C'est l'histoire d'un stagiaire graphiste qui arrive dans une entreprise. Il est mal considéré, exploité, il est l'ouvrier bouche-trou du 21ème siècle. Dans l'espace. (et avec une BO).
S'ouvrant comme une satire sociale, l'intrigue interne devient plus classique avec ses rivalités et ses jalousies, et se pose peu à peu la question de la folie ambiante qui semble animer tous ceux que le stagiaire croise. On rit souvent, très jaune. Cela est trop réaliste dans son irréalisme, de plus en plus dérangeant. Le trait d'Erwann Surcouf fait d'ailleurs mouche : son côté tremblant participe à cet inquiétant décalage en délirant sur cette science-fiction désuète, là où le texte pourrait vraiment sortir d'un micro-enregistreur placé dans une entreprise française. On change quelques mots et tout y est : la sous-couche administrative que personne ne comprend, l'esprit et les soirées corporate ringardes ou le côté usine à gaz aux ordres d'un conseil d'administration tout puissant. Il y a des gens intelligents, il y a des beaufs complets, il y a une xénophobie et un racisme latent, et tout ce petit monde vogue vers un mur de brique. Cosmique, le mur. On est dans l'espace.