[CONCOURS] La différence, elle te tue à petits... coups

Concours et chronique sur : http://branchesculture.com/2017/02/06/they-re-not-like-us-comics-eric-stephenson-simon-gane-pouvoirs-exclusion-difference/


Des adulescents pourvus de pouvoirs et dépourvus un peu plus d'humanité mais vont s'associer pour mieux se soutenir, il y en a eu pas mal depuis les X-Men. Pourtant, le genre n'est pas épuisé pour autant. La preuve avec They're not like us d'Eric Stephenson, Simon Gane et Jordie Bellaire paru chez Image Comics et désormais traduit aux Éditions Jungle. Une série qui prend le contre-pied du "pouvoir qui implique de grandes responsabilités" et explore ses facettes criminelles. (Gagnez-en un exemplaire en fin d'article)


Résumé de l'éditeur : C’est décidé, c’est aujourd’hui que « Syd » mettra fin à ses jours. Elle n’en peut plus d’entendre toutes ces voix dans sa tête, de ressentir toutes les émotions de la foule… Elle recherche le silence, la paix, et l’unique moyen de l’obtenir est de sauter du haut de cet immeuble.
Mais Syd n’est pas folle, elle est juste télépathe. Et comme d’autres, elle doit apprendre à contrôler ses pouvoirs. C’est pour cette raison que le mystérieux La Voix apparaît devant elle et lui propose de rejoindre sa communauté secrète. Alors qu’elle s’imaginait utiliser ses dons pour faire le bien, Syd réalisera vite que ses camarades ont une tout autre manière de vivre : mensonges, agressions, vols et meurtres. Si elle veut rester parmi eux, Syd devra faire un choix décisif et irréversible. Mais pourquoi vivre dans l’excès et la violence ? Parce qu’ils le peuvent !


Parce que dans "télépathe", il y a "pathos", la souffrance; They're not like us n'est pas l'exemple même du comics dans lequel le bien affronte le mal à grands coups de vannes, comme Spiderman. They're not like us, c'est la torture faite homme ou... monstre. Car si Syd, Fagen, Wire, Maisie, Blurgirl et les autres sont, en apparence, des hommes et des femmes comme les autres, tout ce qu'il y a de plus normal, c'est à l'intérieur que réside le don et le mal. Un indéniable quelque chose en plus qui fait d'eux des personnes à part, différentes, à craindre et à éloigner. Au XXIème siècle, la différence fait toujours aussi peur et cela se traduit par des relations conflictuelles avec les parents, une position à l'ombre du monde mais aussi par un sentiment plus fort que... la vie. Mortels desseins.


Alors que Syd aspirait à la mort comme ultime remède à toutes ces voix qui hantaient le silence tant regretté de sa tête, elle va être aspirée dans un groupe de gens semblables à elle qui unissent leurs différences en force commune et ont oublié leur propre nom pour mieux entrer dans cette communauté restreinte. Il y Fagen, le pyro-cinétique, Wire, agile et invulnérable comme un chat; Runt, fort et adroit comme un diable; Blurgirl, la vitesse faite femme; Misery Kid, l'empathe; Gruff, muet mais télépathe; Maisie, la devineresse; Moon, la créatrice d'illusion et... La voix, le leader de ce groupe aux capacités redoutables. Pourtant, au-delà du réconfort procuré par ce groupe, Syd va très vite comprendre qu'elle va devoir faire des concessions, morales notamment, et que ce manoir de "tous les possibles" est sans doute plus une prison qu'autre chose. D'autant que l'emprise de La Voix ne semble pas être la chose la plus souhaitable, d'autant plus qu'elle se perd dans la violence et la vengeance gratuites. À commencer par l'élimination des parents de Syd!


Construit plus sur les dialogues entre les personnages principaux, They're not like us épargne finalement l'action au profit de l'impact de celle-ci. Ainsi quand elle survient, c'est comme un uppercut inévitable. Et si la première partie du récit a tendance à nous laisser un peu en dilettante nous, c'est à partir des premières révélations que les auteurs suscitent bien plus que notre intérêt. Audacieux et conscients de l'influence qu'exerce La Voix sur eux, Stephenson et Gane n'hésitent pas non plus à mettre leurs héros face à leurs invraisemblances. Et c'est là que They're not like us devient intéressant, remettant les compteurs à zéro et ouvrant la porte vers un peu plus de noirceur. On a bien fait de s'accrocher même si rien ne dit que le bien triomphera, pour une fois. Et ça, ce n'est pas du Bécaud.

Créée

le 7 févr. 2017

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