Devil’s and Realist. Ici, on a un trait très clair et des dessins assez fournis au niveau des détails. J’ai plutôt apprécié.
Pour terminer, ce premier volume offre une introduction relativement convaincante avec un bouleversement majeur qui parvient à capter l’attention. Néanmoins, le titre a quand même besoin d’affirmer quelques points.