Quand je pense que je n'aimais pas Seth il y a quelques années (en feuilletant quelques pages, j'avais décrété que c'était mauvais) et maintenant j'ne suis à mon deuxième album et j'aime vraiment bien. Problème, il y a une suite à cet album que je n'ai pas, j'espère que je le trouverai bientôt.
Les deux histoires sont intéressantes. Seth nous parle de son adolescence. Ce qui est drôle c'est que j'avais une perception de lui totalement différente au travers des œuvres de Chester Brown et Joe Matt, perception qui doit être réaliste ; disons que le bougre a bien changé en vieillissant. Mais bon finalement, le look et l'attitude qu'il a aujourd'hui font partie d'un personnage tout comme ses anciens looks faisaient partie d'autres personnages : il reste donc sur la même logique, c'est juste que son excentricité est plus discrète, moins sauvage. Pour en revenir aux histoires, elles sont bien narrées ; il ne se passe pas grand chose, mais Seth parvient toujours à se montrer intéressant et puis surtout son histoire parle de la société à l'instar d'un "American Splendor" ou des petites frustrations de la vie. C'est un peu nombriliste, mais il parvient à trouver écho chez le lecteur, le message étant universel.
Après, ça reste de petites histoires, j'ai beau aimer, il me manque un côté plus poussé. Je pense que ça vient de ses personnages qui manquent un peu trop de passion et de vie. Enfin, ils en otn un peu, mais pas assez... ou bien ils en ont trop... En fait, Seth est pile poil entre l'hypersensible Joe Math et l'apathique Chester Brown. Donc il reste, pour l'instant, le moins intéressant pour moi, car le moins radical, mais j'apprécie tout de même cet univers, ce style.
Le graphisme de Seth est très proche d'un dessin publicitaire d'antan. C'est plaisant. Ça manque peut-être de rigueur par moment, mais ça ne dénote pas pour autant, au contraire, Seth aprvient à rendre homogène ses planches. Je ne suis pas fan des halos autour des personnages, mais Seth les utilise ici à bon escient, et en plus il fait des gros halos, il n'essaie donc pas de les cacher, ça fonctionne mieux (et le contour n'est pas net) que les halos tout fins que l'on trouve habituellement. Les décors sont très épurés, Seth y plaçant les éléments nécessaires pour rendre une scène vivante ou une composition équilibrée.
J'aime beaucoup le découpage : c'est contemplatif, rythmé, Seth prend son temps pour raconter et offre de belles scènes. Son album se lit très vite, très facilement (quoique la deuxième histoire est un peu plus compliquée au début à cause des nombreux personnages, mais une fois qu'on les a bien en tête ça passe tout seul). L'action est bien rendue et j'aime beaucoup aussi la manière dont il passe d'une scène à l'autre (y compris avec le souvenir à la fin).
Les aplats de gris ne sont pas inintéressants : ils permettent de rythmer les pages mais aussi d'amener une nuance et ainsi d'approfondir son dessin. S'il n'y avait eu que du noir et blanc, il aurait manqué un petit quelque chose (dont on aurait pu se passer, c'est vrai). Pourtant, ses aplats sont très discrets mais ils apportent définitivement un petit quelque chose de non négligeable.
Bref, c'était chouette comme tout.