Enorme surprise que cette dixième aventure de Jonathan le baroudeur suisse fasciné par le massif himalayen. Changement de décor avec un thriller américain. Fini le thé au beurre et bienvenue au pays du cheeseburger. Une évolution somme toute logique, tant l’absence de Kate pesait depuis son retour chez elle à la fin du septième album. Il a fallu des années à Jonathan (et la découverte du continent américain par Cosey) pour tourner son regard vers le nouveau continent. Un courrier de Mrs. Henderson avec le billet d’avion offert a bien aidé ce déplacement de Jonathan. Mrs.Henderson n’est autre que la mère de Kate. La raison de son appel du pied ? Mystère. Mais comment Jonathan aurait-il pu y résister ?

Le scénario est très travaillé, avec une histoire familiale à rebondissements et une enquête menée par Phil Dixfield, un privé qui rappelle fortement quelques figures des romans noirs venus d’Amérique et leurs adaptations cinématographiques. Cosey joue avec quelques références bien connues, comme « Le lauréat » film de Mike Nichols, « Jonathan Livingstone le goéland » qu’on sentait venir depuis longtemps, mais aussi « Taxi driver » de Scorsese pour le taxi (yellow cab) et Michael Jackson dont un des personnages est le sosie qui se balade avec son radio-cassette sur l’épaule. L’album est également une plongée dans les villes américaines et leur ambiance typique. C’est à New York que Jonathan débarque. Mais c’est un plan de la ville de Boston qu’utilise Kate pour lui délivrer un mystérieux message d’urgence. L’intrigue nous mène également vers Los Angeles ainsi que vers quelques paysages désertiques.

Jonathan finit par retrouver Kate et c’est un pur moment de bonheur, pour lui comme pour le lecteur. Mais ce n’est évidemment pas aussi simple que ça. Il y a une sombre histoire de famille à démêler. Autant prévenir le lecteur éventuel que Cosey s’est senti un peu à l’étroit dans le cadre d’une histoire au format classique de la BD franco-belge, car cet album, le dixième de la série, n’est que le premier volet d’un diptyque.

Le scénario est bien élaboré et ménage un vrai suspense et des retournements de situations surprenants. On ne sent que progressivement certains tenants et aboutissants entre les personnages.

La série change-t-elle d’âme avec l’arrivée aux USA ? Pas du tout, Cosey crée immédiatement une ambiance parfaitement crédible et prenante, avec un préambule en 5 planches (d’abord sans dialogue, dans le métro New-Yorkais) qui montre la rencontre entre Jonathan et Phil Dixfield. Les retrouvailles avec Kate renouvellent l’inspiration de Cosey qui nous gratifie de superbes dessins. De plus, on sent rapidement qu’il a une vraie histoire complexe à nous présenter. Pour cela, il met son talent de conteur et d’artiste de la BD pour embarquer le lecteur. Les planches sont une nouvelle fois une merveille d’organisation au service de la narration. Et les couleurs américaines, bien que différentes de celles des contrées himalayennes, sont bien rendues, que ce soit dans les ambiances nocturnes avec éclairages artificiels que dans les paysages urbains denses ou les grands espaces. Le seul bémol viendrait plutôt des traits de certains personnages parfois trop près de l’esquisse. Quelques traits d’humour inattendus, comme avec le serveur du bar où Jonathan rencontre Phil Dixie.
Bref, l’album fournit quelques éléments clés et quelques pistes. On flaire quelques embrouilles, sans savoir comment tout va s’enchaîner. Cosey suggère de lire l’album en écoutant « American garage » de Pat Metheny group, ainsi que « 461, Ocean Boulevard » d’Eric Clapton. Pour ma part, j’ai trouvé assez adapté d’écouter « Mrs. Robinson » de Simon and Garfunkel.
Electron
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le 28 févr. 2013

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