A Palomar City, toutes les femmes sont superbes, et aussi complètement folles, mais de cette folie qui confine à une infinie sagesse. A Palomar City, tous les hommes ne sont guère que de misérables créatures condamnées à ramper aux pieds de ces femmes magnifiques. C'est dire combien Palomar City est la métaphore absolue d'une humanité aussi balottée par ses désirs sexuels torrides que dévastée par son incapacité essentielle à aimer. Palomar City, au cœur d'un Mexique aussi primitif et miséreux qu'éternel, ressemble beaucoup à la Colombie magique et torride des "Cent Ans de Solitude" de Garcia Marquez (une référence explicitement citée, qui, assez incroyablement, n'écrase jamais l'inspiration de Hernandez, c'est dire à quelles hauteurs on se trouve ici). "Palomar City" a été écrit, dessiné en 1985, au sein de l'équipe "Love and Rockets", et la seule chose qui vienne à l'esprit en ressortant de cette épopée chorale aussi dérisoire que magnifique, aussi drôle que déchirante, c'est : "Comment a-t-on pu ignorer aussi longtemps un tel chef d’œuvre ?".